Jeûne en partage

“Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ?
N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable.” 
Isaïe 58, 6-7

Il y a de ces jolis instants grâce au Carême.
Ça s’est passé hier mais c’est la première Lecture de ce jour qui met le moment en lumière. C’est vrai que je n’ai pas songé à vous le dire encore: les lectures quotidiennes de la Bible, ancien ou nouveau testament, en plus d’éclairer nos vies, ont parfois souvent le chic de faire résonner autrement une petite heure grappillée au temps.
C’était hier donc et en vrai, ça n’a pas duré une heure.
Non. Juste un petit quart d’heure de récréation pas très loin de la salle des profs. Je suis allée à la cantine pour confirmer que je n’y mangerai plus les vendredis jusqu’à Pâques, les cuisinières sont habituées, elles sourient tout le temps et celles qui prennent encore le temps de nous préparer des plats-pas-tout-préparés ajoutent toujours un “pas de soucis, prends soin de toi quand même“.

Elle était là aussi je ne sais pour quelle raison.
Elle est nouvelle depuis la rentrée, on se connaît un peu mais pas trop.
Elle m’a entendue.

Nous sommes retournées toutes les deux vers la salle des profs et au milieu des escaliers elle a osé un “c’est à cause du Carême que tu ne manges pas demain ?”
Alors je lui ai raconté ce que d’habitude je ne raconte pas trop au collège.

– Si, je mange. Je ne jeûne pas. C’est quelque chose que je n’arrive pas à faire surtout dans une journée très chargée. En revanche, je prépare un petit pique-nique et je file à l’abbaye, une chance – presque inouïe – de la savoir là, à 15 minutes à peine. Voilà. Je partage mon repas avec un petit coin de nature, avec de la lecture, pas mal avec Dieu, et de temps en temps avec une amie que j’invite. Demain, je commence avec Dieu. La semaine prochaine, une vieille amie de passage. Ensuite, on verra. J’aime bien ne pas tout prévoir.

Elle a souri.

– Moi, je jeûne aussi le vendredi. Mais en vrai, je veux dire… je ne mange pas. J’aimerais bien partager le troisième vendredi avec toi, si tu veux bien, à l’abbaye…

Elle n’est pas catholique, elle n’est pas pratiquante, le jeûne c’est son “truc santé”. Elle m’a expliqué rapidement.
En vrai, je m’en fiche un peu, non pas de ce qu’elle est mais de ce que signifie le jeûne pour elle.
Je suis heureuse d’avoir osé lui raconter et cette belle rencontre à venir me redonne un peu d’élan pour oser. Parce que le jeûne qui me plaît, c’est un jeûne en partage!

Il y a de ces jolis instants de grâce au Carême.  Qu’il soit pour nous l’occasion de vivre des moments pour oser partager, même les toutes petites et jolies choses de nos quotidiens.  😉

 

 

2 réflexions au sujet de « Jeûne en partage »

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