Le soleil timide

Le soleil timide m’a réveillée.
J’aime bien m’endormir en regardant le ciel, compter les étoiles parfois, inventer des histoires pour là-haut en faisant semblant d’oublier de fermer les volets.

Le soleil timide m’a réveillé.
J’ai descendu les escaliers pieds nus. Le cœur un peu plus léger.
Tu sais ça va ensemble le doux des pieds nus sur le bois des escaliers et le cœur qui redevient léger. Comme lorsque j’étais petite, c’est étrange ce temps qui file et qui au fond ne nous change jamais vraiment.

Le soleil timide, le café.
J’aime toujours la cuisine au matin, ses musiques surtout. Le bol qui s’échappe de la pile en caressant les autres peaux de faïence, la cuillère qui sort du tiroir comme un secret, la musique du jardin déjà bavard, la chanson gardée d’un vieil album qui revient aux lèvres et puis, le café qui coule, gouttes, douces gouttes .

 

Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés,
vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Le soleil timide, ma Bible.
C’est drôle de lire “nouveau”. Je souris. Ils ne sont pas nouveaux ses mots. Je les entends depuis le début de ma vie, presque. Je n’y comprends pas toujours grand chose pourtant. Et j’aimerais tellement, j’ai aimé si souvent, je veux aimer encore. C’est comme si tous les malgrés emplissaient les petits espaces entre les mille et un ratés. Parce que la vie s’acharne à vouloir être jolie, à être aimée malgré nous.

Le soleil timide, la messe. On est prêts. Ce dimanche, nous quittons notre ville pour le village d’à côté. La paroisse en fête une fois de plus pour la première communion de ses enfants. 24 autres après les 56 de la semaine dernière. On compte mais je m’en fiche des chiffres en vrai. Ils sont là. C’est l’essentiel.

Le soleil timide, sur le parvis. Des mercis, des sourires, ce merci. Une maman, les yeux qui brillent. J’aime tant leur dire mon amour de Jésus. J’aime surtout les voir être là ceux qui ne viennent jamais, ceux qui sont à mille lieues de Dieu et aujourd’hui si près. Peut-être qu’Il peut les toucher, juste là, Sa main sur leur épaule. Va.

Le soleil timide, notre déjeuner. C’est lui qui cuisine, c’est bon. Petite Marie a terminé son année d’étude, déjà. La savoir là, parler de nos vies, penser aux grands, préparer de belles vacances. Réunis. Mesurer l’amour à l’aune de ce que nous avons construit.

Le soleil timide semble se réveiller.
Attraper les chaussures de marche, poser la musique sur mes oreilles, glisser ma main dans la sienne.
Filer.
Vers un bord de Loire qui fera défiler mes petites prières, en longs rubans dorés.

 

Le monde a tellement de regrets, tellement de choses qu’on promet.
Ton commandement pourtant.
L’amour comme s’il en pleuvait, aimer, mon unique projet.

2 réflexions au sujet de « Le soleil timide »

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