De nos mains (6)

Pour ce Carême, je viens vous raconter des mains…les miennes, les nôtres, les vôtres, et, à venir cette semaine, de “belles” mains que j’ai rencontrées ou que je croise encore…

 

Les mains de Maryvonne

 

Il y a des mains qui me fascinent. À les regarder, j’ai, je crois, la même admiration que lorsque, petite, la bouche entrouverte et les yeux grand ouverts, je découvrais la magie des aventures sur grand écran, les images à couper le souffle et le surprenant des salles que l’on rendait obscures même aux heures les plus claires d’un mercredi après-midi.

Il y a ses mains qui me fascinent et je pourrais rester quelques longues minutes à les regarder sans rien dire.

Il y a ce léger bruit de fer des aiguilles qui s’entrechoquent doucement, c’est presque feutré, la laine qui semble défiler seule sur ses genoux, Maryvonne tricote.
Tout.
Elle est capable de tout faire avec deux aiguilles qui s’agitent et une pelote de laine. Moi, ça m’épate. Oui, vraiment. Sans ironie aucune, ce travail des mains qui créent un ouvrage, un bel ouvrage, me sidère. Peut-être que je pourrais avoir cette même admiration face aux mains du peintre, du sculpteur, de l’ébéniste. Oui, bien sûr. Mais ce qu’il y a en plus dans le tricot, c’est l’humble d’un travail fait de simplicité, d’ordinaire et même de quotidien. Qu’y a t’il d’admirable dans une écharpe, un pullover,  une couverture ? Qu’y a t’il de fascinant dans une maille à l’envers, une maille à l’endroit ?

Il y a ses dix doigts qui semblent savoir être exactement où il faut.

Sans que Maryvonne ait besoin de les regarder. Ils travaillent presque sans elle. D’ailleurs, Maryvonne, elle continue  à me raconter ses souvenirs. Eux, en revanche, ils se mélangent parfois. Sa mémoire lui joue des tours depuis quelques temps.
– Mais le spécialiste a dit qu’il fallait que je continue à raconter…et à jouer au scrabble aussi !
On fera une partie oui. Une petite partie parce que ça fatigue un peu de chercher des mots qui ne veulent plus revenir. Et puis, je servirai le café. Maryvonne reprendra son tricot là où elle l’avait laissé et sans même compter, ses doigts retrouveront le chemin. Maryvonne sourira.
– Tant que mes mains n’oublient pas, je suis vivante.

J’aime beaucoup les mains de Maryvonne. Quand je leur rends visite, elles me racontent sa vie. J’espère qu’elles vont me parler encore longtemps.

 

Bon mardi ! Que ce nouveau jour de Carême laisse vos mains faire ce qu’elles savent faire, simplement, et puissiez-vous regarder les mains autour, celles qui travaillent de mille et une façons, celles qui ne nous ressemblent pas aussi. Donnez à vos mains le temps de se reposer et de prier peut-être, avec l’évangile de ce jour:

Vous donc, priez ainsi :
Notre Père, qui es aux cieux…

       à demain

 

 

 

 

 

4 réflexions au sujet de « De nos mains (6) »

  1. Oh ces belles mains ! Nous on commence le carême avec des mains de maman qui prennent la température, rassuret remettent ou enlève la couverture. Des mains de maman obligé à envoyer des bisous qui volent et limiter les câlins pour tenir debout le temps que papa se rétablisse. Tibou a commencé la semaine dernière et apoline a suivi hier avec papa. Gabriel en petit combattant qu’il est resté debout tenir compagnie à maman.

    On vous embrasse tous de loin de nos petites et grandes mains qu’on lave et relave sans cesse 😁

  2. J’aime aussi beaucoup le tricot, et le travail de la laine feutrée. J’ai été très sensible à la lecture de ce billet Corine.
    J’aime le travail de toutes ces petites mains qui œuvrent sans bruit pour créer, tout en méditant sur la vie.
    Et parfois je me dis que la vie est comme un tricot : Il y a les mailles à l’endroit, mais aussi des mailles à l’envers. Il y a des mailles échappées mais on peut les reprendre, souvent …il y a des lignes de toutes les couleurs, des simples et des compliquées aussi. Des lignes vives et éclatantes, celles de notre enthousiasme, de nos joies et de nos espérances. Il y a aussi des lignes aux couleurs sombres comme celles de nos doutes, de chagrins, de la maladie. C’est avec toutes ces mailles, ces couleurs variées que notre tricot de la vie grandit, prend forme et réchauffe les cœurs. La vie, pour moi qui suis chrétienne, c’est un peu comme la réalisation d’un tricot avec plusieurs fils qui continuellement se tricotent ensemble : le fil de Jésus et le mien. Mon fil s’accroche au fil conducteur, celui de Jésus. Porté par le fil de Jésus, mon tricot s’enrichit du travail, des joies et de la peine de chacun.
    J’aime toutes ces petites mains qui tricotent la vie discrètement, sans éclat.

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