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Seizième soir

Peut-être bien que ce sont mes préférés. Mes santons préférés.
Ce n’est guère étonnant. Le maître d’école à la dictée sûrement, une fillette au livre toujours un peu trop gros pour elle, un petit au cartable en bandoulière. Bien sûr, ils ont un côté un peu désuet, l’allure démodée de mes jeunes années de classe. Tant pis, ils me ressemblent toujours.

Et je les aime particulièrement pendant cette dernière semaine de classe avant les vacances.
Il faut dire que j’ai besoin d’eux, vraiment. De la tranquille assurance du maître, de la sagesse fictive des enfants, de la presque douceur de leurs traits parce que les virus additionnés à la fatigue des uns et des autres, ça produit en ce moment une alchimie plutôt explosive au collège. Ce fut le cas ce lundi lors de certaines heures.
Et en même temps, assez bizarrement, au soir, dans la salle des profs, on sent que ça commence un peu à se détendre. – Allez, lundi de fait, plus que quatre jours ! On s’encourage, on s’apaise et ça fait du bien.

Oui, je les aime particulièrement pendant cette dernière semaine de classe avant les vacances. Je les ai placés tout près de l’étable d’ailleurs. Oh ! je sais, pas de meilleures places mais enfin, quand même, l’envie que mon petit professeur soit là, proche. Au premier rang même.
Il faut dire que mon métier depuis plus de 30 ans, je le fais peut-être bien grâce à un p’tit Jésus devenu grand qui enseignait aux foules. C’est mon visage du Seigneur préféré aussi, celui de l’enseignant. Et j’aime être proche de Lui quand j’entre dans une classe. Oh …ça ne me rend pas meilleure non, mais Il est là et parfois, Il m’a donné et me donne encore un (sacré) coup de main pour écouter, encourager mais aussi sévir s’il le faut. Il sait guider ma main quand j’écris des appréciations. Il sait être là.

Alors oui, ces santons qui me rappellent ma vie, je les aime tout comme mon amie Martine préfère l’infirmière, le vieux Jo son santon jardinier, Nicolas le boulanger sûrement, Mimi la fileuse de laine.
Peut-être bien qu’on pose un peu de nos visages, peut-être de nos âmes dans les personnages de nos crèches. Parfois.

Ce sont mes préférés. Mes santons préférés.
Ce n’est guère étonnant. Le maître d’école à la dictée sûrement, une fillette au livre toujours un peu trop gros pour elle, un petit au cartable en bandoulière.
Et cette semaine, ils vont encore davantage m’accompagner pour faire de cette dernière semaine au collège une beau temps malgré virus, fatigue et tout le reste.
Ils gardent Noël sous leurs petites blouses grises, c’est sûr, en paix, dans un coin de leur cœur.

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