J’ai marché les pieds dans l’eau, longtemps.
J’ai laissé mes pas s’enfoncer pendant que les vagues rampaient tout devant. Et j’ai marché encore. Il faisait trop froid pour se baigner mais les pieds nus à retenir la mer entre mes orteils ça c’était drôlement bien. J’ai remonté la plage, traversé le sable humide puis le sable sec, devenu frais avec le soir. Je tenais mes sandales dans une main, leurs brides semblaient danser au vent. Mes pieds aussi je crois. Puis ils ont ralenti sur la bande minérale juste avant l’escalier de bois qui ramène au bord du chemin. J’aurais pu remettre mes chaussures mais il y avait comme un jeu d’enfance à poser chaque pas doucement sur les reliefs, à trouver les plus lisses des galets, à appuyer lentement la pointe du pied puis la plante puis le talon pour avancer. Tu sais ça ne fait pas si mal, il suffit de prendre son temps. Puis les planches de bois douces et tièdes doucement grimpées, le sentier, là, oui là, il faut s’arrêter. Il y a un bout de rocher qui ressemble à un banc, à droite. Les fesses posées dessus depuis des générations ont même creusé comme un siège. D’une main, j’ai dépoussiéré les grains de sable sous mes pieds et glissé mes orteils dans les sandales.
J’ai repris la route, il y avait encore quelques petits grains, rien de bien méchant, c’était comme si je sentais sous mes pas un reste d’océan.
On est rentrés. J’ai quitté mes sandales et des petits grains de sable ont glissé sur le tapis. Il faudra aspirer demain matin.
Il y a eu le doux de la lecture qui m’attendait, celle allongée sur le dessus de lit, les pieds en l’air, croisés, à frotter doucement des petits grains collés encore à ma peau.
Et le matin est venu. Les grains de sable sont restés sur le tapis.
D’autres petits grains avaient eu le temps de se glisser dans les interstices de notre temps. Une urgence, puis une autre, de l’inquiétude, rien de si grave, les aléas de nos vies simplement.
Il faut rentrer.
On est revenus. J’ai repris la route, il y a des grains de sable, rien de bien méchant, ceux qui nous savent vivants et qui se glissent entre nos heures, celles qu’on avait prévues, et les retardent, et les bousculent, et les attristent, et les consolent.
C’est rien, ça ne fait pas si mal, il suffit de savoir le temps et le grain de ses heures.
Merci !… à force de nous faire croire que le bonheur c’est d’avoir une vie toute lisse alors que ce sont ses aspérités qui lui donnent le relief ! Merci pour tes grains de sable ! à très bientôt !
Merci !
@Ophé: pas faux…à bientôt!
@Marie: 🙂