Fichu temps, fichu froid, j’avais déjà rangé la laine de mes pullovers pour les fleurs des chemisiers tout légers, tout jolis, tout sourires même si on me répétait tu sais mars et ses giboulées et qu’on m’annonçait avril et son fil enfin le truc qui dit de ne pas se découvrir tu vois.
Fichu temps, fichu froid, j’avais attrapé une heure à un après-midi tout chaud il y a seulement quelques jours pour coller à mes fenêtres des primevères de printemps, jaunes et bleues, et au soleil déjà elles s’éclataient, rondes et belles, et voilà que maintenant, mes primevères bleues et jaunes, aux couleurs d’une paix que j’espère, elles grelottent.
Fichu temps, fichu froid, ma classe était bien fraîche ce soir pour recevoir à nouveau des parents. On s’est dit bonjour avec la météo histoire de commencer. On brisait un peu la glace à coup d’un c’était l’été il y a trois jours et nous revoilà en hiver. Puis on a regardé de près leurs deuxièmes trimestres. Et on s’est salués par un rentrez vite au chaud !
Fichu temps, fichu froid.
Soirée de rencontres terminée.
Voiture glacée.
Je démarre.
J’allume le chauffage.
Et la musique.
Sur mon pare-brise.
Trois petits flocons.
Ils dansent.
Sourire.
Et soudain, fichu temps, fichu froid, il neige. Trois flocons et c’est déjà beau.
Non pas les flocons, non. Il n’y en a jamais chez moi, presque jamais.
Non, ce qui est beau, c’est le sourire qui vient avec. L’espoir du joli qui se poserait doucement sur le paysage, pour une fois. De la neige en avril, pourquoi pas. On remettrait les pullovers, on sortirait les plaids et puis on rallumerait un feu. Peut-être que les routes seraient pas mal encombrées. Peut-être qu’on ne pourrait plus rouler. Une fin de semaine à rester au chaud de la maison. On pourrait faire des crêpes.
Et ce serait bien.
C’est rien ce temps. C’est tellement rien. Trois flocons et puis s’en vont. Et c’est beau.
Sourire.