Deuxième soir du deuxième jour
Tu sais, Joseph, c’est à toi que j’écris ce soir.
J’aurais aimé te parler mais je suis sans voix. Finalement, c’est bien que je t’écrive ici.
Ce matin, devant ma crèche, juste avant de partir, je t’ai souri. J’ai beaucoup souri d’ailleurs. À mes enfants en leur envoyant sur notre whatsapp mon petit mot d’Avent. Au collège, en arrivant parce que de toute façon quand on a la gorge qui tousse et la voix qui est prête à se casser, il reste les sourires. Devant les classes du matin, tout pareil.
Tu sais Joseph, c’est à toi que j’écris ce soir. Tout près de ma crèche. Sans voix.
Sans voix.
Mon amie collègue m’a dit qu’elle avait une mauvaise nouvelle à me dire.
C’était juste l’heure de déjeuner.
J’ai eu peur. Je me suis assise.
Une petite de ta classe de 6è vient de perdre son papa.
Tragiquement.
Sans voix.
Comment Joseph, toi qui avance guidant ta petite Marie, on peut comprendre ça, dis ?
Dis-moi.
Moi, je suis sans voix, dis-moi !
J’ai enchaîné les cours de l’après-midi. Le conseil de classe de ma classe de 6è.
Mécaniquement.
La voix brisée.
Je voulais écrire du joli pour l’Avent, devant ma crèche.
Pardon Joseph, j’écris la vie.
Brutale, injuste, révoltante.
Je n’ai plus de voix pour te prier, toi.
Mais je te demande de garder ce papa au royaume des papas, tu vas savoir.
Ma douce crèche, mon grand Joseph, ma petite prière.
à demain