Quatorzième soir
Ce qu’il y a d’assez joli dans une crèche avec tout plein de santons, c’est la vie de ces petits bonshommes qu’on regarde comme la vie des gens autour.
Parfois, on dirait presque que la crèche est le prétexte. Et le village de santons provençaux comme celui de ma petite bretonne, le centre.
Chez moi, les musiciens sont au biniou, la boulangère porte des galettes de blé noir au côté de son boulanger de mari qui range des sacs de farine. La bigoudène enceinte papote avec ses amies entourées de leurs petits. Une bretonne aux cheveux gris file sa laine et un peu plus loin des marins rentrent au port. Le maître d’école raconte sans doute les fées de l’île de Loc’h, peut-être les landes où l’Ankou sévit encore. Même mon berger trimballe un triskell sur sa besace. On respire le vent du large qui souffle. J’entends les vagues au large.
Que Bethléem est loin.
Et c’est sans doute cela que j’aime dans nos crèches.
Dieu qui vient dans mes paysages comme dans ma vie. Je crois que mes amis du sud aime Dieu dans leurs cigales, leur ravi et le soleil de leur terre qui chante. Moi, je l’aime dans mes souvenirs de granit, de Kornog qui souffle et de chants de marins.
Oui Bethléem est loin. La terre d’Israël encore bien davantage.
Et Lui, loin d’être étranger à nos chemins, nos maisons, nos coutumes, Il vient faire de nos paysages son refuge. Et c’est bon.
à demain