L’étonnement est sans doute l’émotion que je préfère chez la plupart de mes élèves.
J’aime assez leur spontanéité, leur joie quand elle est là, leur gentillesse lorsqu’ils savent l’exprimer avec moi, souvent.
J’aime beaucoup moins leur nonchalance, surtout celle qui oublie d’être curieux, leur paresse qui n’a envie de rien, la méchanceté dont ils sont capables entre eux, trop souvent.
Oui, c’est leur étonnement que je préfère. Il n’est pas si fréquent vous savez mais lorsqu’il est là, leurs yeux écarquillés, leur bouche ouverte et leurs “oh” grandioses sont dignes du meilleur des dessins animés. L’étonnement les réveille, les met en éveil, les questionne. Plus de nonchalance, moins de paresse, et même pas de méchanceté quand l’étonnement leur permet de regarder l’inattendu, l’inhabituel et surtout d’en chercher ensemble les réponses. Il y a dans cette émotion un vrai levier pour apprendre, pour comprendre, pour grandir.
L’étonnement est un mot qui me colle pas mal à la peau en vérité.
Je suis étonnée de milliers de choses autour de moi. Tout, tout le temps, m’étonne facilement. De l’émerveillement des petits riens à la surprise des grands événements. De la bêtise crasse aux horreurs des hommes. Tout m’étonne et me questionne. J’ai peu de réponses sur les faits et gestes du monde, que ce soit du bien ou du mal, et je continue d’être étonnée.
Alors forcément, quand aux soirs de décembre, je m’approche de ma crèche, je m’étonne encore. Je m’étonne qu’un tout petit enfant sans rien, au milieu de presque nulle part, donne au monde l’amour que personne ne mérite vraiment – avouez-le, c’est ce qu’on se dit souvent en nous regardant et ça, depuis la nuit des temps.
Je m’étonne de cet amour mais cet étonnement me réjouit.
Cet étonnement me bouleverse.
Je me demande même si ce n’est pas le plus beau de mes mystères de Noël : mes yeux grands ouverts, à mille lieues de son temps, posés doucement sur ce tout-petit. Et, par lui, croire en Lui.
C’est quand même étonnant.
à demain.

