“Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit.”
Mat 1, 24
Il arrive qu’on me demande mes mots préférés de Jésus, la Parole de Dieu qui me parle le plus.
Souvent, je me rends compte qu’on en oublie les gestes.
Et même si j’aime les mots, tellement, ce sont les gestes de Jésus qui me touchent le plus. Il y a bien sûr ses mains posées sur les plus fragiles, celles qui partagent le pain, celle qui écrit dans le sable.
Mais il y a aussi, peut-être même en premier, ce mouvement de Joseph.
Ce sursaut, ce réveil.
Son « fiat » qui se révèle dans la décision de prendre chez lui, et en dépit de tout, Marie. La volonté de Joseph saisie par Dieu.
Tu sais Jo, souvent j’ai demandé dans mes petites prières de rien du tout de te ressembler un peu. Un tout petit peu. 🙂
De me réveiller et de faire selon Sa parole. D’avoir confiance. Pleinement.
Mais c’est un truc plus que balèze.
Pourtant je crois que c’est bien là qu’est la clé.
Je lis un peu partout que mon Église part à vau-l’eau avec tous ses scandales, que la confiance est perdue ou du moins qu’elle mettra des années à revenir. Peut-être. Et j’en parle souvent ici pendant ce Carême parce que cela me touche profondément.
Ce que j’entends aujourd’hui autour de moi, c’est qu’au-delà des scandales, la parole se libère aussi sur ce qui, dans l’église, a touché des pratiquants ou non, à un moment de leur vie. Des souvenirs heureux de partages, de gestes qui aident, de paroles qui réconfortent et juste à côté, d’autres souvenirs, rudes ceux-là, de paroles absentes, de regards fuyants, de mépris. Et ces souvenirs-là, parce que liés à une église qu’ils croyaient aimante, font mal et souvent blessent à jamais.
Alors oui, il y a des gestes pour aimer, il y a des gestes à continuer, il y a des gestes à oser davantage.
Le bras qui soutient l’ami fatigué parce que ce maudit cancer le bouffe un peu plus chaque jour.
La main qui sert un café chaud parce que le printemps c’est dans trois jours mais que ça ne change absolument rien dans les rues.
Les doigts qui pointent vers du joli à regarder parce que t’as intérêt à lever la tête de ton nombril pour aimer un peu, un peu mieux.
Il y a des gestes à continuer.
Dans nos vies de croyants. Parce que c’est là que Dieu nous attend.
Et l’élève à encourager, et le collègue à écouter, et celui qui me casse les pieds à comprendre aussi, et les parents des communiants à accueillir même surtout s’ils ne mettent pas les pieds à l’église, et nos enfants à accompagner toujours, et nos couples à préserver d’un monde qui file souvent à l’envers et.
Et la liste ne s’arrête jamais parce qu’aimer comme Lui, c’est une volonté de chaque instant.
Comme ce mouvement de Joseph.
Ce sursaut, ce réveil.
On aura beau chercher des solutions, inscrire des changements, faire tous les discours de la terre – même si tout cela me semble nécessaire aujourd’hui et sera bénéfique j’en suis intimement convaincue – notre Église ici-bas, elle est d’abord faite de nos gestes d’amour, de nos gestes de fraternité, de nos gestes vers l’autre.
Jour 12. Que ce Carême nous rappelle que notre chemin de conversion c’est d’abord se mettre à l’écoute de ce qu’Il nous dit.
Se réveiller, peut-être simplement pour mieux L’entendre.
Se réveiller, peut-être pour oser aimer comme Lui, vraiment.
Songe de Joseph, Arcabas