Petit matin du 15 août.
Il y a tout ce qu’on a dit et tout ce qu’on a écrit sur la visite de Marie à sa cousine Elisabeth.
Et puis il y a ça. Environ trois mois.
Je me suis souvent demandée ce que Marie avait bien pu faire auprès de sa cousine pendant environ trois mois. Derniers mois de grossesse pour l’une, premiers pour l’autre. Je me le suis souvent imaginé même, et ce matin encore bien davantage. Aide, refuge, voyage secret… à l’heure où le moindre petit fait de nos vies s’étale pour gonfler nos egos, Marie, elle, aux plus grands instants de la sienne, ultime oui, s’est tenue à l’écart, discrète. Cette visite ressemble bien à un doux refuge. Elle s’est fait plus petite encore celle qui portait Dieu en elle.
Ça ne m’a pas quittée de la journée ces trois mots. Et ces trois petits mois environ. Je suis comme ça quand il y a un truc qui me trotte dans la tête, ça ne me quitte jamais. Marie à se lever la nuit pour calmer l’inquiétude d’Elisabeth, Marie à prendre sa place à la cuisine parce que sa cousine trop fatiguée devait se reposer, Marie à rassurer son amie tout ira bien il ne peut en être autrement et puis les heures à partager cette première grossesse entre femmes, celles à questionner les demains, et ces instants à poser sur la tête de sa presque sœur un linge frais, caressant d’une autre main sa tempe, pour la rassurer dans l’enfantement. Marie s’oubliant pour se faire toute proche.
On a tracé la route dans la Bretagne encore, Marie dans un coin de ma tête. L’autoradio a lancé un vieux disque de Balavoine qui a bizarrement loupé les trois premières plages pour démarrer sur “Mon fils, ma bataille”. Je la connais encore par cœur celle-là. Marie, un peu loin, est revenue d’un coup. Il lui allait bien ce titre de variété, son Fils, sa bataille ? Ça m’a fait sourire. Clin Dieu ?
On a déambulé. Il n’y avait rien qui parlait de Marie dans nos rues. Des vacanciers encore, ceux d’un jour seulement peut-être, des transats, des glaces, un manège, le férié affiché sur cette porte justifiant qu’elle soit fermée. Tiens, Marie un peu là sans le vouloir. Je me suis retournée à cet instant. Passage étroit. Elle voulait avancer, ventre rond en avant. Pardon… je prends de la place. Oh non…je lui ai laissé le passage. Plus qu’un mois ! Ça m’a fait sourire. Clin Dieu ?
On est rentrés. Quelques nouvelles sur un écran machinalement allumé. Quelques images d’églises, une procession. Le journaliste explique. L’Assomption. J’entends des dates, un dogme, on ne parle déjà plus d’elle. J’éteins. Un sms quelques minutes, juste après. Je suis à la grotte avec Elle et je t’embrasse. L’amie hospitalière est à Lourdes. Ça m’a fait sourire. Clin Dieu ?
Petit soir d’un 15 août.
Il y a tout ce qu’on dit et tout ce qu’on écrit. Et puis il y a ça. Ce presque trois mois d’une présence d’amie, de maman, de femme.
Il y a tout ce qu’on dira et tout ce qu’on écrira encore. Et Marie, toujours là, dans un coin de ma tête. Une amie, une maman, une femme.
Chaque fois que j’ai attendu un enfant, j’ai mesuré l’immense amour de Dieu et surtout oui surtout l’immense amour de Marie. Et de ton Joseph. 😉
Vrai, vrai, vrai 🙂