Peut-être parce que du jeûne qui retient mes mains de trop faire, de la prière qui les fait se rejoindre en croisant mes doigts, de l’aumône qui essaie de les ouvrir aux autres, mes mains, les mains, nos mains sont elles aussi à raconter.
De l’imposition des Cendres, croix marquée sur nos fronts par la main du prêtre, jusqu’à Ses mains clouées en croix au soir de Sa Pâque, le Carême me parle d’elles tout le temps.
Alors, je vais venir vous raconter des mains, oh… pas seulement les miennes, surtout celles autour.
Comme les mains de Célestin
Les mains sur le volant, j’ai accroché mon regard sur la route et traversé une grosse heure de campagne faite de bocages, de petites vallées et de virages dociles. Le ciel tout gris, les gouttes de pluie et le sourire aux lèvres. Il y a des rendez-vous d’amitié qui font la vie jolie, presque facile. Je l’ai déjà écrit mais c’est vrai que c’est toujours étonnant, presque bouleversant, l’amitié. Avec son temps et ses degrés. Avec le temps d’aujourd’hui, aussi.
On n’a pas su se dire depuis combien de temps on échangeait des mails, des sms, des lettres, des photos. On s’est mis d’accord pour au moins 8 ans. C’est pas mal 8 ans d’échanges écrits, sans nos voix. C’est pas mal 8 ans d’échanges avec nos seules mains sur le papier, nos seuls doigts sur des claviers. Parce que voilà, les mains sur le volant, accrochées au fil de la route, Manon, j’allais la rencontrer “en vrai” pour la première fois. Non, pas “en vrai”, je la connais déjà. “En chair et en os” serait plus juste.
Est-ce que ça vaut davantage de se voir au-delà de nos mains qui se parlent ? Je ne sais pas. Les miennes sont accrochées sur le volant et je repense aux vieilles heures épistolaires de vieux amis de littérature. Je pense à mes lettres à Jésus aussi. Je souris.
Je suis arrivée.
Elle est là. Exactement là. Je la reconnais en tout.
Et lui aussi. Il est là. Contre elle, son petit garçon de 14 mois.
On se connaît depuis 30 minutes Célestin et moi, et, sans savoir parler, il me sourit, rit aux éclats, m’apporte un jouet puis deux. Un livre.
Ses petites mains, elles, me parlent, se plient, se ferment, s’agitent, applaudissent, s’ouvrent, discutent.
Elles me disent la confiance qu’un tout-petit accorde à l’étrangère que je suis, sans jugement, sans préavis, sans peur.
Elles me rappellent ces mots d’évangile qui nous disent de les laisser venir à Lui.
Les mains sur le volant, j’ai accroché mon regard sur la route et traversé une grosse heure de campagne faite de bocages, de petites vallées et de virages dociles. Dans l’autre sens, emportant avec moi les mots de Manon, nos premiers partages en voix en vrai. Le ciel tout gris, les gouttes de pluie et le sourire aux lèvres. J’ai emporté le cadeau d’un nouveau jour.
Et un cadeau de plus. Le joli d’un moment, la confiance d’un enfant et les petites mains de Célestin.
Bon samedi, premier dimanche de Carême demain. Avec une pensée toute particulière pour vous qui passez ici et qui, souvent, me lisez sans me connaître en voix en vrai. Que nos partages, ici et ailleurs, pendant ce Carême, soient fait de douceur et de confiance.
Comme les petites mains de Célestin.
Et à lundi matin. :-),
“Les mains de Célestin” ©Manon M.P.
Bonjour Corine,
Merci pour ce texte qui fait écho à un weekend passé avec mon petit cousin qui aimait jouer avec mes mains… Beau carême.
Merci Claire 🙂 Beau chemin à toi aussi