J’ai toujours aimé faire les valises. Pas la mienne seulement, celles de toute la famille.
J’enviais, je crois, celles qui partaient sans rien ou plus exactement sans trop. J’enviais ceux qui, en un simple tour de sac, prenaient la route dans l’heure. J’enviais celles qui, sereines, pouvaient bien oublier l’essentiel parce que finalement, ça ne l’était pas tant que ça.
Mais je n’étais pas de celles-là.
J’ai toujours aimé faire les valises parce que cela me rassurait. J’étais certaine d’emporter avec moi, avec nous, tout ce dont ils auraient besoin.
Ça commençait tôt, parfois, sans exagérer je vous promets, presqu’une semaine avant les départs. Je trouvais un endroit pour ouvrir la grande valise. Je commençais mes petites listes. Et au fil des jours, je rangeais, je triais, je gardais.
J’aurais été incapable de la moindre improvisation mais je le faisais sans déranger le quotidien. Il ne s’agissait que de moi, de mes inquiétudes de partir et je m’en sortais très bien pour ne rien montrer. Chaque début d’été pourtant, j’entendais les discours pour se délester, je lisais les conseils pour partir léger. Légère, je ne l’étais que si mes valises étaient pleines.
J’aime toujours faire ma valise mais je me rends compte d’une chose aujourd’hui. Tout a changé.
Je la fais la veille, pas plus tôt. J’y mets assez peu de choses. J’oublie des trucs parfois. Je ne m’en inquiète plus. L’âge, la sagesse, la confiance ?
Non, bien évidemment que non.
Aujourd’hui, je fais ma valise et non la leur. Les enfants ont quitté la maison depuis quelques années déjà et même si on se retrouve souvent pour des vacances, je ne fais plus leurs valises ! Il y avait dans mes préparations, dans mes inquiétudes, le simple souci d’eux. Puissent-ils ne manquer de rien.
Je crois même qu’aujourd’hui, j’ai pris goût aux départs improvisés, aux vacances pas trop organisées. J’aime même les surprises, c’est vous dire.
Enfin, quand même, laissez-moi juste le temps de boucler ma valise.