Je ne pouvais pas vraiment y échapper non plus à ce mot-là mais j’ai préféré l’adverbe au nom. Il y a dans la joie une action qui me fait aller, un élan qui me fait bouger, et c’est bien l’adverbe qui m’y pousse davantage.
Joyeusement. On pourrait croire que celles et ceux qui l’ajoutent aux verbes de leur quotidien sont trop naïfs ou inconséquents. À l’époque où on vit. La joie est suspecte souvent, presque indécente aujourd’hui. Comment donc peut-on être encore joyeux ?
Joyeusement. Ils sont entrés dans ma classe avec le sourire. Fatigués dès le lundi mais souriants. Parfois je me demande ce qui les rend joyeux. Une part d’enfance peut-être, un bon mot sur la cour de récré. Je ne m’y trompe pas. Depuis le temps, je sais reconnaître les mauvaises blagues dont ils sont les auteurs et qui les font rire et leur joie sincère, celle qu’ils affichent simplement. Il sont rentrés joyeusement dans ma classe. Hier, c’était une belle joie. Sincère.
Joyeusement. Elle sait être intérieure aussi. Quand même. Je peux prier joyeusement, cuisiner joyeusement, marcher en silence joyeusement. Je peux écrire joyeusement. C’est ce qui m’arrive chaque soir avec ce calendrier de l’Avent. En vrai. C’est tout bête cette petite joie et ça fait du bien.
Joyeusement. Je le colle à ma peau l’adverbe, à chacun de mes pas, à nombreuses de mes paroles. C’est une volonté bien plus qu’un trait de caractère. Peut-être bien un antidote à la noirceur du monde. Rien ne justifie ma joie, sauf Dieu, et je la revendique. Sans naïveté aucune. C’est consciemment que je vais joyeusement.
Joyeusement, je vous souhaite une bonne journée. Puissiez-vous gonfler votre coeur de joie,
à demain

