Une petite part

Je ne sais plus exactement à quel moment il déposait les cendres récupérées au long des semaines dans l’âtre de sa cheminée mais j’ai toujours vu mon grand-père les étaler sur son coin de potager en disant “C’est ma petite part. La terre, le soleil et l’eau feront le reste.” Jardinier-philosophe qui avait pleine conscience que pour avoir de bons et beaux légumes, il ne suffisait pas de techniques, de trucs ou de recettes et que souvent, l’humilité de s’en remettre à la nature était plus que nécessaire.

 

À quelques heures d’un nouveau Carême et de nouvelles jolies croix de cendres affichés sur nos fronts, je me souviens de ces cendres-là et de sa petite part pour amender sa terre. J’y songe et je ne peux que me rappeler de la douceur du gris sur le terreau, de la fragilité aussi au moment où un grand vent venait à se lever, de la simplicité enfin de savoir utiliser ce peu qui restait des grands feux.

Et c’est ainsi que je me prépare moi-même à entrer en Carême.

Avec la douceur de mes petites joies partagées, ma fragilité devant les tempêtes soudaines et imprévues, la simplicité de ne savoir que poser quelques-uns de mes mots.

Comme pour l’Avent, c’est au soir que je viendrai vous retrouver pour ma petite part. Elle n’a pas oublié de quoi elle sera faite : 40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Bonne entrée en Carême mes amis,

à demain.

Derrière la vitre

 

Derrière la vitre, il y avait du soleil et je l’ai senti dans mon dos. Ça m’a fait plein de bien.

 

Je crois que ça ne m’était jamais encore vraiment arrivé. Enfin, pas de cette façon. Cette distance involontaire entre les choses et moi, entre le monde et moi, entre les gens et moi. Entre Dieu et moi. Comme si je souhaitais que plus rien ne me touche.

Il y a eu cette préparation de messe, il fallait bien y aller pourtant. J’ai failli me trouver des excuses bidons mais le soleil a traversé ma vitre et m’a poussée au dehors. Les fidèles amies, la Genèse et puis Paul et Matthieu. Et comme ce sera le premier dimanche de Carême et le temps fort de première communion et la confirmation des cinq petits derniers de la paroisse, soudain les mille choses en un tourbillon se sont rapprochées de moi.

Il y avait ces colis à envoyer, il fallait bien les rejoindre. J’ai failli ne pas démarrer mais non, Darina m’attend au bord de son Ukraine et le soleil qu’elle ose encore m’envoyer m’a donné un grand coup de pied là où vous savez. Les colis, les couvertures, quelques photos, de la nourriture et du chocolat. Et comme tout à côté de nos colis il y avait Sama qui me racontait sa Syrie, soudain le monde en une bourrasque s’est rapproché de moi.

Il y avait cette voisine qui a frappé à ma porte à la nuit tombée. J’ai failli ne pas ouvrir mais j’ai senti qu’il y avait quelque chose. Elle a parlé et parlé encore, de choses et d’autres, une question, laquelle ? je ne sais plus. J’ai seulement écouté sans répondre. Elle ne voulait pas de réponse. Et comme elle allait repartir sans que je n’ai pensé à lui offrir une tasse un peu chaude, j’ai eu envie de la retenir, je l’ai gardée un peu, on a pris un thé, on a même ri et, soudain les gens en une respiration se sont rapprochés de moi.

Il y avait ce déménagement, c’est demain, si attendu, une aumônerie, enfin au collège, à construire, à remplir, à animer. J’ai commencé à regarder de vieux coins de ma bibliothèque, j’ai décidé de trier des tiroirs, de voir ce qui pourrait aller là-bas. Et soudain, au creux d’un livre, entre deux pages, au détour d’un truc gardé pour le caté sans doute, j’ai retrouvé tout plein de morceaux de ma vie avec Dieu. Et, je ne sais pas qui de moi ou de Lui s’est rapproché le premier.

Il n’y avait rien de prémédité. Je crois que ça ne m’était jamais encore vraiment arrivé. Enfin, pas de cette façon. Drôle de début d’année. Une distance involontaire entre les choses et moi, entre le monde et moi, entre les gens et moi, entre Dieu et moi.
Comme si je voulais sans vraiment de volonté pourtant que plus rien ne me touche.
Je n’avais rien prévu, c’est arrivé.

 

Mais derrière la vitre le soleil m’a tapé sur l’épaule.
Comme pour me dire retourne-toi.
Peut-être qu’il est en avance sur le Carême.

Derrière la vitre, le soleil m’a touchée.

Dans deux semaines, il sera juste le temps de les raconter en 40 petits billets ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit à voix haute parfois ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Au 22.

Merci.

 

Même fané

 

C’est plus fort que moi. Je ne peux pas m’en empêcher. Je les écris partout.
C’est plus fort que moi. Je fais des listes et des listes et des p’tites listes encore de jolies choses que je vis dans mon église. Je mets un é minuscule, pardonnez-moi, je n’arrive plus aujourd’hui à l’écrire en majuscules ce mot.

C’est plus fort que moi. Je ne peux pas m’en empêcher. Je les lis les articles encore, les enquêtes toujours. La vérité enfin. Le p’tit mari, mes amis de la paroisse me le répètent pourtant : mais arrête de lire tout ça, arrête de te faire du mal. Me faire du mal ? Oh non…pardonne-moi mon chéri, pardonnez-moi mes amis, celles et ceux qui ont mal ont autrement plus mal que moi.

C’est plus fort que moi. Je ne peux pas m’en empêcher. Je demande de l’aide. J’ai besoin d’aide. Je peux comprendre le mal tu sais, le péché oui, je connais. Mais ça non. Pas en Son nom. Non, pas au nom de Jésus, ni de Marie.
Nom de Dieu.
J’ai lâché mon injure. Mille pardons. Sœur Marie n’a pas souri mais ses yeux ont dit ce n’est rien. Il y a bien plus grave. Elle a continué doucement.
Oui, je sais. Alors, plonge dans Sa Parole, lis et relis. Et dessine. Et écris.

J’ai suivi son conseil. Ça fait un peu de bien.

Je me suis rappelée tout à coup qu’il restait ce livre rangé sur une étagère encore. Je l’ai déchiré. Ça m’a fait un peu de bien.
Son “Jésus vulnérable” à la poubelle avec lui et tous ceux de sa clique, et tous ces minables, en pensant aux vrais amis de la Rebellerie, communauté de l’Arche ici, tout près.

Et puis, j’ai mis de la musique encore, ouvert ma Bible à peindre, attrapé une cuillère de miel pour ma gorge et Tes mots pour mon cœur.

 

Mais toi, Eternel, tu es mon bouclier,
tu es ma gloire, et tu relèves ma tête.

 

J’ai levé les yeux un instant.
Tiens, mon mimosa est fané.
J’ai souri.

Vous saviez vous que, même fané, le mimosa est joli ?

 

 

 

Dans mes oreilles

J’ai gardé la musique dans mes oreilles.
Peut-être que c’est ainsi qu’il faut vivre.
Parfois.

La maison s’est doucement vidée de leurs parfums, de leurs rires, de leurs mots, de leurs corps, de leur amour. Mon cœur s’est doucement rempli de leur amour, de leurs corps, de leurs mots, de leurs rires, de leurs parfums.
Il y a forcément un peu de Dieu dans ces samedis d’anniversaires et de retrouvailles, il y a forcément beaucoup d’amour quand mes enfants reviennent à la maison.
La maison, la nôtre, la leur, celle de leur enfance à jamais.

J’ai gardé la musique dans mes oreilles.
Peut-être que c’est ainsi qu’il faut vivre.
Souvent.

Le dimanche a retrouvé le tranquille des heures à corriger, c’est moins difficile remplie d’eux. Le dimanche a retrouvé les enfants en prépa communion et quelques tout-petits le cœur heureux. Le dimanche s’est rappelé les cadeaux d’anniversaire et les rires à les ouvrir. Le dimanche a aimé une célébration de la Parole le cœur heureux. Le dimanche a gardé le goût du déjeuner du samedi, le dîner du samedi, le petit-déjeuner du dimanche, je me surprends à additionner les temps à ma table comme autant de douceurs partagées, le dimanche a fredonné la musique d’une soirée concert avec eux. Il y a forcément un peu de Dieu dans la musique pop qui chante l’amour. Forcément. Il y a forcément un peu de Dieu dans tous les souvenirs qu’on vit avant de les garder au chaud.

Alors j’ai gardé la musique dans mes oreilles.
Peut-être que c’est ainsi qu’il faut vivre.
Regarder le monde et les autres avec tous nos trésors planqués tout au fond de nous, ceux rien qu’à nous, ceux que personne ne peut nous prendre, ceux qu’on aimerait partager mais qu’on ne peut pas, comment partager l’amour de mes enfants.

Alors je garde la musique dans mes oreilles.
C’est ainsi qu’il faut vivre.
Se remplir d’amour pour donner de l’amour. Toujours.

Merci Alie.

 

 

Dis-moi comment…

 

Ça commence à me toucher je crois, à m’égratigner doucement, ça fait mal.

Je me croyais bien plus forte que ça pourtant. Je me disais que dans ma petite paroisse, c’était différent. C’est sans doute encore un peu différent oui. Je donne la communion régulièrement comme pas mal de mes amies paroissiennes. Trois filles servent autour de l’autel au milieu des garçons. Et tous nos partages, si nombreux, se font toujours tous ensemble.

Je me croyais bien plus forte que ça pourtant. Je me disais que ça ne changerait rien dans ma Foi, ça c’est clair, ça ne change absolument rien. Entre Jésus et moi, de toute façon, il n’y a jamais eu vraiment d’intermédiaire. Mais il y a quelque chose qui change doucement, presque insidieusement, quand je pars vers l’église.

Je me croyais bien plus forte que ça pourtant. Je me disais que tous ces crimes abjects d’hommes, parfois de femmes, qui avaient tous promis à Dieu de Le suivre et ont abusé d’enfants, de jeunes gens ou de jeunes femmes, je me disais que ce n’était pas seulement eux mon Église. C’est vrai, infiniment. Et qu’ils seraient jugés. Mais si mal. Et je ne suis pas si forte pour l’aimer comme avant cette Église.

Je me croyais bien plus forte que ça pourtant.
C’est difficile aujourd’hui.

Bien sûr, je vais à la messe mais je ne sais pas pourquoi mes dimanches au matin sont toujours comme un peu tristes. Bien sûr, je parle de Jésus aux tout-petits, aux jeunes, aux un peu plus grands mais je ne sais pas pourquoi je ne peux plus prononcer certains mots devant eux. Bien sûr, je prie encore. Mais souvent,  tellement loin de mon Église.

Je me croyais bien plus forte que ça.
Mes amis sont là, encore, ma famille, toujours, pour me parler du bon, du beau, du doux de la vie. Je les vois mal sous les voûtes pesantes.

Dis-moi, Jésus, montre-moi un bout de ton chemin pour soulever mes pas et avancer encore, dis-moi comment, dis-moi.

Juste après

 

C’est vrai que juste après, il y a ce temps ordinaire.
Ce temps ordinaire que j’aime tant.
Je l’oublie presque à chaque fois tellement l’Avent et Noël accaparent mon cœur, ma vie, ma joie.

Juste après, Te retrouver Jésus au bord de ta “mer”, Toi qui enseignes, qui guéris, qui marches. Je l’oublie presque que je T’aime toujours avec mon regard de petite fille qui, dans la lenteur de son enfance et de ses longs dimanches, tournait les pages de ses évangiles illustrés.

Juste après, retrouver le calme d’un dimanche sans rien. Vous savez, celui dont on a laissé la case vide sur le calendrier simplement pour se dire qu’on peut garder tout ce temps pour nous. Comme une page blanche à remplir de presque riens. Je l’oublie presque que j’aime ce temps donné à vivre.

Juste après, retrouver le plaid, la petite sieste qu’on n’a même pas prévue qui nous attrape au détour de quelques pages d’un bon livre pourtant. Je l’oublie presque que j’aime le feu qui crépite, m’endort et me laisse aller à mes rêves.

Juste après, retrouver la cuisine, celle qui a quitté les petits plats dans les grands pour préparer l’ordinaire d’une semaine à venir. Oser le froid glacé pour rapporter des petits choux verts coincés au fond du potager, éplucher, laver, couper, mijoter, goûter, ajouter un brin de sel. Je l’oublie presque ce doux des gestes qui me rassurent.

Juste après, retrouver la musique que j’aime. Glisser de la pochette le vieux vinyle, le poser délicatement, savoir que lui aussi crépitera un peu, fredonner avec lui les souvenirs jolis. Je l’oublie presque combien j’aime les chansons qui racontent ma vie.

C’est vrai que juste après, il y a ce temps ordinaire.
Ce temps ordinaire que j’aime tant.

Je l’oublie presque ma petite prière qui ne ressemble à rien, surtout pas à une prière. Des mots au long d’un dimanche qui Te redit au détour d’une Bible, d’un plaid ou d’un plat qui mijote que c’est dans l’ordinaire des jours que Tu es.
Bien davantage.

 

 

Vingt petites minutes

 

En grimpant les escaliers jusqu’à la classe qu’on se garde pour nos séances – parce qu’elle n’a pas de voisins à cette heure-là et qu’on est tranquilles – , ils m’ont demandé quand l’aumônerie serait enfin prête. Les travaux avancent dans tout le collège, on y est presque, à peine encore. Déçus, mais heureux de nous retrouver pour notre caté. Je ne leur ai pas dit mais moi aussi, j’aurais bien aimé que notre “lieu” soit enfin prêt pour cette rencontre. Tant pis, on a l’habitude et on fera avec une salle de classe. Et ce sera bien.

En grimpant les escaliers, ils m’ont demandé encore de quoi on va parler madame aujourd’hui.
– Aujourd’hui, on ne parle pas. Aujourd’hui, on va vivre une expérience. Aujourd’hui, on va goûter au silence.
Mes mots ont fait leur petit effet parce qu’il faut que je vous dise que je n’ai jamais eu un groupe aussi…bavard !
J’aime leurs bavardages faits de mille questions à la seconde mais j’avoue qu’en préparant ma rencontre de ce matin, je me suis dit c’est pas gagné.
C’était sans compter sur la confiance qu’ils me font.

Et c’était tout simple.
Il m’a suffit de quelques jolies feuilles de papier. Posées devant moi, je leur ai dit tout doucement que je leur proposais d’écrire à Dieu. Une prière. Une simple lettre. En silence. Vingt minutes de silence pour leur petite prière, leurs mots de mercis, de pardons. Leurs questions. Vingt minutes pour une lettre.
Rien de très original pour ceux qui ont l’habitude de construire ce genre de rencontre. Une première fois pour eux et leur 12-13 ans si loin du silence… et de la prière.

Et c’était très beau.
En confiance, ils se sont installés où ils voulaient dans la classe, ont pris le temps de se séparer les uns des autres. Ils faisaient déjà silence quand tour à tour, ils sont venus vers moi chercher leur feuille. Ils étaient déjà en silence quand ils se sont assis dans le coin qu’ils avaient choisi. Ils sont restés en silence, à écrire, dessiner un peu, écrire encore. Ils ont osé.

 

Et c’était très doux.

Et doucement, je leur ai dit qu’un peu plus de 20 minutes étaient passées. Déjà.
Ils n’ont pas bougé. Presque pas. Et doucement encore, ils se sont un peu regardés, pliant toujours doucement leur feuille, rangeant leurs crayons, me disant du bout de leurs voix que c’était vraiment bien. Finalement.

– Madame, je peux vous prendre d’autres feuilles…parce que j’ai encore plein de choses à lui dire à Dieu …
– Moi aussi, je peux ?

 

Dans le tumulte du temps, ils m’ont offert leur silence en cadeau. Et c’était bon.

De fille en aiguille, Céline et la vie

 

Elle est née quinze jours exactement avant mes 28 ans et dans quinze jours j’aurai, comme ça peut arriver une fois dans nos vies, le double de son âge. Ce n’est pas une énigme, rassurez-vous, juste des mots pour vous dire que mon amour pour elle se multiplie au fil du temps. Pour elle, son frère et sa sœur. Pareillement.
Elle est née quinze jours exactement avant mes 28 ans et elle a fait de moi une maman. À vie.

Je pourrais vous raconter encore son attente, ses premiers pas, ses sourires, sa joie, son rire. Je pourrais vous redire son mariage cet été. Mais je préfère vous raconter une toute petite chose qui, grâce à elle, existe depuis elle.

J’aime bien cette petite chose parce qu’elle paraît un peu ridicule, un presque rien sans importance, un truc pas grandiose, un morceau de pas grand chose qui me remplit le cœur.

Élise est née un 18 janvier. C’était un mercredi. Il faisait tempête et elle a balayé toutes mes certitudes.
Les jours ont défilé très vite après. Il m’a fallu tout apprendre. C’était bien, bouleversant, c’était doux, parfois difficile, pas trop souvent, c’était beau. J’étais heureuse et son papa a toujours été un partenaire extraordinaire d’écoute, d’attention et d’aide. Et c’était bon.

Élise est née le 18 janvier  et – mon p’tit journal me le rappelle- le jeudi 11 mai , je reprenais le chemin du collège. Mon bébé confié à une trop chouette nounou, je suis repartie le cœur léger, remplie d’elle, la tête occupée par une inspection qui pointait son nez.

Et c’est là.

Ma petite automobile, c’était le lieu déjà et encore et toujours de mes p’tites prières. Prières pour mon enfant, pour nous, et la terre entière. Sauf que cette année-là, mes petites prières ont été accompagnées par Céline. Ah zut, faut que j’explique encore. Depuis Élise, je faisais gaffe à ma musique à fond dans la maison. Un bébé ça dort quand même, tranquillou, alors ma musique à fond, je l’écoutais dans mon automobile. Mes prières et ma musique dans l’auto.
Et mes prières de 1995 – et quelques années après aussi parce qu’un album de Céline, ça me fait longtemps – mes prières donc, c’était à fond avec Céline qui chantait.
Élise est née le 18 janvier et d’avril à longtemps après, j’ai prié avec Céline dans mon auto. Voilà.

 

28 ans plus tard, j’ai remis la musique. Comme chaque année ou presque. L’album ” D’eux” a défilé. Je le connais par cœur. Et à chaque parole, il y a encore – gravée en ma mémoire-  une prière pour Élise, pour nous, pour elle, pour lui, pour eux, pour la vie, et la terre entière.
Tiens, celle-là. Pour tous. Pour vous. Pour toi.
Écoute, vraiment, écoute.  😉

 

 

Lundi bleu ?

J’apprends des trucs tous les jours ou presque. Alors, aujourd’hui lundi, il paraît que c’était le “Blue Monday”. Lundi bleu.
J’ai fait la curieuse sur l’internet parce que je ne connaissais ni l’idée, ni l’expression et j’ai découvert que ce 3è lundi de janvier serait (c’est scientifique mais quand même au conditionnel) le jour le plus déprimant de l’année.

En vrai, ce soir, ma découverte m’a fait sourire parce que dans la salle des profs ce lundi, on avait quelques p’tits élèves qui nous déprimaient un peu. Si, vraiment. Mais je crois que le sourire et l’humour nous protègent encore de la profonde dépression face à ces garnements.
Bref. Lundi déprimant. Blue Monday. Parlons-en.
Déjà, le bleu ça ne lui va pas du tout. Parce que le bleu du ciel, le bleu de l’océan et le bleu de mon chemisier à fleurs, c’est tout sauf déprimant.
Et à la fin de ce lundi, le déprimant, je peux l’affirmer, ça ne lui va pas vraiment.

Le matin qui te réveille avec des messages de tes enfants, même loin,  te souhaitant une belle semaine, ça lui va bien.
Les sourires des collègues qui se donnent du courage au matin du lundi, ça lui va tout autant.
Le merci des amis parce que t’es simplement leur amie et au détour d’un sms tout gratuit, ça lui va carrément.
La BD qu’on te dépose au pied de ta porte, toute bien enveloppée, un lundi midi parce que tu n’es pas là mais que t’avais envie de la lire au soir, ça lui va énormément.
Le voisin- qui a guetté ton retour du collège- qui te propose des œufs tout frais  parce que les poules pondent trop en ce moment – c’est rigolo des poules qui pondent trop-, ça lui va gentiment.
Une maman d’élève qui te remercie, ça lui va vraiment.
De jolies copies que tu n’attendais pas, ça lui va absolument.
Bref. J’arrête parce qu’on pourrait bien me dire qu’entre tout ça, il y a bien de quoi le trouver déprimant ce lundi de janvier.
Bien sûr. Evidemment. On vit dans le même monde.

 

 

Je ne regarde pas que le joli mais le joli qui est là me fait regarder le difficile autrement.

 

 

Il n’était pas blues ce lundi. Absolument pas déprimant.
Et qu’on arrête un peu de mettre de belles couleurs sur de fichues idées qui nous feraient presque broyer du noir !  😉

Histoire de Jérusalem

 

C’est un exercice que je ne sais pas très bien faire. Je devrais pourtant, paraît-il. Devant les élèves non plus, je ne sais pas très bien le faire lorsqu’il me demande – Mais c’est bien madame ?
Souvent, je leur réponds que ça vaut le détour de quelques heures, forcément solitaires, j’attrape ledit bouquin ou j’ouvre la BD et je commence à lire.
C’est ça. Je commence à leur lire quelques passages que j’aime vraiment.
Parce que je ne sais pas très bien parler autrement des livres que j’aime ou que j’ai aimé.

Pourtant, comme ce petit blog m’appelle depuis quelques temps et que j’aime m’y retrouver, vous retrouver, je me suis dit qu’en 2023 je pourrai essayer de raconter mes lectures. Peut-être pas toutes. Celles qui me touchent. Je vous préviens, je lis beaucoup et rien ne ressemble à rien mais vous verrez bien.
J’y vais. Je me lance alors.

Ma première lecture de l’année est terminée depuis quelques jours déjà. En vrai, depuis un peu avant 2023, mais c’est quand même la première. Allez, j’y vais cette fois.

C’est mon grand garçon qui m’a fait ce cadeau. C’est déjà cadeau ça. Savoir que cette Histoire de Jérusalem ne me laisserait pas en répit au bout de 249 pages.
249 pages pour 4000 ans d’histoire.
J’ai lu d’une traite, presque.
Avec l’envie de tout savoir, très vite.
J’ai retrouvé des passages que je connaissais bien, j’ai enfin compris quelques points qui m’avaient échappé ailleurs mais pour vous dire la vérité, je ne maîtrise, après cette première lecture, que quelques bribes des 10 chapitres si denses, si riches, si compliqués parfois, d’une histoire incommensurable. De l’Histoire qui mêle les monothéismes aux conquêtes les plus diverses, de ces grands conquérants aux influences de toute la terre ou presque, et la paix, et la guerre, et la vie, et la mort. Une BD, une simple BD pourrait-on dire. Les couleurs et dessins de Christophe Gaultier et Marie Galopin  pour mettre en lumière le travail exceptionnel de Vincent Lemire et de ses quelques 200 sources. Rien de simple non. Un travail de longue haleine, ciselé. Beau.
J’ai relu une deuxième fois, essoufflée presque. Et me dire qu’il me faudrait du temps et tellement encore pour comprendre.

Depuis mes deux lectures, j’ai laissé la BD sur la table du salon. Parce que j’y reviens encore. Parce que je la trouve belle et qu’ici, je pose toujours les livres que je trouve beaux. En partage.
L’amie Fabienne, venue me retrouver pour un petit café cet après-midi, n’a pas manqué de le voir. – C’est pour ton caté ?
C’était joli à entendre ça
Alors je lui ai raconté un peu. Non, il n’y a pas que Jésus là-dedans ou plutôt il y a Jésus au milieu. Et tellement avant, et tant après.

 

Voilà. J’aime ce livre. Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus. Je ne saurai pas bien le faire. Mais je peux vous lire un tout petit peu des paroles du grand olivier, fil conducteur du livre et seule fantaisie imaginaire de l’auteur. Un vieil olivier, né sur le mont du même nom il y a 4000 ans et témoin de l’Histoire.

” Derrière moi, le soleil levant…le désert à perte de vue, la mer Morte. Devant moi, Jérusalem, le soleil couchant…la plaine fertile et la Méditerranée. Sur cette ligne de crête, à 800 mètres d’altitude, entre la terre et le ciel, entre les hommes et les dieux, entre le monde des vivants et le monde des morts… Jérusalem est le point de contact entre tout cela.”

 

J’ai oublié. Une envie toujours intacte, plus vive encore depuis, de retourner un jour à Jérusalem.

à bientôt,

Corine