Embarquer à nouveau

Cinq jours. J’ai compté. Il reste les doigts d’une main entre mes vacances et ma rentrée.
Jeudi.

Il n’y a aucun zèle, aucune précipitation. Dans ce petit collège qui est mien, les dates de l’éducation nationale pour les professeurs nous importent peu et on se retrouvera jeudi et vendredi pour laisser notre lundi libre à préparer tranquillement nos classes, nos livres et nos ordinateurs.
Cinq jours et jeudi, on passera une première journée à se retrouver. Sans trop de consignes d’abord, se retrouver seulement. Parler, regarder, déjeuner, discuter, s’écouter, se balader, jouer.
On pourrait se dire que c’est facile. Profs et personnels ça doit faire une petite quarantaine de personnes.
On pourrait se dire que c’est facile. On se connait assez bien et on aime beaucoup accueillir de nouvelles têtes.
On pourrait se dire que c’est facile parce que la salle des profs n’est pas “des profs” mais “des personnels” et qu’on ne fait pas semblant de rire ou de discuter  avec S. qui fait le ménage des classes, avec B. qui surveille les récrés ou avec G. qui nous prépare de bons petits plats.
Peut-être que c’est facile oui. En vrai je le crois.
Facile de se regarder tel que l’on est sans mettre de barrières hormis quelques masques et distances pour cette rentrée.
Facile d’être proches quand chacun reconnaît la valeur de l’autre.
Facile de savoir qu’ici un Bac+5, 6 ou davantage même ne donne pas le droit d’être méprisant ni hautain.
Pourtant rien d’idyllique. Non. Rien. Le quotidien dans mon collège est fait aussi de ratés.

Mais il y a des pardons.

Cinq jours et je me rends compte combien ils sont là. Les pardons. L’écoute et le pardon.
Rien à voir avec le catholique qui s’ajoute à notre enseignement. De toute façon dans l’équipe je peux compter sur les doigts d’une seule main celles ou ceux qui s’affichent catholiques. Je souris, bien moins que les amies collègues des gros collèges publics pas très loin que je croise à l’abbaye. Souvent.
Non, rien à voir. Quand l’écoute et le pardon sont là, au cœur. Comme si Dieu nous les soufflait sans cesse, en douce.
Avec cette volonté d’être proches. De ce proche qui nous fait prochain de l’autre. Et avec autant de ratés que de bonne volonté, évidemment.

Cinq jours. J’ai compté. Il reste les doigts d’une main entre mes vacances et ma rentrée.
Jeudi.
Il n’y a aucun zèle, aucune précipitation. Il y a l’envie de recommencer. Malgré toutes les incertitudes et les risques. L’envie d’embarquer à nouveau. sans doute à cause de tout ça. Sans doute grâce à tout ça, à eux tous qui font mon quotidien quand septembre revient.

Cinq jours et je reviendrai au fil de mon temps vous raconter un peu cette petite vie de prof, minuscule vie, petite graine, qui ne sait voir que les sourires, dans les roses et les gris de ma vie, ces sourires-là qui m’embarquent aussi… avec Lui.
à très bientôt  😉

6 réflexions au sujet de « Embarquer à nouveau »

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