P’tite prière en marguerite

 

Cher Dieu,


Je t’aime un peu quand le matin se lève doucement sur l’impression, trop vague impression mais tenace pourtant, que la journée sera belle, définitivement belle.
Je t’aime beaucoup quand je lis dans un coin du jardin et qu’une coccinelle vient se poser sur ma page même que je n’ai presque plus envie de connaître la suite de mon histoire parce que je ne veux surtout pas que les petits instants insignifiants s’envolent.
Je t’aime passionnément quand le soir tombe, que c’est l’été et qu’on allume les bougies à la citronnelle pour rester dehors plus longtemps, on dirait que le doux d’une seule toute petite journée au jardin ne va jamais jamais jamais s’arrêter.
Je t’aime à la folie quand le vent celui qui vient du large, du plus loin que le lointain, me bouscule vraiment pour me faire avancer.
Je ne t’aime pas du tout quand je vais chez ce qui n’est plus vraiment chez elle et que j’ouvre la fenêtre vers un jardin qui n’est plus vraiment le sien et elle, clouée sur son lit, elle te prie, elle te prie, elle ne fait que te prier et tu la laisses là comme si tu étais devenu sourd.

Cher Dieu,
Je t’aime
un peu
beaucoup
passionnément
à la folie
et pardon pour mes pas du tout.

Main dans la main

 

Je ne sais pas très bien faire ma petite prière.
Ni celle du soir, ni celle du matin d’ailleurs. J’ai bien appris pourtant. Le silence, les mercis, les pardons, les s’il te plaît. Le chemin qui prend du temps pour aller jusqu’au fond de son cœur, les mains qu’on rapproche, les paupières qui se ferment. Mais je ne sais pas très bien cette petite prière-là. Je crois même que je fais un peu semblant quand j’essaie.
Peut-être que c’est à cause du verbe faire, peut-être qu’elle ne me ressemble pas. Parce que, pour vous dire la vérité, ma petite prière, je n’ai pas vraiment l’impression de la faire.

Je la touche des doigts lorsque je caresse les pages de mes livres.
Je la sens sur ma peau quand le vent trop fort fait frissonner mon matin.
Je l’entends dans les bonjours amis et les bons mots d’enfants.
J’y goûte même sur les crêpes dorées à la fin des journées, dans les pots de confiture où je laisse traîner la cuillère.
Je la regarde dans les blessures et les sourires autour.

C’est pas de la poésie à deux balles non. Ma petite prière, je ne la fais pas.
Peut-être bien parce que je Le sais là, tout à côté, très près, pas loin, à bien vouloir me donner la main. Tout le temps.
C’est ça oui et ma petite prière, elle est là quand moi aussi je veux bien attraper La sienne.

Prière à l’aquarelle

On se penche un peu
Le corps cherche l’espace
On dilue les couleurs
Les fondus s’enchaînent
Peut-être que trop vives les vies ne peuvent s’écrire.

On étale le temps un peu
Il s’étire doucement
Il faut laisser le blanc sur sa réserve
Prendre la lumière pourtant
Peut-être que mes glacis délavés sauront la saisir.

Les yeux baissent les paupières un peu
Les mains se détendent
Je  me relève souriante
Je laisse aller les regards
Peut-être que peindre c’est écrire une petite prière au fond.

Au fond du cartable

Au fond de mon cartable
il y a toujours cette petite prière
cette petite prière de rien du tout

qui ose Te demander
un peu de courage
un peu d’audace
un peu d’amour
un peu plus que d’habitude peut-être

Pour qu’en le posant sur le bureau
j’ouvre mon cartable devant eux 
avec un peu plus de courage
un peu plus d’audace
un peu plus d’amour encore
un peu plus que d’habitude peut-être

 

Bonne rentrée tous mes amis profs, bonne reprise ou continuation à tous les autres  😉

 

Une petite prière qui écrit encore

J’ai passé mon dimanche après-midi avec mon crayon qui corrigeait au bord de mes doigts, paume refermée.
J’ai lu les petits trésors de leurs mots d’enfant encore, des jolis efforts pour traduire leurs sens avec des bouts de phrases et des souffles de ponctuation.
J’ai râlé un peu sur des tournures que j’espérais plus belles.
J’ai souri souvent.
Au tôt d’un lundi, j’ai repris leurs textes, peaufiné mes commentaires, ajusté mes remarques, ajouté mes conseils.
Je vais les retrouver. J’espère que je vais tous pouvoir leur dire au revoir, déjà.
J’ai souri.
Mon crayon au bord des doigts s’est posé. 

Ma paume s’est ouverte.
Je l’ai regardée.
Avec mon pouce j’ai caressé un peu le creux douloureux à trop écrire.
J’ai souri.
J’ai souri parce qu’au creux de ma main, il y a tant de matins et de soirs à corriger, tant d’heures à écrire, tant d’autres mains, de gestes de paix donnés et reçus, tant de temps où mes paumes l’une contre l’autre doigts pliés à peine posés sur mes lèvres te murmurent des sourires en prières.
J’ai repris mon crayon.

C’est ici que Tu es.

Prières en mots confinés

Six semaines, un peu plus de 40 jours, un désert ?

Six semaines, un peu plus de 40 jours et tant de mots qui savent, qui croient savoir, qui auraient su si.
Tellement de il faudrait, il aurait fallu, il faudra. Pour le monde, pour notre pays et pour mon Église.
Je lis tant de ce qu’il serait bon de faire confinés, de ce qu’il faudra ne pas manquer de faire une fois déconfinés. Oh…sans doute qu’ils sont  de bonne foi ces hommes et ces femmes qui parlent un peu plus fort que les autres, qui parlent pour les autres, parfois au nom des autres, parce qu’il y a toujours ces belles envolées qui ont envie de nous montrer le bon chemin.

Six semaines, un peu plus de 40 jours que je leur préfère les mots confinés, ceux qui parlent tout bas et qu’on n’entend nulle part.

Six semaines, un peu plus de 40 jours de petits messages, d’appels, de bavardages-de-voisins-à-au-moins-deux-mètres, de lettres, de sourires, de mains qui n’ont besoin de personne pour continuer à se tendre, d’idées, de projets, de petites actions, de presque grandes décisions, de petits riens plus qu’importants qui se font sans bruit.
Six semaines et un peu plus de 40 jours de nouvelles de gens tout autour qui se battent, sont malades, guérissent, pleurent, souffrent, accompagnent, travaillent, chantent, soignent, soutiennent, construisent, cherchent, accueillent, prient, aident. De gens qui vivent.

Et six semaines et un peu plus de 40 jours que je Te confie mes mots à leurs mots mêlés.
Dans mes petites prières confinées.
Celles qui ne savent jamais ce qu’il faudrait, ce qu’il aurait fallu, ce qu’il faudra mais qui entendent dans Ta Parole d’être ici et maintenant au milieu des autres. Proches.

Et si tu savais, Seigneur, tous les clins Dieu de vie, de joie, d’espérance que je lis, que j’entends, que je vois, des premiers rayons du matin aux dernières lueurs du soir.
Six semaines, un peu plus de 40 jours, un désert ? Oh non, même pas.
Surtout pas.
Un chemin qui suit sa route peut-être, et tout au bord, Tes pas.

Petite prière sur le sable

Petite prière à mes amis d’ailleurs, à Peter et Manuella, du Liban et du Burkina, d’un monde qui brûle.

 

Dieu entend le monde qui pleure

Lorsque l’océan se retire et laisse ses larmes sur le sable
L’écho des vagues ne brise pas son silence
mais répète qu’Il est là qu’Il pleure avec nous

Dieu embrasse le monde qui souffre

Lorsque l’écume efface nos mots elle dépose ma prière sur le sable
Les battements de nos cœurs ne brisent pas le silence
mais disent qu’Il est vivant qu’Il vit avec vous

 

 

Une prière

Un jour, j’étais encore enfant, j’ai ouvert une Bible. Une vraie, une épaisse, une “de grande personne”.
Je ne l’ai jamais vraiment refermée depuis.

Et même si j’aime la lire, la partager, la creuser, la traduire, petite chercheuse de ses sens, elle reste le plus souvent dans les creux de mes silences. Et si vous saviez combien elle remplit les espaces.

Alors je fais le rêve parfois, dimanche de la Parole ou pas, que ce jour existe, un jour, pour tant d’autres.

 

 

Il y aura des mots cachés comme des trésors
des mots brisés comme des fêlures
des mots renoncés comme des oublis
de longues patiences et de frêles promesses
des hivers endormis et des réveils d’été
des heures étincelantes et des mémoires brûlantes
des fenêtres closes et des ciels enflammés
des collines familières et des rêves d’ailleurs
et il y aura Ton nom murmuré
Et Ta parole
Vivante.

 

 

Soir

Le silence.

 

La maison s’endort, je veille. Vigilance promise à Ton écoute.
Une bougie, un peu de reste de Noël.
Je vais me défaire de mes gestes. Oublier mes mouvements.
Me poser.
Prendre un chemin en moi et attendre.

 

Ne rien dire. S’arrêter sur chaque image qui défile dans ma tête, puis, lentement,
essayer de ne voir que Ta Lumière et trouver, doucement,
des mots pour ma prière.

Entendre ceux qui me sont soufflés.

Promesses de lendemains riches de Toi.

 

J’éteins la bougie.
Volutes de fumée.
Derniers mots priés.

Lire encore, écrire un peu.

S’endormir.
Apaisée.