Une pause et du riz au lait

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Le mardi après-midi, pour moi, c’est pause. Pas de cours. Une heure ou deux seulement le matin, oui, c’est un peu la journée-cadeau. Souvent, vous savez, il y a des copies et hop, l’après-midi est passé sans le voir.
Et parfois non. Alors, j’ose m’accorder une vraie pause.

Ce mardi, pour moi, c’était la vraie pause. L’amie m’a demandé en souriant si j’allais défiler. En souriant évidemment, parce qu’elle connaît ma phobie des foules et des rassemblements de rue. J’ai pensé non pas aux grévistes mais à tous ceux qui peinent dans leur travail et leur vie. Et j’ai fait pause du monde tout autour.

C’est doux une pause. Ailleurs, ce serait au long des vagues mais ici, ça commence par un grand bol d’air bien emmitouflée quand même pour aller au bord de la campagne chercher la douzaine d’œufs promise et revenir avec vingt minutes de pause-café au cœur. Ça continue au chaud de la maison en allumant un feu avant de  retrouver ma cuisine. Faire les yeux doux au nouveau livre de recettes, se régaler des pages avant de se dire que rien ne vaut celle de grand-père avec un bon riz au lait à partager. C’est sans doute parce que le riz au lait, pour qu’il soit bon, il lui faut du temps. Le temps de lui raconter plein d’histoires. Le moelleux et le parfumé demandent des minutes et des minutes. Alors, j’ai allumé ma musique et j’ai doucement “travaillé” le riz, je l’ai parfumé, je l’ai laissé fondre longtemps jusqu’à un petit tour dans le four pour garder le chaud, le bon, le doux et le craquant juste dessus. Une grosse heure de douceur.
Il n’est que 16 heures. J’ai le temps. La maison sent bon.
Et le livre espère que je lise sa fin. Une petite demi-heure.

On dirait qu’elle a attendu la dernière page pour frapper à la porte. C’est étrange comme parfois les pauses savent très bien quand on peut être à nouveau “dérangée”.
– Je passe en coup de vent, j’ai un rendez-vous chez le médecin à 17h.
– Un souci ?
– Je peux m’asseoir ?

Des confidences, rien de grave.

La pause a continué, a prié un peu, a rangé des bricoles, a écrit aussi, a caressé le chat blotti tout à côté, a pensé quand même à truc pour la paroisse, a souri du temps qui lui restait encore.

 

 

-Tu as fait du riz au lait !! Youpi !

Oui, ma pause a souri à tous ces petits riens qui ne s’affichent jamais en grand. Heureusement, ils sont simplement là pour essayer d’être heureux.

 

Merci.

 

Brouillon

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Vous savez, sur ma route du retour, depuis une semaine, ma petite auto me sert un peu de brouillonnage de mon billet. 😉

Je relis ma journée, les allers-retours quand il y en a, les rencontres, les sourires, les mots qui seraient des mercis à la vie très chouette pour un billet du soir. Parce que la gratitude est au centre de mon Carême cette année.

Bref, je relisais ma journée ce soir et rien.
Les élèves, gentils comme souvent, je ne vais pas dire encore merci pour ça.
Les collègues, sympas comme toujours, je ne vais pas dire encore merci pour eux.
Mon dîner prêt quand j’arrive, je ne vais pas encore raconter mon merci pour la douce habitude.
Ah…mais il y avait un petit paquet cadeau-douceurs du week-end bordelais du fiston passé en coup de vent entre son travail et sa maison, mais je ne vais pas encore remercier d’avoir des enfants adorables.
Les p’tits messages à répondre : j’ai des œufs frais, tu veux que je t’en dépose demain ? Je me suis débrouillée, tu auras bien de l’argile pour tes projets élèves la semaine prochaine ! J’ai retrouvé des BD sympas et pas vieillottes pour ton aumônerie, ça t’intéresse ? Mais je ne vais pas encore faire l’inventaire de mes mercis pour les p’tits trésors d’amitié qui m’entourent.
Bref, je relisais ma journée ce soir et rien.

Rien ?
Oui, rien d’extraordinaire.

J’ai pris quand même le temps d’écrire en une longue liste tous les petits mercis ordinaires.
J’en ai sûrement oublié tellement il y en a quand on écoute bien.
Rien ne sonnait faux.
Du vrai très simple.
Ça ne fait pourtant pas un grand et beau billet.
Un brouillon peut-être de quelque chose qui pourrait devenir important.
Mais une chose est certaine, ce n’est pas rien.

 

Merci.

P’tits cannelés bordelais de Carême 😉

 

 

 

Ce temps qui file

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Fin de la deuxième semaine. Je me dis souvent à ce moment du Carême, ça y est, c’est parti et si tu as un peu loupé le départ, il n’est pas encore trop tard… 40 jours, c’est long.

Je ne crois pas avoir loupé le départ cette année mais j’avoue que la reprise au collège, c’était sur les chapeaux de roue: deux longues soirées de conseils de classe, une fin d’emménagement d’aumônerie et une petite soirée d’installation pour de belles portes ouvertes ce samedi matin, oui, semaine pleine à rabord à laquelle s’est ajoutée une soirée en paroisse avec ma petite équipe de première communion, un après-midi de prépa d’éveil à la Foi – même si c’était avec le café ! et une promesse de visite à une vieille amie.
Je ne crois pas avoir loupé le départ cette année mais je l’ai peut-être un peu trop remplie cette semaine et la bonne sieste de laquelle je viens de me réveiller atteste que je n’ai plus 20 ans.  😉
En vrai, elle m’a bien questionnée sur mon temps ma p’tite sieste.

Juste avant, un grand merci en minuscules bouts de prières pour les rencontres lors des portes-ouvertes du collège ce matin: des futurs élèves de 6è bien sûr et des familles vraiment souriantes et à l’écoute mais aussi une ribambelle d’anciens élèves d’il y a quelques années venus nous saluer et raconter leur présent, venus aussi visiter nos nouveaux locaux. Et puis quelques (très anciens) élèves devenus à leur tour parents. J’ai une vraie, une immense, une profonde tendresse pour ces moments-là, possibles parce que je suis professeure dans mon petit collège depuis… 30 ans !

Elle a attendu un peu à l’arrière de ce groupe, avec son garçon qui rentre en 6è,  pour me redire son prénom et son nom. Comme à chaque fois, les années se sont bousculées dans ma tête jusqu’à ce que je la revois, au même âge que son fiston.
– Le temps passe vite ! a ponctué notre rapide inventaire de quelques souvenirs.

Elle m’a bien questionnée sur les pauses à se donner au cœur de nos temps bousculés.
Le temps passe vite. Inévitablement.
Savoir se donner un peu de temps. Pas facile.
Mais c’est peut-être dans nos petits instants libérés qu’on laisse de petits espaces pour Dieu. Il n’a pas besoin d’une grande place pour s’y trouver bien.

Merci, toujours, d’être là chers amis.
Je vous souhaite du temps, un peu de temps à prendre, à vous aussi.

à lundi,
Corine

 

Garder les clés

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Elle est arrivée avant moi. Elle n’habite plus la maison mais elle a les clés. Ils sont partis nos trois grands enfants mais oui, ils ont tous gardé les clés. J’aime bien cette idée de savoir que c’est toujours leur maison.
Elle est arrivée avant moi, ma journée au collège encore longue aujourd’hui. Elle était en train de préparer des pâtes comme elle les aime. Parce que les copains d’ici l’attendaient pour la soirée après, et qu’elle restera dormir à la maison, dans sa chambre d’il n’y a pas si longtemps plutôt que de rentrer de nuit chez elle.

C’est drôle de vieillir et de voir ses enfants grandir.
C’est doux. J’aime bien.
Il n’y a pas de nostalgie chez moi.
J’ai tout aimé d’eux, de leurs naissances à leurs premiers pas, de leurs écoles, collèges, lycées, études à leurs loisirs, amitiés, soucis, joies.
J’ai tout aimé de leurs temps avec moi, avec nous.
Et j’aime ce que je vis maintenant qu’ils n’habitent plus la maison mais qu’ils y reviennent, souvent.

En la regardant cuisiner ses pâtes, j’ai pensé au Carême un peu, à Dieu surtout.
Je L’imagine nous regarder vieillir et nous voir grandir. Veiller.
Est-ce qu’Il aime tout de nous, de nos temps avec Lui, de nos vies ?
Est-ce qu’Il guide toujours nos pas, pardonne tous nos faux-pas ?
Est-ce qu’Il garde les clés de nos cœurs encore ?

Elle a continué à bavarder, à rire, à raconter sa jeune vie de jeune prof. Je l’ai regardée.
On continue à bavarder, à rire, à nous raconter et vivre nos vies.
Dieu nous regarde.

Et Il est là, Il garde les clés.

 

Merci, pour cette bouffée de soleil, de bonnes pâtes et de douceur, encore.

 

 

Photographies

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Journée pleine à rabord, quelques mots ici quand même.

J’ai laissé un tout petit soleil dans mon casier de salle des profs.  Au soir, le chouette collègue d’arts plastiques y a déposé quatre magnifiques paysages, photographies  en noir et blanc. J’aurai voulu vous les montrer ce soir mais je ne les ai pas prises en photos.
– C’est pour l’aumônerie.
Il y a un olivier sur l’une d’entre elles, sur une autre, un filet de pêche.
Attentions délicates à Jésus.

 

Vous savez, on m’a souvent répété qu’un croyant joyeux et heureux de croire  valait toutes les bonnes paroles d’évangiles du monde. Je le vérifie depuis la reprise. Avec mes amies de la catéchèse au collège, mine de rien, on reçoit beaucoup: des petites attentions de tous les autres collègues même éloignés de l’Église et de Dieu. C’est tout, ça fait plein de bien.
On a dit notre joie je crois, simplement.

Je vous montrerai la déco, promis.

 

Merci à tous ceux qui rendent ce projet joli.

Presque rien

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Le mercredi, quand je peux, je file vers la petite ville proche. Il y a une amie qui y vit, seule avec  deux de ses enfants, l’aînée et c’est sa fierté poursuit ses études de médecine 3ème année déjà, un peu loin de la maison.
J’ai senti en entrant la joie de me revoir, de nous revoir, mais un peu d’inquiétude ou de fatigue, je n’ai pas su tout de suite. Et puis, les traits tirés. Elle a raconté un début de semaine difficile à cause d’une collègue absente à remplacer, a servi le petit café en souriant, m’a plaint avec toutes mes réunions après la classe, puis doucement a repris et noté le panier de courses qui augmente sans cesse, les légumes que son papa ne peut plus fournir depuis qu’il ne peut plus s’occuper de son jardin, les pâtes plus souvent qu’à leur tour mais on aime tellement ça tu sais. On n’est pas malheureux, un travail et il me plait mon travail tu sais c’est simplement qu’on est un peu justes dans le service en ce moment, un toit, les bourses pour ma grande et son courage de bosser les vacances pour ne jamais rien me demander, faut bien compter quand même tu sais mais ça va, vraiment on n’est pas à plaindre en vrai.
Elle a ponctué toutes ses phrases d’un “tu sais” s’assurant que je vivais bien sur la même planète.

Oui, je vis sur sa planète.

Le mercredi, quand je peux, je file vers la petite ville proche. Il y a une amie qui y vit, seule avec deux de ses enfants, l’aînée, et c’est sa fierté, poursuit ses études de médecine 3ème année déjà, un peu loin de la maison.
J’ai compris sa joie lorsqu’elle a sorti un petit carton.
Il n’y a pas grand chose dedans mais quelques pulls trop petits désormais, six seulement, tu sauras peut-être toi les envoyer…en Ukraine ?…les donner, tu sais. C’est presque rien, tu sais.

C’est tellement, si, de garder l’Autre dans nos cœurs, même fatigués.

 

Merci l’amie.

à rebours

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20 heures presque 30. J’ai quitté le collège dans la nuit déjà, après les deux premiers conseils de classe du trimestre. Voilà, j’y suis dans l’autre rythme et depuis les cours du matin,  après la jolie rencontre d’éveil à la Foi avec Annie cet après-midi, puis le retour au collège pour un rendez-vous de parents et les deux conseils, je ne sais pas trop où est mon soleil de Carême, ni mon merci.

20 heures bien passées, 21 heures bientôt. J’ai pris le temps d’une petite galette-salade tranquille. Silence dans la grande maison vide. Le p’tit mari en réunion, plus d’enfants. Je relis leurs messages d’hier, ceux qui m’ont fait rire. Petite prière pour eux l’air de rien, entre deux bouchées. Je les aime.

21 heures 14, j’allume l’ordinateur. Je ne sais pas mes soleils mais les mots viennent et se dessinent peu à peu en relecture de ma journée. Petite prière à rebours pour ces élèves à côté et pour ceux qui ne vont pas si mal croisés au fil des conseils de classe, pour mes collègues et notre boulot de prof, pour mes amis paroissiens, Annie et nos projets d’éveil à la Foi pendant ce temps de Carême, pour ces temps en classe que j’aime tellement mais tellement avec eux.

21 heures 17, à rebours, je relis à nouveau l’évangile de mon matin. Sa prière donnée, murmurée si souvent.

21 heures 20, je continue à rebours. J’ai oublié ça. Oh…mais oui, j’ai oublié ça.
Juste après ma prière ce matin, j’ai ouvert le journal.
La Une de Ouest France m’a mise en colère.
J’avais oublié ma colère au fil des heures.
Je vous la raconte, très vite. La Une et surtout l’article un peu plus loin mettait en avant une nouvelle “défaillance” de l’école qui n’inscrivait pas suffisamment à son projet l’éducation à la sexualité. Non, ce n’est pas du tout ça ma colère. Et même pourquoi pas, à rajouter aux cours de maths-français-EPS-musique-arts-techno-physique-chimie-histoire-géo-éducationcivique-latin-anglais-allemand-espagnol-SVT-préparationà la conduite auto-vélo-trottinette-récré-cantine-étude. On trouvera bien une place hein. Non, ma colère, c’est encore les raisons qui vont avec le gros titre. Parce que vous comprenez, elle le dit la petite dame dans l’article ” Faute d’enseignement généralisé sur le sujet, la pornographie se charge d’éduquer les jeunes à la sexualité.”
Mais bon sang , madame, messieurs, mesdames, jusqu’à quand l’école va-t-elle inscrire dans ses programmes les défaillances des ADULTES qui laissent d’autres ADULTES se faire du fric monstrueux sur des sites-n’importe-lesquels et ne rien légiférer pour protéger les gosses de toutes leurs merdes.  Ma colère est toujours vulgaire. Pardon. Je l’ai exprimée tout haut dans la salle des profs là où des collègues s’en sont aussi fait l’écho.

À ce moment-là, Manue s’est penchée à mon oreille:
– Que ferait Jésus…? C’est la question du Carême du jour.

J’ai souri en lui disant qu’Il aurait sûrement renvoyé les ADULTES à leur responsabilité.
Et je suis partie en cours avec ce truc au cœur :
Et Il aurait tout dit pour protéger les enfants.

 

21h33. J’ai oublié ma colère très vite et dans mes cours ce matin, en réunion avec Annie, à mon rendez-vous avec des parents, dans mes deux conseils de classe, Il était là, Jésus, dans un coin de moi.
Continue à protéger, à aimer, au mieux, comme tu peux, ceux que tu croiseras, ces enfants, ces jeunes. Même en colère, continue à croire qu’ils valent toujours mieux que ce que beaucoup d’adultes leur donnent en pâture.

21h41. J’ai redis Sa prière.

Merci Jésus, oui, de me tenir la main.

 

Et merci Manue.

 

Déménager

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Le Carême a déjà pris une nouvelle couleur. Non le violet n’a pas encore viré au rose 😉 mais ce matin, c’était reprise au collège. Avec la fin des vacances de février, je sais que mon Carême va suivre désormais le rythme du collège, des voyages scolaires et d’une semaine un peu à part pour mes 6è, des conseils de classe, d’un petit séjour en abbaye, de réunions, bref, du boulot de prof et un peu plus que ça.
Le Carême a déjà pris une autre couleur. Être professeur dans un petit collège de l’enseignement catholique qui a presque zéro moyen pour sa pastorale depuis 50 ans, c’est aussi, avec mes deux amies collègues et la bienveillance de tous les autres, animer des temps de catéchèse, préparer des célébrations de rentrée, de  Noël et de Pâques, proposer une rando à Bellefontaine, un séjour en abbaye… mais c’est surtout faire ce qu’on peut pour laisser une place oh ! pas seulement à notre religion, non, non, mais au partage, à la Parole de Dieu, à la prière.
Tiens donc, un vrai goût de Carême tout ça.
Le Carême a déjà pris une belle teinte. La reprise aujourd’hui, c’était aussi la fin de notre déménagement de la petite aumônerie toute neuve. Et voilà, comme vous l’avez compris, on n’a pas trop de moyens ( mais quand même une jolie aumônerie réalisée dans un vieux bâtiment refait à neuf à l’intérieur c’est vrai), alors, on a dû faire de la récup pour aménager une salle devenue fort sympathique et chaleureuse. Récupération de tables à droite et à gauche, de vieilles chaises rigolotes, d’une bibliothèque (piquée au CDI chut), d’un vieux petit meuble pratique, d’un vieux canapé recouvert assez  joliment. En regardant le résultat ce soir, on était vraiment contentes. Vraiment. Il y a encore à faire mais le lieu donne envie de s’y installer un peu. En plus, le chauffage fonctionne bien. Je crois que c’est mon soleil du jour.

Déménager de vieux meubles, récupérer, nettoyer, retaper un peu, on a fait quelque chose de beau, de chaud, de doux où on a envie d’être bien.
Peut-être bien que cela m’invite à continuer mon Carême de cette manière. Déménager un peu le vieux en soi, l’abîmé, le triste pour rendre l’intérieur un peu plus beau, un peu plus chaud, un peu plus plus doux.

Et en rentrant au soir.
-Alors le vieux canapé ?
-Super chouette ! Avec la nouvelle housse jolie, vraiment joli!
-Une nouvelle vie donc !

 

Mais oui !

Merci.

Laisser la porte ouverte

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Fin de cette première semaine de Carême, moitié de semaine mais pas vécue à moitié !

Il y a une vraie joie pour moi chaque année à entrer en Carême, une vraie envie de le vivre pleinement en paroisse, au collège, en famille et une profonde sincérité à donner plus de place à Dieu dans ma petite vie. En même temps, il y a une certitude aussi : jamais 40 jours ne suffiront, même répétés chaque année de ma vie – elle me l’a bien dit dans mon auto mercredi soir et son éclat de rire n’était pas dupe, non, jamais 40 jours ne suffisent ! Ils sont simplement un beau, parfois rude, souvent joyeux, mais beau chemin que mes pas aiment prendre. Un pèlerinage à aimer.

Il y a déjà eu des kilomètres de petites prières qui ne ressemblent à rien d’autres qu’à L’aimer toujours plus. Il y a eu un essai de jeûne raté mais pas tant que ça. Je me suis un peu amusée à raconter hier toutes mes tentatives de jeûnes en une, rarement réussies au fil des ans parce que je suis ainsi faite, du plus de partages bien davantage que de mes petites privations qui, pour moi, restent toujours égoïstes et stériles. Au terme de cette première semaine de Carême, je garde un mot au fond de ma poche, un mot encore à comprendre. Aumône.

Des trois piliers du Carême, c’est toujours ce mot qui paraît le plus vieillot. Ni la prière, ni le jeûne ne sont démodés aujourd’hui, c’est vrai qu’ils sont souvent à côté de mon Église dans ces pseudos-programmes-pour-être-bien mais pas démodés. L’aumône en revanche, si. Le mot n’est plus dit, souvent mal compris. Sans tambour ni trompette, Jésus nous invite au don de soi aux plus démunis. Pas de reconnaissance sociale, se donner tout entier, geste d’amour gratuit. Balèze dans un monde où la charité est souvent bien ordonnée et mise en scène. Alors, sans tambour, sans trompette, on gardera si vous voulez bien nos dons pour son regard à Lui, Lui seul.

En revanche, je peux vous raconter ce joli mot d’un de mes collégiens qui découvrait l’aumônerie juste avant les vacances de février. Alors qu’il me demandait ce que signifiait le mot aumônerie et que je lui expliquais aumône et l’origine de ce lieu d’accueil dans las abbayes, il a simplement ajouté:

-il va falloir laisser la porte ouverte à Dieu alors.

Balèze.

 

Laisser notre porte ouverte à Dieu.

Mais oui.

Merci.

 

Et un déjà grand merci chers amis lecteurs et lectrices pour vos petits mots toujours adorables ici et ailleurs en vrai, pour vos ♥ et vos partages sur mon vieux facebook,  mon vieux twitter, mon moins vieux mastodon. Merci parce que vous savoir là donne à mon Carême du sens, en vrai.
Bon premier dimanche et à lundi, avec joie…
Corine

 

Affamés

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Billet un peu plus tôt aujourd’hui, vous comprendrez.
D’abord, je vous demande pardon avant de commencer parce que ce billet manque de sérieux ou de Carême ou simplement vous dire que l’humour est un drôle d’endroit parfois mais qu’il me semble toujours bon de s’y retrouver.

 

Non, je ne cherchais pas à me mortifier dans un effort surhumain, c’est pas la peine d’en rajouter. Non je ne cherchais pas un truc qui s’occuperait de mon nombril pour être enfin une bonne catho, c’est pas la peine de me juger.

Non, vraiment pas, je vous assure, c’est pas mon genre.

En vrai, j’ai simplement écouté mon curé dimanche qui disait qu’il était gourmand et que c’était pas si facile pour lui le jeûne de bottereaux notamment. J’ai lu aussi un truc sympa sur une fille qui jeûnait ses vendredis de Carême et qui en profitait pour aider des gens de la rue.
J’ai encore entendu ce matin un autre ami prêtre qui racontait que oui, ça faisait du bien à l’intérieur. Du bien mais surtout de la place pour Dieu.
Bref, j’ai pas tout saisi parce que moi, Dieu je ne le mets pas dans mon ventre enfin si un peu mais je me suis dit ma petite, tu pourrais quitter ta cuisine chaque vendredi et jeûner.

Jeûner. J’ai lâché le gros mot.

Pas pour me faire du mal au bide mais pour faire du bien à ma gourmandise que je ne prive jamais. Tiens, tu pourrais même en profiter pour aller faire un truc sympa au moment du déjeuner ou du dîner genre une balade-prière pour ta pomme  les courses pour mamie ou pour Liliane ou tu trouveras bien. Et puis quand tu auras repris le boulot, tu pourras profiter de ce temps pour ouvrir la  nouvelle, belle, chouette aumônerie du collège sur le temps de midi au lieu de te planquer tranquille à la cantine.
Voilà, vous voyez, j’avais des super bonnes idées.

 

16h00.  L’heure du goûter. Je suis juste affamée.

 

C’est vrai, je suis allée voir Liliane qui n’avait besoin de rien et qui mijotait tranquillement son veau marengo.
C’est vrai, je me suis bien affairée en tous sens pour oublier mon bide.
C’est vrai j’ai mis plein de chansons que j’aime, j’ai fait plein de ménage, trié des classeurs, j’ai occupé l’espace, rempli du vide par du vide.
Dieu n’a eu guère de place en vrai, mon cœur corps trop occupé à se mortifier à essayer de prier sans y arriver.
16h30. Je suis juste à mille lieues de qui je suis, de ma cuisine que j’adore partager, de ma grande table joliment ouverte et surtout de ce pourquoi je veux faire de la place à Dieu dans ma vie. Mais je vais tenir je me dis.

 

16h30 et quelques poussières. Il est rentré d’un p’tit reportage. Loin, si loin de tout ça. Mais si affamé de Dieu pourtant.
-Dis, on se ferait bien un tout petit resto de fin de vacances, histoire de nous redire nos bonnes nouvelles, de partager tout ça, dis ?

16h30 et un peu plus de poussières.
Tout s’est bousculé. J’ai vite décidé. J’ai appelé le p’tit resto ami.

Si.

Merci ma vie.