Il y avait plein de soleil. Sur ma route, dans la cour de récré, dans la salle des profs aussi.
Il y avait une belle énergie, beaucoup de sourires, sans doute des tristesses un peu cachées aussi.
Même avec un février tout ensoleillé, on sait très bien qu’un retour au collège est pour certains parfois compliqué. Mais, là, au détour des premières heures d’un premier jour, j’ai vu surtout du léger et l’envie de recommencer.
Et ça faisait juste du bien.
Ça faisait juste du bien de retrouver leurs mines de 12 ans à peine, leurs mots sur mes textes, leurs rires sur mes lectures. Il y a dans le début du collège encore un petit reste d’enfance.
Un petit reste d’enfance qui fait juste du bien.
C’était un joli défi, lancé avant les vacances. Les volontaires s’étaient inscrits, nombreux. Plongés dans Vendredi ou la vie sauvage, on avait décidé un concours de la plus belle île. Robinson n’avait qu’à bien se tenir : à coups de crayons, de colle, de ciseaux, ils avaient décidé de lui offrir l’image de son rêve. Une île en grand.
Ils sont arrivés dès la première heure chargés de leurs maquettes. Grandes, colorées, astucieuses, drôles même. Ils les ont déposées, les unes à côté des autres, les admirant déjà, observant ceci chez l’un, cela chez l’autre. Il y avait beaucoup de joie à raconter les comment, les pourquoi et les belles heures vacancières passées à leur projet. Chacun n’avait eu qu’une même idée: créer sur tout l’espace imparti la maquette qui serait la plus visible… et on votera oui pour savoir qui a gagné.
Elle ne disait rien. Mais souriait.
Elle a sorti une toute petite boîte noire et l’a posée devant elle.
– Madame, c’est ma maquette.
Une grosse boîte d’allumettes. Elle l’a ouverte. Un petit trésor à l’intérieur.
J’ai souri.
– Vous savez, il ne manque rien… J’ai bien suivi la description de Michel Tournier.
Je voyais en effet.
– Je voulais que ce soit petit. Les choses petites, elles ne se voient pas bien, elles ne font pas beaucoup de bruit, elles sont comme un peu perdues mais ça ne les empêche jamais d’être importantes. Je trouve que ça ressemble bien à Robinson et à sa vie sur l’île, voilà, c’est pour ça le petite boîte.
Au soir, je repense à sa petite boîte et à sa jolie explication.
Je ne peux pas m’empêcher de glisser dans les mots de ma p’tite prière ses mots de petite fille. Si justes sur toutes les petites choses.
Comme les gens qu’on ne voient pas très bien, ceux qu’on n’entend jamais, ceux qui semblent loin.
Comme les p’tits riens de nos vies, ceux qui ne font pas de bruit, ceux qui paraissent dérisoires.
Comme nos heures anonymes, celles qui ne s’affichent pas, celles qui construisent en silence, celles qui nous font pourtant.
Celles que seul Dieu voit. Petit trésor au fond de nos boîtes.
Ça ne les empêche pas d’être importantes.
Essentielles.
Tellement.
🏝️ Très joli !🙂
Oui! La vie avec les jeunes collégiens peut l’être 🙂