“…mais courage !” Ce p’tit matin de lundi a ouvert sa prière et sourit.
Parfois, souvent même, c’est vrai qu’un mot de l’évangile du jour me fait sourire. En général, il est sorti du contexte de l’Écriture, c’est un peu le jeu. Ce lundi matin après un long week-end tout cocon n’a pas manqué de me rappeler que devant une journée pleine de cours qui allaient s’enchaîner, il y avait toujours cet espace avant de redémarrer où se glisse un ” je n’ai pas beaucoup de courage ce lundi…”
“…mais courage !”
L’ évangile avait donc cette allure de coup de main bienvenu.
Et la journée a commencé. Une heure, deux, trois. C’était bien parti quand à la fin de cette troisième heure qui attendait une quatrième, il a fallu comme à l’habitude et assez vite, distribuer le gel parce que ceux-là filent à la cantine, désinfecter les tables, ouvrir toutes les fenêtres pour aérer la salle et ne pas traîner à rejoindre la classe suivante, alors j’ai empoigné mon cartable qui le bougre, ventre repu du lundi, a fait claquer son ouverture et a déversé à mes pieds son contenu sans avoir eu le temps de réagir. Oui, de quoi être essoufflée rien qu’à le dire. Adieu livres, cahiers, classeurs, dégringolés les uns sur les autres, mêlant leurs pages, faisant valser leurs anneaux, déversant leur mots tristement au long du grand escalier extérieur… trempé d’une pluie qui battait le pavé depuis l’aube. Le lyrisme n’y était pourtant pas lorsque, face à l’ampleur de la scène, un regard sans doute désespéré passa au-dessus de mon masque.
“… mais courage Madame !”
Et leurs petites mains bienveillantes ont attrapé mes trésors de prof avant même que je ne réalise. Quelques feuilles humides mais si peu. Elles m’ont suivie, chargées de mes cahiers défaits et de mes classeurs sens dessus dessous jusqu’à ma dernière heure de la matinée. Les grands qui m’attendaient ont commencé leurs recherches étymologiques avant même que je leur rappelle notre petit rituel:
” …courage Madame, on fait notre défi et on vous aide ! “
Pas besoin, leur calme de 10 minutes a presque suffi. L’essentiel était sauf.
Enfin, l’après-midi s’est fort bien passé.
Au retour, ce soir, dans ma p’tite voiture – haut lieu de relectures de mes journées – je me suis dit que le courage, petit courage tout relatif de ma journée, n’était rien et que le courage, petit ou grand, existait peu sans la bienveillance, la gentillesse, les coups de main des quelques-uns bien intentionnés qui croisent nos chemins. Plutôt que simplement le souhaiter, comme ces “courage! ” que je lance en l’air parfois, offrir de quoi le mettre en route, c’est plutôt bien.
“…mais courage !”
Ce p’tit lundi a ouvert sa prière et sourit en clin Dieu. Merci.
Tu m’as fait sourire, merci !
Je crois que nos petits courages sont comme nos petits oui, petits mais ils nous donnent la force d’avancer.
Peut-être bien. Merci de ton passage Anne. 😍😘