Il est des chemins qu’on emprunte peu.
C’était un cadeau. J’avais désormais deux chiffres à mon âge et une marraine parisienne qui n’attendait que ça. “Il est temps que vous l’emmeniez à la Capitale cette petite.” Un long voyage en train, un compartiment comme une maison de poupée avec une porte qui coulissait sur un minuscule couloir, les sandwichs enroulés dans des serviettes et les crêpes de Grand-mère pour la route, les histoires de Grand-père sur une Libération qu’il pouvait me raconter parce que maintenant j’avais 10 ans.
C’était un cadeau. Une semaine à découvrir tous les trésors de la Ville. Les musées, les monuments, les rues. Les églises.
Et Notre-Dame.
Je ne me souviens pas de tout mais j’ai gardé quelques sourires en photos qui rappellent ce premier voyage et un gros livre de poche.
Mon premier livre de poche. Le premier d’une longue collection.
C’était un cadeau. Nous étions entrés dans une librairie comme jamais je n’en avais vue. Des lignes de livres comme si tous les murs ne savaient qu’écrire.
Tu peux choisir un livre pour ton anniversaire.
J’aurais pu continuer ma série de Club des cinq, puiser dans une ligne de bibliothèque verte qui semblait ne jamais s’arrêter, choisir un album en couleurs sur les grands noms de la ville. Mais non. Il y avait là des lignes de dos blancs qui captaient mon regard, des dos tout simples, rangés trop sagement par ordre alphabétique, presque austères. Et ma tête légèrement inclinée pour lire une succession de titres écrits en noir et dont je ne mesurais pas encore la richesse.
Je découvrais les livres de poche.
J’ai passé doucement mes yeux comme une main qui cherche et je me suis arrêtée là.
Notre-Dame de Paris. Victor Hugo.
Je ne sais trop pourquoi ce fut celui-ci mais je sais que de là est née une passion pour Hugo qui, quelques années plus tard, m’a embarquée dans des études tant aimées, une passion pour chacun de ses personnages et un grand amour pour Notre-Dame. Le roman et le lieu, puisque jamais les deux ne se sont séparés.
C’était un cadeau. De retour au bord de mon océan puis dans ma campagne angevine, je n’ai jamais prié au cœur de la cathédrale. Jamais. Même plus tard lorsque j’y suis, à de multiples reprises, retournée.
Peut-être que les cathédrales, trop majestueuses ou trop immenses, taisent mes mots pour Lui parler et que mon silence qui déambulait dans les allées, se posait près de la Vierge de Claudel ou sur un bout de banc priait.
Mais souvent, bien loin de Paris, j’ai ouvert mon vieux roman et c’est au creux des mots d’Hugo que j’ai murmuré des bouts de petites prières.
Hier soir, encore.
Une petite prière pour qu’elle reste debout.
C’était un cadeau.
Merci pour ce bel hommage.
🙂
Merci de tes mots-cadeau 😉
😉