– Précieuses.
Je ne sais pas comment ni pourquoi l’adjectif m’a paru évident quand ma collègue m’a demandé:
– Et ça se passe comment les heures là-bas…je veux dire… elles sont comment ?
– Précieuses.
Voilà. Il suffisait d’un mot un peu désuet peut-être même démodé, un mot qui ne dit pas exactement quoi mais un mot qui renferme de l’or.
Parce que ces heures renferment de l’or.
Précieux.
Comme un temps à retrouver et un temps à perdre.
Un temps hors de notre temps si bruyant si malmené si difficile et en même temps où l’on est bien dedans.
Un temps à la fois plein d’évidences et de contradictions. Comme essentiel.
Voilà. Je ne compte plus le nombre de virées avec mes collégiens dans ce monastère niché dans un coin de ma campagne. Je ne sais plus vraiment pourquoi un jour j’ai décidé de les y emmener. Je ne mesure pas ce qu’ils y trouvent ni ce qu’ils y cherchent.
Je sais seulement leurs mots d’enfant en prière, leurs mots qui ne savent pas, leurs mots qui osent questionner. Je sais leurs pas sur le chemin entre les vignes, leurs rires auprès de Sœur Renée, leur simplicité. Je sais leurs yeux quand ils découvrent la chapelle, leur étonnement, leurs sourires. Je sais leurs silences, leurs mains qui allument un grand feu dans la vieille cheminée, leur joie. Je sais leur soif et Dieu qui est là.
Je sais seulement que demain soir, on part pour 24 heures, précieuses.
Bonnes heures avec tes jeunes Corine!