Puiser

Longtemps, j’ai cru que seuls les vieilles personnes, les religieuses, ceux qui vraiment ont du temps y allaient.
Un peu plus tard, de toutes les  façons, c’était impossible parce que 18h30, c’était l’heure du bain de mes petits.
Après, c’est devenu l’heure de leur filer un coup demain pour leur recherche avec madame Machin qui demandait la veille pour le lendemain un truc à trouver dans l’internet si les parents voulaient bien.
Plus tard,  ce fut le moment où on se posait parfois sur un bord de lit pour causer un peu. Ce n’est pas toujours si simple de grandir.
Et puis, ils ont grandi et il n’y a plus eu vraiment de raisons pour que 18h30-le-jeudi soit occupé, sauf quand il y avait conseil de classe mais c’est pas tous les jeudis.
Alors un jour ou plutôt un soir, un jeudi soir, je me suis dit pourquoi pas.

Je ne sais plus il y a combien de temps. Ce que je sais c’est que j’ai eu l’allure un peu idiote, moi qui vais quand même à la messe le dimanche, l’allure idiote de chercher l’entrée de celle-là.

La p’tite messe de 18h30 dans la crypte de l’église, l’autre église, pas celle du dimanche.

Je m’en souviens très bien même. J’ai attendu de voir si quelqu’un venait et je l’ai suivi. En fait, c’était quelqu’une. Même qu’elle m’a souri en me disant qu’elle venait tous les jeudis. Forcément, elle a compris que j’étais là pour la première fois. J’ai compris ce jour-là que ça devait pas être très fastoche le premier pas dans une église parce que quand même on est un paquet d’habitués. On les repère un peu les nouveaux. Et  même si on leur sourit un max, ils ne se sentent pas chez eux tout de suite, pas très à l’aise parfois.

Elle m’a souri un max quand je me suis assise là, sous la voûte de tuffeau. C’était beau.
Après, c’était une messe, une petite messe de semaine, ça, je savais.

 

18h22 ce soir, j’y file, allez. Depuis la rentrée, mes jeudis soirs avaient été bien occupés ici et là.
18h23 ce soir, ces copies qu’ils viennent de me rendre, hâte de les lire quand même…
18h25, ce soir, enfin allez, j’y retourne.

La crypte, sa lumière. Le Christ, son bois brut que j’aime à regarder.
Les amis, une petite vingtaine ce soir.
Notre chouette curé François. Ses mots. Nos prières.
Sa paix.

19h01. On s’est dit bonsoir, bon courage ou bonne fête. J’ai murmuré merci aussi.

 

Longtemps, j’ai cru que seuls les vieilles personnes, les religieuses, ceux qui vraiment ont du temps y allaient. Maintenant, quand je peux, je ne la loupe pas ma p’tite messe de semaine. Je ne suis pas si vieille, encore moins religieuse et je n’ai pas toujours le temps. Mais c’est comme si …comme si Jésus me donnait un peu plus de son amour ces soirs-là.
Non… Ce n’est pas ça.
C’est moi.

C’est Son amour.
J’y puise davantage.

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