Peut-être qu’il y a pas mal d’habitude, peut-être un soupçon de cette conscience qui tiraille, peut-être un pied-de-nez à la mort, celle à laquelle on croit échapper un peu, nous, encore un peu.
Je ne sais pas ce qui pousse les gens à prendre ce temps d’aller mettre une belle potée de chrysanthèmes sur les tombes. Sur leurs tombes. Celle du grand-père, celle de la vieille cousine, celle de la sœur tant aimée. Celle de ce gamin foudroyé en pleine jeunesse, celle de cette petite qui ne voulait plus vivre, celle de Manu mais c’est bien trop jeune pour mourir d’un cancer.
Je ne sais pas mais les cimetières de ce temps de Toussaint me touchent.
Ils m’ont toujours touchée à ce moment de l’année, là où les peines encore vives croisent les vieux souvenirs délavés par le temps.
Il pleut. Si souvent ces jours-là.
Parfois un rayon de soleil sur les pierres humides fait perler les gouttes restées sur les pétales jaunes vifs, fait briller les orangés devenus éclatants, fait presque oser les rose pâle qui alors s’étalent.
Il pleut. J’aime les voir passer, les gens emmitouflés dans leurs souvenirs se racontant celle ou celui qui n’est plus.
J’aime écouter leur silence aussi. Ils ne prient pas.
On dirait qu’ils prient pourtant.
Je ne sais pas ce qui pousse les gens à venir fleurir les tombes.
Je ne sais pas si cela se fait moins qu’avant. Chez moi, les cimetières sont couverts de couleur. On vient nombreux. En famille. Peut-être qu’il y a pas mal d’habitude, peut-être un soupçon de cette conscience qui tiraille, peut-être un pied-de-nez à la mort, celle à laquelle on croit échapper un peu, nous, encore un peu. Un jour, ce sera nous. Aussi.
Je crois qu’il y a cette question. Celle qui accroche nos vies à l’âpre de notre existence.
Et après ?
Qu’on ose espérer ou qu’on ne croit pas, il reste que tous les lits de granit fleuris des soleils d’automne me font sourire, sourire très doucement.
Peut-être parce que j’ai toujours l’impression, à ce moment-là, qu’ils donnent à l’absurdité de nos vies une petite, une vraie, une audacieuse raison d’espérer.
Souvent a cette epoque de l’annee les cimetieres chez moi sont recouverts de neige. Il y a quelque chose de beau aussi à deposer un manteau blanc sur nos morts qui reposent, quelque chose d’apaisant. Merci Corine pour tes mots si doux
Bises Nicole ! et merci <3
C’est vrai que c’est beau un cimetière début Novembre.
Mais moi je préfère y aller quand il n’y a plus de monde, lorsque les fleurs sont fanées et ont subi les dommages de la météo. Je préfère y aller pour dire à mes morts et aux autres que je ne connais pas : voilà je viens pour vous pour vous dire que vous restez dans mon cœur pour vous rendre visite même si c’est pas le moment de la Toussaint. Pour dire vous m’accompagnez toute l’année. Et que je vous aime.
Ton texte est très beau corinne et très doux. Il m’accompagnera aussi pendant l’année 😊
Bises et bonne journée.
Merci Valérie, merci pour tes mots si doux aussi. 🙂