Vent frais, vent du matin

Jour 3

La chanson est partie presque toute seule.
Il suffit de décembre, d’un calendrier de l’Avent, et surtout d’un temps tout glacé, tout vif, tout neuf, arrivé sans prévenir ce lundi matin à l’ouest.
La collègue est sortie de sa voiture en même temps que moi, un petit bonjour et un ” mais quel vent glacial ce matin” a suffi. La chanson est partie de nos deux voix, presque toute seule.
“Vent frais, vent du matin…”
Dix mots à peine et on a cessé notre petite ritournelle en poussant la porte d’entrée du collège mais je crois que l’effet était là.
Un peu de joie complice d’un tout petit instant. On était en décembre. Enfin.

Et je me suis rappelée l’espace de cet instant les canons de mon autrefois de petite fille, ceux qui démarraient en cacophonie au début des premières répétitions de décembre et se terminaient debout, droit comme des i, heureux et fiers d’entonner un chant à trois, quatre, parfois même cinq groupes de voix différents.  J’ai toujours aimé ça, les canons. Il n’y avait pas seulement un chœur à l’unisson, on pouvait parler de cœur je crois. Quelque chose se passait chaque fois que l’on chantait ensemble, veillant à bien rester dans son groupe, à ne pas se laisser troubler par les voix différées et à arriver au bout, ensemble.
J’ai appris “vent frais, vent du matin”, petite. Je me souviens qu’on répétait parfois à la  récréation parce qu’au dehors il tempêtait ou il pleuvait trop et il devenait très dangereux de nous y laisser courir. Le soir, celui juste avant les vacances de Noël, on offrait un petit concert à nos familles. Les canons faisaient leur effet. C’était beau et on était heureux.

La chanson est partie presque tout seule.
Je l’ai gardée toute la journée, c’est toujours comme ça avec la première chanson du matin, pas vous?
Je me suis rappelée les canons de Noël et la joie d’être ensemble.

 

Jour 3
Peut-être bien que l’Avent a quelque chose de ce “vent frais, vent du matin” en canon: plusieurs voix sur le même chemin mais pas toujours en même temps. Et au final, ça donne quelque chose de beau, tout ce qu’on vit chacun de notre côté mais dans ce même temps d’Avent, comme ensemble. Un calendrier et un temps liturgiques qui nous redisent que beaucoup d’autres sont aussi sur ce chemin, comme nous.

Seigneur, aide-nous à cheminer à notre rythme sur cet Avent qui commence, peu importe les différés, les “en avance”, les “en retard”. Fais que nos voix, nos pas, nos cœurs, se retrouvent au bout du chemin. Pour du vraiment Beau.

 

 

Je n’ai pas résisté à vous partager la version de Cécile Corbel, une belle artiste à écouter.  🙂

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