Il m’arrive souvent, de l’automne au printemps, de traverser ma route de campagne de la maison au collège le nez dans le brouillard. Il ne s’agit pas d’une métaphore pour un cerveau qui serait embrumé, mal réveillé, ailleurs. Non. Je conduis réellement en presque aveugle, scrutant le tout- devant de l’auto qu’éclairent partiellement ses feux. C’est toujours un peu étrange parce que, malgré tout, je connais la route. Par cœur. Et je ne ressens pas le danger d’une route inconnue dont je ne verrais ni les courbes, ni les croisements, ni les imprévus. Là, je peux presque tout anticiper. Finalement, en plein jour ou voilée de brume, ma route, je la suis, je la sais, je file sans trop m’inquiéter. Pourtant, il m’est arrivé, au détour d’un virage, d’éviter de justesse un danger. Et de me redire attention, la brume n’est pas encore dissipée.
J’ai repensé à cela aujourd’hui. Et là, pardonnez-moi, j’ai joué un peu sur la métaphore. J’ai pensé à ma route embrumée en regardant mon Église. Parce que finalement, je me suis rappelée que je suivais Sa route, à Elle aussi, souvent dans un vrai brouillard. Pas très au clair sur ses statuts, sa théologie, ses doctrines. J’ai même eu plus souvent qu’à mon tour l’impression de m’en ficher, que rien n’était plus important que Dieu et ma Bible, que Jésus et son Evangile et que l’Esprit Saint, mon guide dans tous mes brouillards. Que cette Église, bien humaine, je la prenais de haut.
J’ai bien failli raté le virage, tombé dans les ornières, oublié le roc rassurant et solide sur lequel Elle devait être.
J’ai eu peur de me perdre, de La perdre, ressenti la colère de m’être trompée de chemin, éprouvé ce drôle de sentiment : c’était bien plus qu’un brouillard épais qui L’entourait et je n’y voyais plus rien de beau.
Depuis un mois, Les discussions sur le rapport Sauvé avec mes amis paroissiens, avec mes amis, avec mes proches, mes lectures aussi, ont levé un premier voile. Apprendre, souffrir, prier. Dévoiler.
Ce soir, je lis les communications et résolutions de nos évêques et je crois que je n’ai pas eu tort de prier, d’y croire un peu mais…
Mais, je sais les routes. Les brumes sont tenaces. On croit pouvoir avancer quand même, par habitude, et on oublie que la petite brume n’est pas tout à fait dissipée.
Ma route de campagne embrumée, sinueuse, reste dangereuse et j’y sais bien tous les dangers.
Mon Église n’a pas fini de lever les voiles qui pèsent. Il ne faudra pas que je l’oublie, avec mes amis paroissiens, mes amis, mes proches, avant que les brumes, dans leur entier, ne soient elles aussi dissipées.
Merci Corine pour ce beau texte. Rien n’est jamais acquis, ils nous faudra attendre le ciel et nous cheminons à tâtons mais toujours sur qu’Il n’est pas loin, comme Il nous l’a dit.
Pas facile de vivre tout cela et de rester attacher à cette communauté humaine de croyants, de pécheurs, qui cherche ce chemin de sainteté à la lumière des béatitudes.
Merci François…pas facile mais je crois que nous y parviendrons. 🙂