On m’a soufflé que donner du beau à voir, ce serait plus qu’une gageure pendant ce Carême.
J’ai cru que ce petit mot soufflé avait raison. Peut-être oui, une gageure.
J’en suis beaucoup moins sûre en cette veille des Cendres. J’ai pourtant mille raisons de dire que le moche est absolument partout. Au détour d’une dictature, au bord d’une guerre, au creux d’une violence abjecte, au fond du minable, du mauvais, du mal. Dans les yeux d’un enfant qui meurt, dans les bras d’une mère qui le perd, dans les cris d’un père qui le retient.
Sûrement oui, une gageure.
C’est toujours un truc presque impensable de regarder le beau, de le chercher encore, d’oser même le dire. Cela semble futile. Et insolent comme la vie.
Insolent.
Et pourtant au détour de bras qui se lèvent, au bord d’un morceau de paix, au creux d’une douceur indécente, il y a ce quelque chose de beau.
Dans l’Espérance, la tendresse, l’amour, il y a toujours quelque chose d’essentiellement beau.
Essentiel.
Mercredi des Cendres.
Il y aura demain la poussière, ces gris, nos fragilités.
Il y aura demain Sa croix tracée sur nos fronts, à peine visible, discrète.
J’oserai dire qu’elle est belle.
Petit bijou, porté avec mes peines, porté avec mes joies.
Espérance d’un amour infini. Belle, malgré absolument tout.
Belle entrée en Carême, je viendrai vous retrouver le soir, parfois un peu tard sans doute, pour essayer de donner à voir le grain de beauté de ma journée.
à jeudi