Il y a des routes qui sont belles parce que je sais où elles me mènent.
Celles vers ceux que j’aime, celles vers l’océan et celle-ci.
C’est une toute petite route de campagne, très sinueuse, qui quitte les champs pour suivre les vignes. Les villages traversés semblent d’un autre temps et certains noms laissent imaginer le sucré de leur vin. La pluie a cessé. Un arc-en-ciel me fait un joli clin Dieu. Je dépasse Saint-Aubin-sur-Layon. J’y suis presque.
Le monastère de Martigné-Briand a laissé son grand portail blanc ouvert.
Je sais les murs ocre, l’immense platane plus que centenaire, et le beau silence.
Ce soir, je retrouve la paix.
M’emplir de paix pour la donner au monde.
Il y a des routes qui sont belles parce que je sais où elles me mènent.
Celle-ci, elle me pousse jusqu’à Toi. Comme celle qui me guide vers ton océan. Chaque fois que je prends la route vers le monastère ou vers la Bretagne, j’ai le même sentiment : c’est comme si j’allais chez Dieu plutôt qu’Il ne vienne chez moi. C’est toujours étrange.
Et puis, parfois comme aujourd’hui, il y a ce sentiment mêlé d’un peu de tristesse de quitter seule la maison et la famille le temps d’un week-end et, en même temps, la joie de retrouver les Sœurs, leurs prières et la chaleur de leur chapelle. Et finalement la joie d’être seule aussi.
Il est un peu tard.
Il n’y a plus un bruit.
Ce soir, c’est mon petit ordinateur qui ronronne le temps d’un billet.
J’ai peu de temps parce qu’ici le temps est ailleurs. Et peu de mots finalement pour dire le beau de mon refuge.
Et je me dis que mes routes sont belles non pas parce qu’elles le sont mais seulement parce que Dieu, têtu et fidèle, se retrouve toujours au bord de mon chemin.