Il y a eu ceux qui n’ont pas osé l’enlever en descendant du car, celles qui l’avaient sous le menton, celui qui est venu sans le grand sourire aux lèvres, celle qui le gardait dans sa poche, ceux qui avaient l’impression qu’il leur manquait un truc, celles qui se cachaient encore un peu derrière de gros foulards.
Il y a eu leurs yeux qui nous ont dévisagés toute la matinée.
Puis, il a fait très beau. La cour de récré a retrouvé son animation, ses sourires.
Au soir, ils ne nous regardaient plus.
Demain, l’habitude du masque sera presque oubliée.
De ce long lundi, revenue sur la terre du collège, je n’avais rien vu de très beau.
Si ce n’est tous leurs visages en entier et leurs sourires en vrai.
Mais, en quittant le dernier cours de la journée, j’ai suivi dans les escaliers ces deux filles de 3è, deux chouettes filles, deux amies, souvent drôles et touchantes, pleines d’un humour pas si fréquent à leur âge je trouve. Et j’ai saisi des bouts de leurs mots.
– Mais c’est la beauté intérieure qui compte !
Éclats de rire.
– Non mais le masque, ça cachait bien mes boutons quand même !
Nouveaux éclats de rire.
– C’est rien tout ça, il y a mille fois plus grave que nos tronches !
Rires à l’infini.
Belles.