Parfois, mon cœur parle un peu trop vite.
Je savais la semaine pleine à ras bord pourtant, mais j’ai dit:
– Je peux faire des pains sans levain.
Parce que, ce mercredi, c’est leur journée de retraite de première communion, qu’ils vont jouer la Pâque juive, le dernier repas de Jésus et l’Eucharistie pour essayer de comprendre et qu’une boule de campagne ou une baguette de pain blanc sur les tables, ça me disait pas trop.
Parce que ce mercredi, je me suis dit qu’il pourrait l’imaginer d’une belle façon le pays de Jésus en posant sur les tables des galettes de pain azyme.
– Je peux faire des pains sans levain si vous voulez.
Sans aucune prétention. Parce qu’au retour d’Israël, j’ai eu envie de refaire ici le pain sur lequel on posait l’houmous. Simplement parce que c’est bon, c’est tout.
Je savais la semaine pleine pourtant et ce mardi soir avec douze rencontres de parents de ma classe.
J’ai pétri la pâte en rentrant. Il faisait déjà nuit. Et je me suis dit que les femmes, du temps de Jésus, devaient aussi le faire la nuit tombée ou avant le jour. Parce que le jour, il y avait tant à faire, parce que le pain, ça ne se fait pas dans la chaleur des journées, jamais.
Et ce temps pris au temps était beau.
Le silence de ma cuisine. La nuit au dehors. Quelques chants d’oiseaux.
Et j’ai pétri, longtemps. Avec mes mains.
J’ai pensé au monde et à tous ceux que j’aime.
Une petite prière farinée. J’ai bien aimé.
Lui aussi, j’espère.
Dans la poêle bien chaude, les galettes une à une. Imparfaites.
Mais belles.
Et demain, sur leurs tables, on racontera ce pain rompu, ce pain partagé, ce corps donné. Ce sera balèze à comprendre. Peut-être qu’on ne comprendra pas bien.
Mais on saura, par le pain, par les gestes, par Ses mots, que c’est beau.