P’tite prière en marguerite

 

Cher Dieu,


Je t’aime un peu quand le matin se lève doucement sur l’impression, trop vague impression mais tenace pourtant, que la journée sera belle, définitivement belle.
Je t’aime beaucoup quand je lis dans un coin du jardin et qu’une coccinelle vient se poser sur ma page même que je n’ai presque plus envie de connaître la suite de mon histoire parce que je ne veux surtout pas que les petits instants insignifiants s’envolent.
Je t’aime passionnément quand le soir tombe, que c’est l’été et qu’on allume les bougies à la citronnelle pour rester dehors plus longtemps, on dirait que le doux d’une seule toute petite journée au jardin ne va jamais jamais jamais s’arrêter.
Je t’aime à la folie quand le vent celui qui vient du large, du plus loin que le lointain, me bouscule vraiment pour me faire avancer.
Je ne t’aime pas du tout quand je vais chez ce qui n’est plus vraiment chez elle et que j’ouvre la fenêtre vers un jardin qui n’est plus vraiment le sien et elle, clouée sur son lit, elle te prie, elle te prie, elle ne fait que te prier et tu la laisses là comme si tu étais devenu sourd.

Cher Dieu,
Je t’aime
un peu
beaucoup
passionnément
à la folie
et pardon pour mes pas du tout.

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