Gravés

Bien regarder les petits fils argentés qui colorent l’espace de notre monde, de nos vies, de nos cœurs. Parce qu’ils existent, en vrai. 

Jour 11

On peut y aller à pieds après le déjeuner. La rue à gauche, on longe plusieurs maisons, et c’est au bout du chemin. Il pleut mais on n’est pas loin. La grille en fer forgé me semble rouillée par endroit, la porte grince un peu. On dirait qu’elle sépare deux mondes. Pourtant, de l’autre côté, le décor est presque le même: le chemin goudronné, les allées, les pots de fleurs, comme un autre quartier. On avance jusqu’au bout, c’est souvent la même ritournelle des prénoms qu’on peut lire sur les pierres, tour à tour.

On peut y aller à pieds par n’importe quel temps, c’est tout près. La route descend doucement mais ce ne sera pas trop difficile pour remonter. On prendra notre temps. Là, personne ne nous attend vraiment. J’aime bien lire les prénoms, surtout ceux d’il y a très longtemps. J’aime bien aussi quand deux prénoms, elle et lui, sont réunis sur le même granit.

On remonte à pieds, tranquillement. On se rappelle certains noms parfois, des bouts d’histoire. Ce sont les prénoms qui reviennent d’abord, comme s’ils étaient encore là. Vivants.

C’est toujours un peu étrange un cimetière.
J’aime bien l’idée que leurs prénoms soient gravés sur leurs lits de granit pour le reste de leur vie.

 

Petite prière pour vous aujourd’hui et ceux que vous aimez qui ne sont plus.

 

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