P’tite prière en rêve

J’étais encore enfant et un jour, j’ai ouvert une Bible.
Une vraie, une épaisse, une “de grande personne”.

Je ne l’ai jamais vraiment refermée depuis.

Et même si j’aime la lire, la partager, la creuser, la traduire, toute petite chercheuse de ses sens,
elle reste le plus souvent dans les creux de mes silences.
Et si vous saviez combien elle remplit les espaces.


Et ce soir , en préparant ma séance de caté,  j’ose une petite prière pour que mes petits collégiens, demain, arrivent eux aussi à s’y plonger. 😉

 

 

Il y aura des mots cachés comme des trésors
des mots brisés comme des fêlures
des mots renoncés comme des oublis
de longues patiences et de frêles promesses
des hivers endormis et des réveils d’été
des heures étincelantes et des mémoires brûlantes
des fenêtres closes et des ciels enflammés
des collines familières et des rêves d’ailleurs
et il y aura Ton nom murmuré
Et Ta parole
Vivante.

 

Le temps décide

Il y avait un vieil homme quand j’étais petite, un bon vieil homme qui habitait sur le chemin de l’école et quand je revenais à pied, je m’arrêtais toujours pour le saluer. Je crois qu’il sortait sur le pas de sa porte simplement pour ce moment de la journée. Et inlassablement, peut-être parce que sa tête s’était perdue quelque part dans son enfance et y était restée, inlassablement, il répétait ce même bout de phrase. “Le temps décide… le temps décide…” Cela ne voulait rien dire mais curieusement, ce bout de phrase répondait assez bien à mes “à demain, p’tit Claude!”   – le temps décide, le temps décide… ou à mon “bonjour p’tit Claude, ça va aujourd’hui ?    – le temps décide, le temps décide…
Dialogues qui auraient pu paraître un brin absurdes mais qui finalement faisaient sourire à l’unisson le vieil homme et la gamine qu’il regardait passer.

C’est étrange les souvenirs parce que les mots du p’tit Claude, gardés avec lui dans un coin de mon cœur sont remontés à la surface aujourd’hui.

Le temps décide.

J’ai parfois un peu cette impression. Je l’ai encore eu ce matin. Une année ajoutée à mon réveil, à ma vie qui file sans s’arrêter.
54 ans. À l’écrire, je sens toutes les années ajoutées à ma vie en autant de joies, de peines, de douceurs et de difficile.
54 ans.  À l’écrire je mesure la chance d’être là.
54 ans. À l’écrire, je sais la joie de vieillir.
54 ans.
À l’écrire, je ne sais plus très bien quel âge j’ai. 

En vrai. Bien sûr, je sais les compter les années mais ce nombre n’est rien si je n’y ajoute chaque minute de ma vie et comment le faire, chaque minute file tellement vite. Tellement lente pourtant à certaines de nos heures.
Le temps décide de tout dépasser ou de ralentir le pas. Et je ne sais plus parfois quel âge compte vraiment.

Et puis, j’ai croisé au long de la journée des mots, des jolis souhaits, des sourires et aucun ne semblait regarder le temps de la même façon.
Petit élève de 11 ans qui me demande mon âge, s’arrête un peu sur ma réponse et me souriant dans un ” c’est bien…quand même !” me fait éclater de rire.
Mes enfants pour qui je ne serai jamais vieille parce que vieillir tutoie sans doute d’un peu trop près ma fin.
Jolie collègue de la juste quarantaine qui ne veut surtout pas regarder son âge et encore moins parler de celui des autres plus âgées.
Les amis pour qui on ne change pas.
Les vieux amis de plus de 80 ans pour qui on est “la p’tite jeune qui n’a pas encore la moindre ride”. 

Le temps décide, il décide d’être regardé de près ou de loin.
Etrange chassé croisé entre hier et demain, le temps décide.

Et je suis là, ce soir, avec mes 54 petits balais qui grisent mes cheveux, soulignent la fatigue des journées trop pleines, espèrent des demains de grand-mère à raconter des histoires à des petits-enfants que j’aime déjà, avant.

Et je suis là, ce soir, à relire un petit bout de mes 10 ans. P’tit Claude dit toujours la même phrase parce que peut-être que pour lui le temps a décidé de s’arrêter.

Le temps décide. De s’arrêter aussi ce soir sur un dernier bout de prière qui te regarde mon Dieu avec ta frimousse attendrie sur une petite que tu as vu grandir, une petite qui vieillit, une petite toujours.

Et la vie continue. Et le temps décide.

Prière oubliée

J’la traîne dans ma poche comme si de rien n’était. Ça fait des jours que j’la traîne dans ma poche comme si de rien n’était.
Je voudrais tant la poser, la déposer, pourtant.
Rien à faire, c’est au creux de ma poche, effleurée du bout de mes doigts, qu’elle reste, enfouie.
Elle n’arrive pas à sortir. Blottie, chiffonnée, peur du froid peut-être. Trouille du dehors, elle aussi.
Elle sert à rien alors.

Parfois, elle reste comme ça, des jours à traîner sans rien d’autre à faire, sans personne à qui parler.
Et puis, il suffit d’un interstice, minuscule espace, infime souffle, entre un cours et un autre cours, au fil d’une longue journée de collège compliquée.

Parce que lui, je l’ai gardé un peu pendant la récré. Pour s’expliquer, encore une fois.
Parfois il suffit d’un instant pour qu’elle soit là, vraiment.

Il m’a raconté à nouveau le difficile de ses heures, celles que j’aimerais mieux ne pas connaître. Je t’ai serrée au fond de ma poche. Le compliqué de ses 11 ans, l’injuste tellement, je voudrais ne pas savoir, je voudrais oublier. Mes doigts ont déplié le papier. Et sans rien pouvoir ajouter à ce qui est déjà fait pour lui, je l’ai écouté, longtemps, effleurant du bout de mes doigts des mots laissés là, griffonnés en p’tit morceaux de prière, tout au fond d’une poche oubliée.

J’la traîne dans ma poche comme si de rien n’était.
Mais elle est là. Pour lui aussi.
Comme Toi.

 

 

“C’est bien.”

Il était un peu triste ce dimanche. Et en même temps pas seulement.

Mon téléphone a vibré un peu tôt dans son matin. Ma pauvre petite mère. Je n’aime pas le téléphone qui affiche son numéro au trop tôt du matin. Le temps de décrocher et d’entendre sa voix. J’ai eu peur qu’il ne lui soit arrivé quelque chose.
Je veille sur elle maintenant.

Il lui était arrivé quelque chose oui. Sa sœur cadette, malade, très malade, emportée au plus tôt du matin encore.

Je suis restée un peu silencieuse à écouter ses larmes et ses questions. C’est difficile de répondre.
C’est difficile de donner des réponses, des mots de tendresse et de réconfort. 
C’est difficile pour nous deux. Alors j’ai simplement écouté.

La journée a défilé très doucement, lentement même. Tout m’a semblé plus lent. Comme si le temps me donnait du temps soudain. La messe même. Peut-être pour y déposer vraiment ma prière pour eux entre Tes mains.

Pour eux.

Cela ne saute pas vraiment aux yeux quand on me connait un peu mais, de cette petite mère et de sa famille, je garde quelques sourires de retrouvailles d’il n’y a pas si longtemps et une autre chose, l’absence de Dieu.
Il n’y a pas de prières, il n’y a pas d’église, il n’y a pas de croyants de ce côté-là de moi. Il n’y a rien qui me ressemble. Et c’est étrange parce que j’ai l’impression que ce n’est pas un côté de moi. Pourtant si.
Si. Pleinement.

J’ai laissé la journée filer. Le mari et les enfants n’ont rien dit de plus, comme ils savent oser le silence quand c’est ce dont j’ai besoin, quand quelque chose autour de moi, en moi aussi, se brise un peu.
J’ai laissé la journée filer, tentant de corriger quelques copies, la tête ailleurs à essayer de fouiller, de fouiller dans mes souvenirs. Mais non, je n’ai rien trouvé. Pas de Dieu. 

Pourtant j’ai retrouvé quelques sourires, gravées sur de vieilles photo jaunies, celui de cette tante, belle, les cheveux au vent d’un bord d’océan. 

La journée a continué. Je ne sais pas pourquoi j’ai cherché autant. Dans l’annonce de la mort de ma tante au matin, il n’y avait que des larmes, que la mort, que la fin, que la douleur aussi. Il n’y avait ni  mon Dieu ni mon Espérance.

Comment lui dire ? Comment ?

Au soir, je l’ai rappelée. J’ai écouté à nouveau sa petite voix fatiguée. J’ai entendu un peu de paix je crois.

C’est peut-être cela qui m’a donné ce courage, celui de lui dire.
Pauvre petite mère, allais-tu l’entendre ?

 

– Ce matin, à la messe, j’ai prié  pour tante Catherine. Et pour toute la famille.

 

Il n’y a pas eu de silence mais tout de suite, en un murmure, souffle presque éteint, un “c’est bien”

C’est bien.

Juste ça, c’est bien. Et tant, avec ces trois mots.

Et j’ai su, à cet instant-là, Seigneur, que Tu étais là, dans leur absence de Toi, depuis toujours, avec elle, avec eux.

 

De l’amour en somme, juste ça

C’est son anniversaire dans cinq jours et elle se marie l’année prochaine.
C’est drôle cette vie qui nous mène et nous emmène. Oh.. je sais que cela n’a rien d’extraordinaire ni rien d’étonnant. C’est même très ordinaire ce temps qui passe, qui fait grandir son enfant au point qu’un jour elle décide de sa vie sans vous, ou presque. C’est même plutôt joli, plutôt agréable, plutôt bon.
Mais c’est drôle quand même. 
Je ne sais pas si je vais réussir un jour à m’y faire au temps qui passe.

Celle qui a fait de moi une maman il y a bientôt 26 ans est une femme maintenant. Je ne sais pas si on sait vraiment quand le temps se dilate, se rétrécit, s’accélère ou se ralentit. Peut-être que c’était il y a très longtemps quand elle a commencé à ne plus avoir besoin de moi pour lire des histoires. Peut-être que c’est un peu après quand elle pouvait rentrer du collège à pied toute seule. Peut-être que c’est encore plus tard quand elle a quitté la maison pour ses études. Peut-être que c’est lorsqu’elle est devenue prof et qu’elle était heureuse. Peut-être que c’est lorsqu’il y a un an elle nous a dit qu’elle allait se marier.
Je ne sais pas si je vais réussir un jour à comprendre le temps qui passe.

À l’écrire ce soir comme une petite prière, on dirait presque que je suis triste ou du moins, nostalgique. Et non, pourtant non. Vraiment non. Ce temps qui passe, même si je ne le mesure pas vraiment, même si je ne comprends pas tout ce qu’il entraîne avec lui, je l’aime. Oui je l’aime. Et même s’il existe des moments perdus que j’aimerais retrouver, il est du temps comme de mon amour de la vie. Il emporte dans son sillage tout ce qui me grandit. Et cet amour pour mes enfants, immense.

Et parfois, je me demande si ce n’est pas simplement ça Dieu dans ma vie. Comme un temps auquel je ne comprends pas grand chose mais qui me grandit à mesure que j’avance.
De l’amour en somme, juste ça.

Défaire

“Rangeons le Petit Jésus de cire et marchons au grand Jésus de feu. Rangeons le rêve: le réel assure sa relève.”
F.Cassingena-Trévedy

 

J’attends toujours que janvier s’avance un peu. J’attends que tout recommence, l’année, les cours, les habitudes.
J’attends de ne pas en être lasse. J’attends qu’il ne soit pas trop tard.
Alors, je sais qu’il est l’heure de défaire Noël.

Enlever une à une les décorations, décrocher les boules et les guirlandes, les ranger précieusement dans leurs boîtes. Défaire les branches joliment agencées, celles qui cette année m’ont servi de sapin. Retirer le grand pot de terre qui les contenait. Et nettoyer un peu autour les paillettes qui se sont échappées.

Défaire Noël de la maison.

Il y a toujours un petit pincement au cœur à remiser pour une année entière cette atmosphère que j’aime tant. Ces dorés, ce brillant. Les étoiles, les lumières. Il y a, mêlées constamment l’une à l’autre, la joie d’un Noël revenu et la petite tristesse de le voir déjà repartir.

Défaire Noël de la maison.

Vient alors l’heure de ma crèche. Les Rois rentrent par leur autre chemin, les bergers les suivent puis un à un les santons. Enfin, j’enveloppe, bien serrée dans le papier de soie, la petite famille.

J’ai défait Noël et la maison a retrouvé son ordinaire.
Mais je crois que la maison aime retrouver l’ordinaire, elle le garde comme en secret ici, elle aussi.

Elle le garde dans les petites tablées animées des vendredis soirs, dans les prières des matins trop froids, dans les journées qui n’en finissent pas.
Elle le garde dans les inquiétudes qui traînent, dans les tristesses à consoler, dans les mains qu’on aimerait serrer.
Elle le garde comme un cadeau de Rois, comme un petit supplément d’amour à mes jours.

J’ai défait Noël de ma maison, j’ai rangé les rubans et les santons mais j’ai gardé quelques paillettes. Celles qui, Noël après Noël, se collent à ma peau pour tout le reste de mes jours ordinaires. Et ça tient chaud.  🙂

Premier essai de podcast, c’est parti !

Et voilà, les amis d’ici, juste un mot pour vous dire que le premier essai de podcast est sorti. Il y a beaucoup à améliorer mais une seule certitude déjà, c’est très chouette à réaliser ! Agencer les idées, gribouiller le texte, trouver des petites musiques, chercher où les placer et puis, entendre sa voix…Ma foi, cette dernière chose n’est pas la plus plaisante mais bon…je vais m’y habituer.
Et puis, l’impression aussi de se faire un peu plus proche…!

 

Alors bonne écoute pour “une petite galette de rien du tout” et à bientôt pour des textes et des partages sur le bord de ce chemin. 🙂

Pour écouter , c’est ici  ( clique dessus)

ou bien, juste à côté dans la colonne de droite 😉

 

à bientôt!

Corine

 

Pouce !

Cela a ressemblé à une parenthèse un peu hors du temps.

La semaine qui vient de s’écouler a fermé les écrans, ceux des des réseaux particulièrement. Temps un peu étrange et étrangement doux avec la chance de retrouver ma maison remplie de mes enfants et de leurs conjoints pour mes deux plus grands, presque tout le temps. J’oublie vite, pourtant cela ne fait pas des années qu’ils ont quitté  leur enfance, j’oublie vite tout l’espace qu’ils remplissent. Et 2020 s’en est allé avec son lot de gris sans doute un peu plus foncés que d’habitude, dans la douceur impertinente d’un cocon familial.

Et déjà on remplacerait bien son zéro final à l’allure d’une boule de virus par un grand 1 pointé comme un pouce qui demande du répit.
Pouce ! je n’ai pas oublié le code de la récré de mes 10 ans qui nous sauvait dans une course maladroite, dans un jeu fatigué ou simplement pour reprendre son souffle.
Pouce ! c’est exactement ce que j’aimerais écrire comme vœux pour cette année qui commence.
Pouce le virus, pouce la maladie, pouce la mort.
Pouce l’indifférence, pouce les heures incomprises, pouce les regards détournés.
Pouce la violence, pouce l’injustice, pouce les riens à y comprendre.
Pouce mes mots déplacés, pouce mes ratés, pouce mes oublis.

Pouce ! oui, c’est bien une pause que l’on écrit entre un 31 décembre au soir et une nouvelle année au matin. Une pause de joie non feinte, de douceur parfois, de projets encore. Une pause sans doute utopique mais qui a l’audace de croire, l’espace d’un instant, au bon, au mieux, au meilleur.
Et même si l’on sait bien que le vouloir, le désirer, le souhaiter ne dure souvent pas plus que le temps de le dire, ce pouce levé a le pouvoir de redonner le sourire, l’élan, l’espoir sans lesquels rien n’est vraiment possible.

Pouce ! c’est bien là tout ce que je peux vous souhaiter aussi, un répit, un temps qui s’arrête sur du joli, une parenthèse de douceur pour repartir de bon pied. 
Bonne année chers amis qui passez par ici !

Et à bientôt…  😉

Corine

 

Joyeux Noël ??

Joyeux Noël ! 

Dès que décembre arrive à sa petite quinzaine de jours bien entamés, l’exclamation fuse. Et cela n’a pas manqué cette année. Joyeux Noël !!!
Dans les messages aux proches et aux amis que je ne peux hélas pas voir cette année, dans les derniers mots partagés avec mes élèves vendredi, et dans mes réponses aux sourires masqués et commerçants qui me saluent le plus souvent d’un “Joyeuses fêtes de fin d’année !”

Joyeux Noël !
Joyeux Noël !
J’en use et j’en abuse, laissant dans la traînée des voyelles un peu de Sa Lumière derrière moi.

Cet après-midi, un petit message semblait me faire remarquer que j’étais ou impatiente ou en avance et que ce n’était “pas encore…”
Je ne peux que le constater, c’est vrai.  Et il est vrai aussi que j’aurais bien du mal à souhaiter un joyeux anniversaire à ceux que j’aime avant la date…! Oui mais Noël, ce n’est pas ça. Du moins, je ne le crois pas. Ce n’est pas un joyeux anniversaire Jésus à dire entre la veillée du 24 et au long du 25.
Pas pour moi.

Joyeux Noël, c’est d’abord Marie qui dit oui.
Joyeux Noël, c’est déjà le chemin jusqu’à Bethléem que Joseph rend sûr pour Elle et Pour Lui.
Joyeux Noël, ce sont les anges qui éclateront de lumière dans nos campagnes.
Joyeux Noël, ce sera l’étoile qui guidera bien après les routes des mages venus de loin.

Oui, je crois que c’est bien autre chose encore. 
Joyeux Noël, ce sont les mains vieillies qui ont  déjà ouvert des lettres d’enfants au cœur d’un Ephad.
Joyeux Noël, c’est un masque un instant baissé pour boire un café qui réchauffe du froid des rues.
Joyeux Noël, c’est un papa qui retrouvera ses enfants à la sortie de prison même si Noël sera déjà loin.
Joyeux Noël, ce sera au long des semaines et longtemps après la présence d’un petit dans une mangeoire, venu nous dire d’aimer.
Joyeux Noël, c’est au détour d’un chemin vers Pâques une nouvelle naissance, Sa Résurrection.

Oui, je crois que ce joyeux Noël, il est de tous nos temps. 

 

Et puis, dans ce joyeux Noël ! , il y a cette exclamation qui dit, en un silence justement posé, les verbes (le Verbe ?) que Dieu nous a laissés : vivre et aimer.

Alors, un 23 décembre pour vous dire:

Joyeux Noël.. à vivre et pour aimer !

De blog en podcast, de Table en tables

J’ai bien vu la date sur le calendrier mais vendredi matin, la fin d’un trimestre pas si simple au collège ne m’a pas donné le temps de m’arrêter.
18 décembre 2010.

Il y a 10 ans.
Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais traversé la campagne jusque chez l’amie férue de blogs – je me souviens qu’on en avait créé pour les élèves – et en quelques mots de passe et petites trouvailles naissait, grâce à elle,  ” Au bord de mon chemin”. Sans vraiment de préméditation, juste l’envie de partager un peu plus que des mots consignés jusque-là sur de petits cahiers.

Il y a 10 ans.
La mode était aux blogs et au fil de ces jours-là, j’ai découvert un univers. Celui de la cathosphère de l’époque et puis un peu plus largement, celui des amoureux des mots. Je me souviens de mon tout premier billet, des encouragements de blogueurs déjà bien investis et des partages qui ont rendu ma vie encore plus jolie. Je me souviens aussi que peu à peu, tout près, le mari, les enfants, les amis les plus proches ont fait du bord de mon chemin un espace vivant, osant parfois au gré d’une rencontre ou d’un bon mot, le “tu en ferais bien un billet …”

Il y a 10 ans. 
Je suis passée de 43 à 53 ans avec ce petit bout de chemin au bord de ma vie. Et ce n’est pas rien. On parle peu de cet âge-là en vérité. Les enfants, les jeunes, les jeunes femmes, les trentenaires, et puis les grands-mères un peu, mais les femmes entre 40 et 50 ans, très peu. Ou alors très mal. J’y ai souvent pensé en écrivant ici et la vie m’a touchée parfois au point de quitter par trois fois ce petit blog, d’y écrire d’autres petites histoires aussi, précieuses. Archives cependant gardées comme un vieil album photos que, bien veille, j’aurais peut-être plaisir un jour à regarder !  Je suis toujours revenue après ces faux-départs et au moment de penser à un autre projet d’écriture, je me rends compte que ce bord de chemin-là, il compte.
Je veux le garder. Précieusement.

 

Parce qu’il y a ces partages, ces rencontres, ces petites prières. Et Dieu, au cœur de mes mots.

 

J’ai bien vu la date sur le calendrier mais vendredi matin, la fin d’un trimestre pas si simple au collège ne m’a pas donné le temps de m’arrêter.

18 décembre 2020. 
J’ai attendu d’être en vacances, au soir, pour ouvrir ce petit cahier ‘projet podcast’ où depuis pas mal de mois, je griffonne des idées. Sans vraiment de préméditation, juste l’envie de partager un peu autrement cette autre chose qui peu à peu a pris sens.
La mode est au podcast et au fil des dernières années, j’ai découvert ce nouvel univers. Réticente au début d’un mode où l’oral est roi, j’ai découvert que les plus jolis à écouter, à mon avis, étaient quand même les mieux écrits.
Au fil du temps, enregistrements, mixage, musique sont entrés par la porte de mon collège et les élèves se sont vite pris au jeu de cet oral-écrit-pas vraiment en direct- avec beaucoup d’enthousiasme. Et à leurs côtés, j’ai appris, doucement. En écoutant les autres, aussi.

18 décembre 2020.
J’y suis. La jaquette de mon podcast est réalisée. Le titre est trouvé. L’hébergement aussi. Le matériel presque prêt. Et son contenu surtout.
J’aurais pu enregistrer les billets d’ au bord de mon chemin mais s’il y a un podcast en réalité, c’est peut-être qu’il y a cette autre chose qui me taraude depuis quelques mois.

10 ans à écrire, et depuis toujours à écrire pour lire et relire ma vie. J’ai découvert, en relisant justement que, de Sa Table où son pain partagé me fait vivre,  de Sa Table d’amis réunis tant aimés aux tables de ma vie, j’avais passé une bonne partie de mon existence déjà au cœur de la…cuisine ! Etrange découverte pour une fille qui ne croyait être qu’une lectrice-écrivaillonne-maman-prof. Si peu manuelle en sa jeunesse, peinture, bricolages et cuisine sont venus faire de mes mains de jolis porte-paroles de mes projets…et curieusement, de Sa Parole.
Et puis, j’ai bien fait le tour de la question et il n’y a pas photo. Du plus loin que je me souvienne, la cuisine est le lieu où j’ai le plus appris : des leçons récitées sur un coin de toile cirée aux bavardages d’un déjeuner, des discussions à refaire un drôle de monde aux confidences des p’tits cafés improvisés. Sans compter sur les soupes partagées au coin des rues, les goûters dans des  chambres d’hôpital pédiatrique, les dîners d’amitié qui donnent du goût à nos vies.
Autour d’une table bavarde ou d’un plat qui mijote, le goût des petites choses anodines devient essentiel. C’est donc là que je vous entraîne pour écouter des histoires, celles qui font la saveur de nos vies et sans lesquelles on ne serait rien.

18 décembre 2020.
Je reviendrai au bord de mon chemin, parce que les petites prières, les mots d’Avent ou de Carême, les clins Dieu, c’est là qu’ils continueront à s’écrire, je le sais. Mais désormais, au bord de ce chemin, il y aura aussi un autre petit endroit qui pétillera je l’espère d’histoires qui sentent bon, de rencontres qui racontent les p’tites recettes de la vie lorsqu’on la rend jolie, de souvenirs parfumés à la cannelle et au sucre roux. Et ce sera ici. https://pepites-et-papillottes.lepodcast.fr/

22 décembre 2020.
À deux jours d’une veillée qui nous redira l’essentiel de nos vies, je vous souhaite un très joyeux Noël chers fidèles lecteurs et lectrices. Et je vous dis aussi à bientôt ici ou ailleurs, heureuse de vous savoir sur le bord de tous mes chemins.
Corine