“Jusqu’aux cieux, ta splendeur est chantée
par la bouche des enfants, des tout-petits :
rempart que tu opposes à l’adversaire,
où l’ennemi se brise en sa révolte.”
Psaume 8
Le samedi matin, il y a la chance des Laudes dans ma paroisse, ce temps pris au temps qui court trop souvent.
Quand je ne suis pas en petit séjour en monastère, je trouve toujours autre chose à faire que d’y aller.
Même pas une grasse matinée, ça, c’est quelque chose qui me connaît peu. Non, autre chose comme la cuisine, un peu de rangement, un petit café chez l’une ou chez l’autre, une rencontre caté à préparer, une lecture au-chaud-de-la-maison-sans-avoir-besoin-de-sortir, un peu de jardinage, bref, je trouve toujours autre chose à vivre dans ce samedi que je m’accorde pleinement sans copies ni cours à travailler pourtant.
Dans ma petite prière d’hier soir, je me suis dit tiens, ce serait bon de confier tout mon temps dès l’aube. Si j’y allais aux Laudes ?
Et puis, le Carême, partager ma prière et ma louange, ce serait un joli chemin.
Et puis, retrouver quelques amis paroissiens dans la petite chapelle.
Et puis, chanter, simplement.
Les belles raisons.
Le réveil, le café, je prends mon temps.
L’heure tourne, assez vite.
Finalement, les Laudes…. elles peuvent attendre la semaine prochaine, non ?
L’horloge me regarde du coin de son aiguille.
La robe, le pull.
Je pourrais aller porter ce livre à l’amie.
Les chaussures.
Les Laudes ?
…
Pourquoi hésiter encore ?
C’est étrange parfois ce pouvoir d’auto-persuasion que j’ai et me dire que je peux faire autrement que je l’avais souhaité d’abord.
8h30
Zut, ça va être commencé.
Mais j’y suis en trois minutes à la chapelle.
Allez, j’y vais.
J’y suis.
Avec un peu de retard.
Mais j’y suis.
J’y suis bien.
J’aime beaucoup chanter les psaumes, entendre les voix se répondre.
Nous sommes dix. Les visages de quelques amis qui étaient avec moi à Jérusalem. Et notre curé aussi.
Se rappeler d’autres Laudes.
Chanter. Prier. Me redire que j’aime mon Église avec son visage familier.
J’aime mon Église avec tous les temps que je vis en paroisse, ici, les projets avec les amis, ici, si loin de tous les scandales. Les scandales pourtant. La prière du matin les redit encore, regarde notre faiblesse.
Nous sommes dix et on est drôlement bien, là.
C’est bon de faire corps, encore. Dieu a besoin de nous, aussi. Davantage encore. Je Le sens, là. Au cœur de la petite chapelle.
Tout s’est enchaîné. Le beau des partages et de la vie quand elle donne aux petites choses une place pour aimer.
Le samedi matin, il y a la chance des Laudes dans ma paroisse, ce temps pris au temps qui court trop souvent.
Prenons pendant ce Carême le temps de prendre du temps. Dans nos semaines, dans nos dimanches. Peut-être que Dieu aimerait qu’on lui laisse la place d’être là, avec nous. Dans notre Église.