Peut-être parce que du jeûne qui retient mes mains de trop faire, de la prière qui les fait se rejoindre en croisant mes doigts, de l’aumône qui essaie de les ouvrir aux autres, mes mains, les mains, nos mains sont elles aussi à raconter.
De l’imposition des Cendres, croix marquée sur nos fronts par la main du prêtre, jusqu’à Ses mains clouées en croix au soir de Sa Pâque, le Carême me parle d’elles tout le temps.
Alors, je vais venir vous raconter des mains, oh… pas seulement les miennes, surtout celles autour.
D’un revers de main.
Il me semble que je la balayais très vite de mon front la petite croix de Cendres. Je l’effaçais sans doute par coquetterie mais je crois bien davantage parce que je n’avais guère envie d’être vue avec des cendres sur la tête, me demandera-t-on d’où je sors ? Alors je la faisais disparaître.
D’un revers de main.
Jusqu’à ce mercredi soir, celui où elle nous a montré qu’on “pouvait” – elle n’a pas dit “devait”- la garder encore un peu. L’arborer comme un bijou. Je n’ai pas oublié. Oser sortir de l’église, passer à la boulangerie, croiser des voisins avant de rentrer.
Avec une petite marque d’amour.
Il a raconté l’amour infini de Dieu, incommensurable, immense. Il l’a raconté à tous mais surtout aux enfants assis au premier rang, ceux qui seront baptisés lors de notre veillée pascale. Il a raconté l’amour infini de Dieu pour chacun d’entre nous et pour nos faiblesses, nos failles, nos manquements qu’Il sait pardonner. Effacer.
D’un revers de main.
Le geste de notre prêtre, descendu de l’autel au plus près de nous, a accompagné ses paroles, balayant l’air doucement de la main. Les enfants ont été attentifs, ils ont souri, ils ont peut-être mieux compris les premiers pas de leur chemin de futurs baptisés.
Avec Son pardon, immense marque d’amour.
Ce matin, je me demande encore quelle idée j’ai eue et dans quelle entreprise je me suis embarquée. Mais vous le savez bien maintenant, ce petit vertige devant les 40 jours à venir comme devant une feuille blanche. Me faire, l’espace d’un court instant, envieuse de celles et ceux qui ont choisi de tout éteindre, de disparaître, de déconnecter de leurs claviers. Tout envoyer balader.
D’un revers de main.
Savoir pourtant qu’écrire des mots au tard du soir ou au tôt du matin c’est une façon d’ouvrir mon cœur à Dieu et au partage qui “déchire le cœur”à la manière de Joël. Il y a tant de mains autour à venir vous raconter.
Avec un peu d’amour.
Bon jeudi après les Cendres… Que nos revers de main ne fassent pas valser trop loin le beau. Patience. Et n’oublions pas ce que Moïse nous redit ce matin : ” Choisis donc la vie !” et sûrement… à pleines mains. 😉