40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.
20 heures presque 30. J’ai quitté le collège dans la nuit déjà, après les deux premiers conseils de classe du trimestre. Voilà, j’y suis dans l’autre rythme et depuis les cours du matin, après la jolie rencontre d’éveil à la Foi avec Annie cet après-midi, puis le retour au collège pour un rendez-vous de parents et les deux conseils, je ne sais pas trop où est mon soleil de Carême, ni mon merci.
20 heures bien passées, 21 heures bientôt. J’ai pris le temps d’une petite galette-salade tranquille. Silence dans la grande maison vide. Le p’tit mari en réunion, plus d’enfants. Je relis leurs messages d’hier, ceux qui m’ont fait rire. Petite prière pour eux l’air de rien, entre deux bouchées. Je les aime.
21 heures 14, j’allume l’ordinateur. Je ne sais pas mes soleils mais les mots viennent et se dessinent peu à peu en relecture de ma journée. Petite prière à rebours pour ces élèves à côté et pour ceux qui ne vont pas si mal croisés au fil des conseils de classe, pour mes collègues et notre boulot de prof, pour mes amis paroissiens, Annie et nos projets d’éveil à la Foi pendant ce temps de Carême, pour ces temps en classe que j’aime tellement mais tellement avec eux.
21 heures 17, à rebours, je relis à nouveau l’évangile de mon matin. Sa prière donnée, murmurée si souvent.
21 heures 20, je continue à rebours. J’ai oublié ça. Oh…mais oui, j’ai oublié ça.
Juste après ma prière ce matin, j’ai ouvert le journal.
La Une de Ouest France m’a mise en colère.
J’avais oublié ma colère au fil des heures.
Je vous la raconte, très vite. La Une et surtout l’article un peu plus loin mettait en avant une nouvelle “défaillance” de l’école qui n’inscrivait pas suffisamment à son projet l’éducation à la sexualité. Non, ce n’est pas du tout ça ma colère. Et même pourquoi pas, à rajouter aux cours de maths-français-EPS-musique-arts-techno-physique-chimie-histoire-géo-éducationcivique-latin-anglais-allemand-espagnol-SVT-préparationà la conduite auto-vélo-trottinette-récré-cantine-étude. On trouvera bien une place hein. Non, ma colère, c’est encore les raisons qui vont avec le gros titre. Parce que vous comprenez, elle le dit la petite dame dans l’article ” Faute d’enseignement généralisé sur le sujet, la pornographie se charge d’éduquer les jeunes à la sexualité.”
Mais bon sang , madame, messieurs, mesdames, jusqu’à quand l’école va-t-elle inscrire dans ses programmes les défaillances des ADULTES qui laissent d’autres ADULTES se faire du fric monstrueux sur des sites-n’importe-lesquels et ne rien légiférer pour protéger les gosses de toutes leurs merdes. Ma colère est toujours vulgaire. Pardon. Je l’ai exprimée tout haut dans la salle des profs là où des collègues s’en sont aussi fait l’écho.
À ce moment-là, Manue s’est penchée à mon oreille:
– Que ferait Jésus…? C’est la question du Carême du jour.
J’ai souri en lui disant qu’Il aurait sûrement renvoyé les ADULTES à leur responsabilité.
Et je suis partie en cours avec ce truc au cœur :
Et Il aurait tout dit pour protéger les enfants.
21h33. J’ai oublié ma colère très vite et dans mes cours ce matin, en réunion avec Annie, à mon rendez-vous avec des parents, dans mes deux conseils de classe, Il était là, Jésus, dans un coin de moi.
Continue à protéger, à aimer, au mieux, comme tu peux, ceux que tu croiseras, ces enfants, ces jeunes. Même en colère, continue à croire qu’ils valent toujours mieux que ce que beaucoup d’adultes leur donnent en pâture.
21h41. J’ai redis Sa prière.
Merci Jésus, oui, de me tenir la main.
Et merci Manue.