Je crois que parfois nos souvenirs se cachent à fleur de nos vies et qu’il suffit de peu pour qu’ils reviennent à nos mémoires.
La chaleur juste arrivée chez moi depuis hier a brûlé ma peau, étouffé l’air qu’on respire et je me suis rappelée.
C’était un 27 juin aussi. Mais un dimanche.
L’été de mes 9 ans est longtemps resté comme l’été de LA sécheresse et la chaleur dès ce matin-là ne démentait pas sa future réputation. Je ne me souviens pas vraiment de la longue messe sauf qu’elle était longue pour une petite fille pourtant sage et qu’elle faisait lever mon nez vers la nef d’une cathédrale où je mettais les pieds pour la première fois. C’était le fils d’un ami de Grand-père. Un très bon ami et nous étions assis tout près, ce qui immanquablement a dû me faire tenir tranquille.
Le soir en rentrant de l’ordination du fils de Marc – c’est comme ça que j’ai longtemps appelé le père Denis – j’ai soufflé sans doute un peu trop fort et soupiré un plaintif “j’ai eu si chaud et c’était si long”. Comme toujours, un vieil homme au regard clair m’a prise au mot :
– Tu ferais bien d’écrire une petite prière… brûlante, alors !
Je l’ai écrite.
Avec mes mots d’enfant et je peux la relire encore. Elle Te demandait pardon de ne pas avoir aimé ta messe et rien de rien car tout était très lent vraiment Jésus ce n’est pas possible si lent et merci des choux à la vanille juste après et de l’orangeade vraiment délicieuse. Des mots d’enfant, écrits avec le cœur, sans nul doute.
Je ne savais pas que ma petite prière trouverait un autre écho presque 20 ans plus tard.
Ce matin-là, ce n’était pas juin mais une toute fin d’avril et étonnamment le premier jour très chaud d’un printemps plutôt maussade. Tout avait été annoncé mais peut-être un peu moins qu’aujourd’hui et nous nous étions réjouis à l’avance de ce qui serait une très très belle journée. On se disait que peu importait de toute façon, qu’il pouvait bien pleuvoir ce jour-là, ce serait le plus beau quand même. Il n’a pas plu et comme annoncé, nous nous sommes mariés sous un soleil ardent. Brûlant. Le temps de la messe dans la fraîcheur de la vieille église où j’avais été baptisée a rappelé aux plus proches que le baptême avait été aussi “des plus chauds”. Je me souviens que cela m’avait fait sourire.
Ce n’est que deux jours plus tard que j’ai écrit ma deuxième petite prière brûlante peut-être parce que j’aurais tant aimé que le vieil homme soit encore présent.
Avec mes mots de jeune femme et je peux la relire encore. Elle Te demandait cette volonté-là pour aimer toute une vie et merci parce que tous, absolument tous, étaient venus. Il ne manquait personne. Même lui était là.
Je ne sais pas si un jour il y aura une petite prière brûlante numéro 3.
J’aime bien relire ces deux-là parfois.
Quand le temps devient brûlant, curieusement, elles me procurent cette petite fraîcheur en me rappelant le pourquoi Toi, Tu es là, dans mes jours, pourquoi j’aime Ton Église, pourquoi j’aime la vie.