Du temps

Il est dans chaque anniversaire de mes enfants une douceur infinie. Celle du souvenir d’un jour unique. Aujourd’hui, mon garçon fête ses 28 ans et chaque fois, je bénis Le Temps de me donner du temps. Il est drôle ce mot- le temps- après lequel je cours souvent, avec lequel on se bat, près duquel on rêve de s’arrêter parfois.

En ce Carême, je crois que j’ai beaucoup pensé au temps. Le mien qui passe évidemment, celui de mes petites-filles qui grandissent à vue d’œil, celui du monde qui me désespère autant qu’il me réjouit souvent.
40 jours, à peine terminés. 40 jours presque.
Déjà. J’ai cru l’entreprise de venir chaque jour impossible et finalement, je suis encore là.

Ce temps, accordé, pris, attrapé. On essaie de le retenir, de le changer, de l’apprivoiser. Rien n’y fait vraiment. Il file. On le sait.
Pourtant, je ne cesse de croire que lorsque je m’arrête un instant pour prier, pour regarder l’autre, pour tendre une main, pourtant, à cet instant oui, j’ai la sensation qu’il se suspend. Peut-être est-ce là notre seul possible.

Une date, une mémoire, un anniversaire. Le jour est mêlé de joie et de prière.

“Puisses-tu, Marie, protéger mes enfants et tous ceux que j’aime.”
C’est ma petite phrase chaque matin et chaque soir. Comme un défi au temps.

Beau jeudi, à prendre un peu de votre temps pour Lui et les autres.

à demain

Préparatifs

Le soleil a enfin décidé de s’installer. Combien de temps, quelques jours, peu importe. Il est le bienvenu au jardin encourageant nos mains à désherber, bêcher, ranger, tondre, tailler. Il est le bienvenu autour du petit muret sur lequel je me suis assise un instant pour bavarder avec la voisine, un passant, une amie.

Le soleil s’est bien installé. Me laissant seule aussi, de belles heures, à planter de nouvelles vivaces, quelques fleurs de saisons, à retrouver de jeunes pousses presque oubliées. C’est assez étrange comme le jardin vit sa vie. Sans moi.

Le soleil a vraiment pris ses quartiers. Et zut, tous les buis, malades, ont désormais disparu… Il va falloir que je me trouve de nouveaux rameaux. J’ai repéré un arbuste, quelques branches, bien vertes, j’aime bien quand les rameaux sont verts. Ce sera là. Je ne vais pas les couper déjà mais je crois que j’ai prévenu l’arbuste, en souriant de moi-même, que dimanche, ce sera lui l’élu.

Le soleil ne me quitte pas. Les rameaux, j’en prendrai aussi pour elle, pour eux, on ne sait jamais, ils seront sans doute heureux que je leur en apporte. Dans ma boîte à couture, je sais qu’il y a quelques jolis liens. Je nouerai un ruban à leurs pieds, comme un cadeau. J’aime bien.

Le soleil a même rougi mes bras. Je ne me suis pas méfiée, il était vraiment là, proche. Il est temps de rentrer, le soir va rafraîchir le ciel.
Il me semble que mes rameaux sont préparés à être portés, que le chemin qui se poursuit pourtant va bientôt commencer.

Bon mercredi, à vous préparer aussi  😉

à demain

Ce pardon

C’est comme revivre.
Oui, il y a le goût d’une renaissance.
Il y a dans les pardons donnés et reçus un élan vers la vie.

J’ai beaucoup d’histoires de pardons en tête et au cœur, les miens et plein d’autres lus ou racontés, et c’est toujours pareil : la vie recommence après.

 

Je crois que c’est un des premiers mots que j’ai appris à mes enfants, que j’ai su leur dire aussi, que ma petite-fille connaît déjà. Parfois, je me dis qu’il n’est jamais assez usé par le monde autour de moi et que des pardons lui feraient grand bien. Le feraient vivre et revivre.

 

C’est comme un souffle coupé qui peu à peu retrouve une douce respiration.
Il y a dans les pardons échangés le vrai de nos existences.

Je me souviens, il y a quelques années, avoir rencontré deux histoires de pardons impossibles. J’ai gardé sur un coin de cahier cette phrase prononcée par l’un d’eux. “Ce n’est pas oublier, c’est simplement se donner la possibilité de vivre encore.” 

C’est comme revivre. J’y pense en ce moment, à quelques pas de fêter Sa résurrection. Il est dans nos vies de nombreuses morts qui pourraient nous mettre à terre, il est dans nos vies les pardons qui nous remettent debout.

 

Bon mardi, je vous souhaite de savoir dire et de savoir entendre les pardons en cette dernière étape du Carême,

à demain

 

De la place

On fait lever le jour un peu plus tard. Le temps s’étire et rien ne presse.
Je crois que le temps des vacances est un temps pour Dieu.

Il y a de la place pour Lui dans les longues balades en bord d’océan, dans la petite sieste qui fait du bien, dans les heures à bricoler en silence, dans les lignes des romans.
Il y a de la place pour Lui autour des tables enjouées d’amis, parmi les rires de nos enfants.
Il y a de la place pour Lui dans les détours vers les petites églises, celles qui laissent approcher nos pas.
Il y a de la place pour Lui dans les coups de main qu’on prend le temps de donner.
Il y a de la place pour lui dans les prières à peine murmurées.

Peut-être bien que Dieu a besoin de temps et que nous ne savons plus où le prendre pour le Lui donner.

Bon lundi, à Lui faire une petite place

à demain

Paix

Vendredi. Je suis arrivée vers 18h30 après quelques kilomètres de campagne. Leur maison n’est pas si loin, il faut rouler un peu, traverser les vergers, admirer déjà le jaune éclatant des colzas, approcher le pont et on y est. Je suis arrivée après la classe et le petit pot d’amitié avec les collègues pour se souhaiter de bonnes vacances.

Petite-fille s’est endormie et je dois veiller sur son sommeil quelques heures.
Au moment où j’écris, je surveille, sur son babyphone, le petit être de trois mois qui dort, paisiblement. Autour, le silence de la campagne, le chat qui vient ronronner histoire de voir qui est là, le soleil qui s’étire doucement.

On dirait que la paix s’est installée ici.

Encore un œil sur le babyphone. C’est beau un bébé endormi. Il y a comme la fragilité du petit et la force de la confiance qui se mêlent.
J’aime bien ce rôle. J’aime bien être celle qui veille. J’aime bien être grand-mère.

On dirait que le silence nous protège.

Bon dimanche, le cinquième, le cinquième déjà. Qu’il puisse s’emplir de paix, celle de nos petites vies déjà.

à lundi

 

Colère

Il y a eu ma colère, il y a eu cette colère.
C’est vrai, je vous avais un peu prévenu du rush, du travail, du trop-plein pour mes dernières heures. Peut-être que c’est à cause de ça, peut-être simplement parce que j’ai eu l’impression que cette collègue me faisait vivre quelque chose d’injuste.
J’ai facilement le ton qui monte quand mes émotions me submergent et quand je ressens de l’injustice. Pour autant, en relisant ma journée ce jeudi soir, il y a comme un sentiment de raté.

Non pas que je me sente en tort, non, pas complètement , peut-être pas du tout, mais je sens que ma colère n’était pas le bonne réponse.

 

Dans ces moments-là, je repense toujours aux marchands que Jésus fait sortir du temple. Il est juste Jésus. Sa colère est juste. En vérité, je crois qu’elle permet de réajuster les choses qui ne l’étaient pas.
Et je me dis que ma colère n’a pas forcément servi à cela.

Souvent, nos colères ne réajustent rien.

 

Voilà, on pourrait dire c’est humain, c’est comme ça, tant pis.
Voilà, la colère, juste ou pas, brise, nous brise un peu quand même.

Puissions-nous être capable de nous ajuster les uns aux autres sans colère, c’est peut-être ma prière de Carême aujourd’hui.
Et je vous souhaite un bon vendredi, si possible, sans colère. 😉

A demain

à la dernière minute

Les deux derniers jours de classe avant les vacances, c’est toujours le rush pour moi. Non pas pour finir ce qui n’est pas fini, non. Rien n’est jamais vraiment fini de toute façon. Mais plutôt parce que, quand je peux, j’aime bien terminer une période avec un petit projet. Et souvent, ça m’embarque dans des trucs à préparer… à la dernière minute !
Bref, tout ça pour vous dire que je ne suis pas très dispo, là, à l’heure où j’écris pour vous parler de Carême, de Dieu, de machins qui pourraient être chouettes à lire parce que j’ai deux “salons de lecture” à organiser dans mes classes de sixième. Et pour que cela soit agréable pour les élèves- et pour moi, il me faut bien les préparer.

 

Sauf que finalement, en l’écrivant, je me dis que c’est encore un pas de Carême ça que d’être là, à un petit endroit pas trop loin de Lui, même à la dernière minute.
En vrai, je suis à peu près certaine d’une chose: Lui, contrairement à moi, il n’a ni montre, ni horloge, encore moins un agenda et une “to do list.”

Il est là.

Simplement.
Tout le temps.
Même à la dernière minute.

à demain ( normalement 😉 )

Presque rien

Il est des jours où on semble vides. Vidés aussi sans doute par le rythme, le travail, les nouvelles, le monde. C’est étrange ces jours-là parce qu’on pourrait se dire que, vidés, il y a plein de place pour Dieu mais souvent, c’est le contraire.
Plus je suis vidée, moins ce vide se remplit.

Il est des jours au contraire où tout nous remplit de joie. Le rythme, le travail, les nouvelles et même le monde. C’est extraordinaire comme ces jours-là, Dieu arrive à s’immiscer dans les minuscules petits espaces qui restent pour être là.
Plus la vie se remplit de vie, plus Il est là.

Et je me dis parfois que le temps du Carême permet juste de se redire que s’émerveiller malgré les gris, regarder les petits riens dans le trop-plein, savourer les petites joies même celles de presque rien, c’est cela être sur Son chemin.

Bon mercredi joyeux

à demain

 

Poisson

“En vrai, j’aimerais mieux porter un p’tit poisson autour du cou plutôt qu’une croix. Quand même, la croix, c’est rude non ?”

Je me souviens de ce grand jeune, il y a longtemps. Je leur avais raconté le poisson parce que c’était le 1er avril. Le poisson chrétien, l’ichthus, l’acronyme dessiné sur les murs, parce qu’on était en temps de pastorale, avec des grands de lycée qui préparaient leur confirmation. J’étais à la fin de mes études. C’est si loin mais c’est resté bien présent au cœur.

Et on avait parlé de la rudesse de la croix. Celle de porter une croix, même petite, même jolie autour du cou.

Porter le supplice.

“On porte une croix vide, regarde ! Il n’y a pas son corps, c’est une croix de ressuscité !” 

Elle avait tendu sa petite croix colombe de Taizé.

Bien sûr, ils avaient tous parlé des croix d’église, des croix de calvaire où le corps du Christ est bien là encore. Cloué. Supplicié. Mort. Mais on avait gardé l’idée de la croix vide, la croix de Vie, symbole du passage de la vie à la mort puis à la Vie.

 

Je me souviens de chacun d’eux.
Dans ce Carême, je pense parfois à tous les jeunes, grands puis petits, avec qui j’ai parlé de poisson, de croix, de Dieu.

Je crois que je ne mesure pas toujours la dose d’amour qu’ils m’ont donné et combien leurs questions ont fait avancer mes pas.

Bon mardi,

je vous souhaite de parler de poisson aujourd’hui, de croix, de Dieu, d’amour en somme. 😉

à demain

 

Un samedi soir

C’est assez rare mais parfois c’est mon samedi soir qui devient mon dimanche matin.

C’est moi qui devais lire la lettre de saint Paul et c’était ce samedi soir que mon équipe avait préparé la messe anticipée du quatrième dimanche de Carême.

L’église s’est remplie doucement jusqu’à sa moitié. C’est drôle le samedi soir. Il y a ceux qui s’excusent on vient ce soir car demain on part tôt chez les enfants. Il y a celle qui de toute façon préfère le samedi soir même quand la messe est dans une autre commune de la paroisse. Il y a celui qui s’est dit pourquoi pas ce soir puisqu’on a encore la chance du samedi soir.

Et on a écouté comme un dimanche, prié avec le fils prodigue, parlé de notre espérance.

Il y avait un peu plus de rose autour de l’autel, comme un dimanche de la joie. Ça m’a fait sourire d’entendre râler ma voisine qui trouve ça vraiment moche cette couleur d’aube. Elle l’aurait sans doute trouvée pareillement moche ce dimanche.

Oui, c’était pareil, enfin presque. C’est juste le retour à la maison qui était différent. On a marché à pied parce qu’il faisait beau mais le soir était déjà là quand on est arrivés sur le seuil. On est entrés dans la nuit avec l’évangile du jour.

Oui, c’était presque pareil. Mon dimanche matin s’est rempli de balade, de cuisine et de temps malgré une heure en moins.
Je crois que mon dimanche matin m’a un peu manqué.
J’aime bien ressentir ce manque, je crois, à nouveau.

Bon lundi

à demain