Un truc très bien

Elle a 12 ans, bientôt 13.
C’est la première fois qu’elle franchit les portes d’un monastère de Bénédictines comme la plupart des jeunes qui le temps d’une moitié de week-end, chaque année, m’y accompagnent.
Je pourrais encore raconter leur belle curiosité, leurs sourires et leur mots simples et spontanés.
La sienne aussi.
Mais je ne ferais que me répéter, répéter le joli de ces moments, leur précieux. En vrai, ces jeunes croisés en caté au bout de chaque semaine, petits dans leur chemin avec Dieu, me grandissent à chaque fois. Ce sont leur curiosité, leurs visages et leurs mots qui me donnent à aimer toujours un p’tit peu plus, et même souvent un p’tit peu mieux.

Elle a 12 ans, bientôt 13.
C’est la première fois qu’elle franchit les portes d’un monastère. Elle découvre qu’entre la salle à manger et la cuisine de notre logis situé dans une aile du monastère, il y a un passe-plat. Elle apprend ce mot inconnu d’elle jusque-là, elle répète la définition: petite porte qui l’amuse beaucoup et donne au moment de préparer le dîner un petit air hors du commun. Elle s’amuse avec les autres à l’idée de passer les plats d’un côté à l’autre sans avoir à changer de pièce. Je vous l’ai dit, ce sont des enfants. En vérité, souvent, ils me disent, au-delà de l’amusement, que c’est juste drôlement pratique. Comme elle qui, cette fois, m’assure que c’est vraiment un “truc très bien”.

 

À la fin de la messe ce matin et en attendant le repas pris en silence avec les Sœurs, nous avons trouvé le temps de nous partager nos impressions. La beauté de la chapelle encore, découverte aux Laudes, la harpe de Sœur Claire, la communion au pain et au vin.
Chacun y va de sa remarque, de ses mots et de ses questions.
Elle s’approche un peu plus de moi avec la sienne.
– Madame… c’est super, il y a aussi un passe-plat pour les hosties…!

Un peu étonnée.
Puis le sourire.
Un grand sourire.

Mon grand sourire quand je réalise très vite que dans la chapelle, le prêtre s’approche toujours du tabernacle en se déplaçant vers le mur, là où une jolie petite porte en forme de grain de blé – qu’on ne voit pas de nos places- , jolie petite porte ouverte dans ce mur de droite, et de là, il en ressort les hosties comme si on venait de lui “passer” la nourriture, comme s’il y avait quelqu’un de l’autre côté. Comme si la porte du tabernacle n’était autre que celle d’un passe-plat, à l’identique de celui de la salle à manger de notre logis.

Elle a 12 ans, bientôt 13.
C’est la première fois qu’elle franchit les portes de ce monastère. Je lui raconte le tabernacle. Elle s’excuse presque, bien sûr qu’elle connaît mais ça ne ressemble en rien à celui de son église, là où elle va parfois.
Elle sourit.
– C’est vraiment “un truc très bien” aussi, pardon de m’être trompée.

Et moi, quand même, de lui dire que l’idée n’était pas si saugrenue.
Non.  Pas saugrenue du tout l’idée que Dieu s’offre en nourriture dans la simplicité d’un repas, dans ce qu’il y a de plus quotidien et de plus essentiel de nos vies.

Un repas.
Un truc très bien en somme.  😉

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