Sans faire de bruit

Ce n’est pas grand chose.

Un petit journal de paroisse glissé dans toutes les boîtes aux lettres. Il fallait que j’écrive cet article sur le Carême. C’est quoi le Carême.
On ne sait pas vraiment qui le lit le petit journal glissé dans toutes les boîtes aux lettres en dehors de nos quelques fidèles paroissiens qui, parfois et toujours de façon très sympathique, s’en font l’écho. Ce n’est pas grand chose, ça ne fait pas de bruit.
Ah et puis, mon voisin aussi je ne suis pas croyant mais comme tu écris, je te lis. Et son bel éclat de rire.

On ne parle pas assez de l’amitié ni de la gentillesse simplement ni des sourires croisés dans nos chemins vers Dieu. On croit souvent qu’il faut des grands discours, des catéchèses du tonnerre, des rencontres étonnantes. Moi, je crois vraiment que les gens loin de l’église peuvent aimer Dieu si nous, imparfaitement peut-être mais un peu quand même, on leur montre que c’est chouette de l’aimer dans les plus petites choses de nos quotidiens.
D’accord, ça ne fait pas venir mon voisin à la messe, ça ne le fait pas croire non plus, enfin c’est ce qu’il me dit. N’empêche, il lit. Je crois que c’est déjà un peu de Dieu dans sa vie.

 

Ce n’est pas grand chose mais j’avoue que lorsque revient l’heure de la rédaction de nouveaux petits articles, j’aime assez ce moment.
Et puisque l’idée était de parler du Carême, j’ai repensé au voisin.
Et je me suis demandée ce que ça voulait dire le Carême pour lui. Sûrement rien du tout.

Rien du tout.Et pour moi tellement. Comment j’allais bien pouvoir faire se rejoindre ce rien et ce tellement ?

Ma feuille est restée blanche avec un petit gribouillis de quelques idées.

C’était hier.

 

 

Ce soir, en rentrant de multiples choses à faire, je me suis rendue compte, un peu tard, que j’avais oublié les œufs pour l’omelette que j’avais prévue pour le dîner. Il y avait bien autre chose mais le prétexte était peut-être là, pour aller sonner à sa porte.
– J’en ai pour 5 minutes, je vais demander à O. s’il peut me prêter des œufs.

Je lui en ai demandé quatre, je suis revenue avec une douzaine. Tout frais pondus, tu peux pas refuser.
Sa femme avait fait une galette, on ne fait qu’en manger, emporte deux parts ! Et elle les emballait avant même que je dise merci.
Et pendant un café parce que tu ne vas pas repartir sans … leur aînée m’a raconté un nouveau livre qu’elle étudiait “tu sais d’habitude je n’aime pas spécialement lire mais tu vois, ça vient…” et un clin d’œil à ses premiers cours de français au collège il y a quelques années, quand je la dépannais sur ses fiches de lecture.  Mais bien sûr qu’on gardera ton chat si vous partez en février !

 

Il m’a fallu un peu plus de 5 minutes.
Une heure plus tard, je déballais ma douzaine, mes parts de galette et même le bouquet de ciboulette et je cassais enfin mes œufs. J’ai fouetté mon omelette. J’avais le cœur tout chaud comme lorsqu’il sort d’un temps de prière ou même, comme après l’envoi du dimanche.

 

 

– Tu vois… je crois que le Carême c’est peut-être ça. Dieu dans nos vies sans rien dire: dans les sourires comme une prière, dans les partages qui rendent heureux. Ça remplit, ça réchauffe, c’est Tout. Sans aucun bruit.

 

J’ai repris ma feuille. J’ai écrit mon petit article.
Un carême, sans faire de bruit.

3 réflexions au sujet de « Sans faire de bruit »

    1. j’sais pas….en vrai. Mais non, je ne crois pas: j’aime trop décliner les jours et cette manière d’écrire me correspond aussi. En revanche, pas le moindre chouilla d’idées jolies à l’horizon. mais j’ai encore plein de temps 😉

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