Des kilomètres en bouts de prières

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

 

Pour moi, c’est toujours la chance des vacances de février, du temps qu’on peut prendre encore en ce début de Carême et des kilomètres en voiture…sous la pluie.

En prenant la route aujourd’hui, et sans doute parce que ce n’était pas moi qui conduisais, j’ai laissé aller les pensées. C’est facile quand on traverse de chouettes paysages, qu’il y a un peu de musique et que la pluie dégouline sur les vitres. Et puis, il fait chaud au dedans. C’est presque doux ce moment-là. Tellement que, souvent, bien au-delà des simples broutilles de pensées qui déboulent dans ma cervelle, je me mets à parler à Dieu. Tout bas.

Je ne sais pas si ça s’appelle prier.

Je n’ai jamais très bien su ce que c’était qu’une prière, enfin, une vraie. Une qui convient. Une qui serait convenable, oui. Je sais seulement écrire des bouts de mots ou parler du bout des lèvres – dans une auto, sous la pluie. Mais j’espère que Dieu, depuis le temps qu’il me connaît, a pris l’habitude de mes prières qui ne ressemblent pas à des prières et que ça lui va autant qu’à moi.

En prenant la route aujourd’hui et sans doute parce qu’on est encore en vacances, je me suis rappelée que le Carême, c’était chouette quand ça rimait avec prier mais que ce n’est pas facile de faire rimer de jolis mots ensemble dans un quotidien qui, lorsqu’il n’est plus en vacances, a peine à respirer des heures tranquilles.
On peut bien vouloir faire tous les efforts du monde mais c’est moins facile de parler à Dieu quand on file vers le travail la tête déjà dans les cours à donner, que la pluie continue de dégouliner et qu’il faut rester vigilante, qu’on a d’autres chats à fouetter que ce bon Dieu qu’on aime mais voilà.
Pourtant, c’est bien là, dans ma petite auto, que je lui parle le plus, le mieux j’en sais rien mais le plus oui, j’en suis certaine. À voix haute même, en traversant seule ma campagne.

 

Pour moi, c’est toujours la chance des vacances de février, du temps qu’on peut prendre en ce début de Carême et des kilomètres en voiture, et on est même arrivés avec un bout de soleil qui caressait les vitres. Je sais, c’est un peu bête mais j’aime assez l’idée que ces rayons qui viennent se poser sur les gouttes de pluie, c’est le clin Dieu du genre ok, je t’ai bien écoutée. C’est bête, naïf sûrement, mais doux. Et jamais, je ne me prive de douceur.

Et rien ne m’empêche dans ce Carême de croire que Dieu entend mes bouts de  prières, toutes nos prières, dans nos autos, sous la pluie.
Dans nos cuisines aussi. Et sur un coin de bureau, au fond d’un jardin, dans une allée de supermarché, dans une salle d’attente, sous une couverture fatiguée, sur un trottoir à attendre, dans un train qui s’en va.

On peut lui parler n’importe où, n’importe comment, n’importe quand.

Si.

Merci Dieu.

 

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