J’avais tout préparé avant. Le menu, quelle nappe, j’aurais même le temps de couper les derniers hortensias encore bleus. La cuisine dans cette toute fin d’après-midi de septembre sentait presque le parfum des vacances. Ça doit être le soleil. Il a sorti une bonne bouteille. Il a ouvert en grand, redonné un petit coup d’aspirateur au-dedans des murs si souvent enfermés. J’ai dressé la table, déposé mes fleurs. J’ai souri. Parfois je souris en regardant la vie, celle que l’on touche à fleur de peau, celle qui ne fait pas de bruit, celle qui ne se rend pas intéressante.
J’avais pensé à tout avant. Les questions que je lui poserai encore, les projets, on aura le temps de parler de Dieu. Evidemment. Le repas, c’est drôle un repas. On est bien ensemble et on dirait que toutes les paroles sont possibles en vrai. Presque toutes. Puis on oublie ce qu’on avait prévu de se dire, ce n’est plus si important, l’essentiel est là de toute façon dans le fil de nos mots, dans nos silences aussi. On est d’accord dans un sourire, et on ne l’est pas avec des paroles qui jamais ne font mal. Jamais.
Il est reparti à pied, la nuit était déjà là, depuis longtemps. Ce n’est pas parce qu’il est prêtre que j’ai pensé à Jésus, oh non; c’est parce qu’il est notre ami. Et je crois que ça devait ressembler à ça l’amitié avec Lui. On a laissé un peu la porte ouverte, accompagné l’ombre au détour de la rue. Il est tard et il fait bon encore ce soir. Ça doit être ce soleil.
Au matin encore tôt, les miettes à balayer, le vent frais a réveillé doucement l’espace et les mots auxquels on repense, c’est étrange, on dirait qu’ils restent un peu eux aussi autour de la table. Il a repassé un petit coup d’aspirateur. J’ai souri. J’ai souri de ce monde qui me dit comment je devrais faire, quelle femme je devrais être, ce qu’il serait bon de penser. J’ai souri parce que c’est la vie qui me le dit. J’ai fredonné “besoin de personne”, allumé ma playlist. Jean-Jacques a repris “filles faciles”. Les chansons parlent toujours mieux que moi. Surtout quand il fait beau. Ça doit être le soleil.
Et je me suis dit que c’était sûrement ça, un ami qui vient s’asseoir à notre table, c’est le temps qui s’arrête, qui se repose, peut-être même qui se donne une raison d’être. Et puis cette joie là, discrète, qui n’a rien de l’éclatant d’un extraordinaire instant, non, mais qui nous rendrait presque meilleur. Oh… mais ça doit être le soleil.
Juste le soleil.
Te lire = le bien fou. <3
<3
Recevoir ses amis en toute simplicité, je vois que tu sais faire !!!! Bravo.. Eugène
J’aime tellement ton temps qui se donne …non qui est ! une raison d’être. Merci tout le temps. Gros bec Corine !