Et ils avancent

Je joue encore à ça.

Chaque année, invariablement, je les fais avancer dans la crèche, sur un chemin de paillettes, je les approche un à un, doucement, les fais s’arrêter devant la mangeoire où un bébé semble dormir, reposé.
Ce n’est peut-être pas tant un jeu qu’un petit instant qui sourit à l’enfant que je fus et qui ne manquait jamais de faire parler les trois compères – l’un était fatigué, l’autre voulait s’arrêter là, le dernier soulignait que la nuit était proche et que l’étoile attendrait bien demain pour repartir. Ils pouvaient avoir faim, ils avaient souvent soif, je les rendais vivants.

Je les pose en silence aujourd’hui.
Je les fais toujours avancer sur le même chemin.

Et on dirait que chaque pas qu’ils font me rappelle que s’avancer vers Dieu prend ce long temps-là.
Et on dirait à faire avancer mes Mages entre Noël et l’Épiphanie que ce chemin est toujours à refaire.
Et on dirait qu’on y arrive à s’agenouiller devant ces langes qui l’emmaillotent comme devant le linceul qui bercera son corps meurtri mais que jamais, jamais on est assez là, vraiment là, et qu’il faut sans cesse repartir et refaire. Sans cesse revenir.

Je joue encore à ça. Je pose mes Mages un peu plus près de Lui chaque jour.
Et ils avancent.
Et moi dans leurs pas.

 

2 réflexions au sujet de « Et ils avancent »

  1. Je prendrai le temps de te lire, de revenir, moi qui ne suis plus guère sur les blogs.
    Essayer d’expliquer Jésus dans la crèche à mon petit bonhomme de 5 ans qui s’énerve parce qu’il ne peut pas voir Jésus…

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