Une pause et du riz au lait

40 petits billets de ces soleils qui nous tapent sur l’épaule, nous attrapent, nous rattrapent, nous retournent et font des mercis qu’on leur dit, à voix haute parfois, ou souvent très bas, la vertu de nos vies.

Le mardi après-midi, pour moi, c’est pause. Pas de cours. Une heure ou deux seulement le matin, oui, c’est un peu la journée-cadeau. Souvent, vous savez, il y a des copies et hop, l’après-midi est passé sans le voir.
Et parfois non. Alors, j’ose m’accorder une vraie pause.

Ce mardi, pour moi, c’était la vraie pause. L’amie m’a demandé en souriant si j’allais défiler. En souriant évidemment, parce qu’elle connaît ma phobie des foules et des rassemblements de rue. J’ai pensé non pas aux grévistes mais à tous ceux qui peinent dans leur travail et leur vie. Et j’ai fait pause du monde tout autour.

C’est doux une pause. Ailleurs, ce serait au long des vagues mais ici, ça commence par un grand bol d’air bien emmitouflée quand même pour aller au bord de la campagne chercher la douzaine d’œufs promise et revenir avec vingt minutes de pause-café au cœur. Ça continue au chaud de la maison en allumant un feu avant de  retrouver ma cuisine. Faire les yeux doux au nouveau livre de recettes, se régaler des pages avant de se dire que rien ne vaut celle de grand-père avec un bon riz au lait à partager. C’est sans doute parce que le riz au lait, pour qu’il soit bon, il lui faut du temps. Le temps de lui raconter plein d’histoires. Le moelleux et le parfumé demandent des minutes et des minutes. Alors, j’ai allumé ma musique et j’ai doucement “travaillé” le riz, je l’ai parfumé, je l’ai laissé fondre longtemps jusqu’à un petit tour dans le four pour garder le chaud, le bon, le doux et le craquant juste dessus. Une grosse heure de douceur.
Il n’est que 16 heures. J’ai le temps. La maison sent bon.
Et le livre espère que je lise sa fin. Une petite demi-heure.

On dirait qu’elle a attendu la dernière page pour frapper à la porte. C’est étrange comme parfois les pauses savent très bien quand on peut être à nouveau “dérangée”.
– Je passe en coup de vent, j’ai un rendez-vous chez le médecin à 17h.
– Un souci ?
– Je peux m’asseoir ?

Des confidences, rien de grave.

La pause a continué, a prié un peu, a rangé des bricoles, a écrit aussi, a caressé le chat blotti tout à côté, a pensé quand même à truc pour la paroisse, a souri du temps qui lui restait encore.

 

 

-Tu as fait du riz au lait !! Youpi !

Oui, ma pause a souri à tous ces petits riens qui ne s’affichent jamais en grand. Heureusement, ils sont simplement là pour essayer d’être heureux.

 

Merci.

 

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