De la patience

Je me souviens de celle que j’avais quand mes enfants étaient petits et même après.
Patience à les aimer. Patience à les attendre. Patience à les laisser grandir.
Patience à prendre le temps d’être avec eux.
La patience a besoin de présence.

J’ai toujours eu beaucoup de patience avec mes élèves.
Cela fait partie de moi, sans que je ne fasse rien, sans que je prenne sur moi. Mon caractère, on dit ça je crois.

Quand j’entre dans une classe, je sais qu’avant toute autre chose, avant tout programme, je vais prendre mon temps.
Patience infinie, sans que rien ne me pèse, patience du temps qu’il faut pour apprendre.
Le temps a besoin de patience.

De la présence et du temps, ce nouveau confinement va les rendre difficiles encore une fois. 
Etre présente derrière mon écran, avec mes mots, avec ma voix, avec mes sourires mais sans mon corps.
Prendre le temps avec la technique, sans leurs regards qui cherchent, sans nos yeux qui parlent, sans nos rires souvent.

 

La patience a besoin de nos corps aussi.
Et nos corps me manquent déjà.

 

Et étrangement, je repense ce soir au Christ, à sa résurrection.
Et aux jours d’après qui commencent, recommencent pour nous aussi. 
Longtemps, je me suis demandée pourquoi Dieu avait laissé tout ce temps, à nouveau, encore, au Ressuscité.
Pour revenir au milieu des siens.
Pourquoi Dieu a laissé tout ce temps à ses amis pour être encore avec Lui.

Et ce soir, je me demande s’Il n’a pas simplement donné la patience.
La présence des corps et le temps pour comprendre.

La patience pour  reconnaître, accepter, croire.
La patience pour attendre après, infiniment.

 

La patience a besoin de nos corps. 
Et nos corps me manquent à nouveau.
Et ma petite prière se fait patiente à croire que je vais pouvoir encore attendre, à nouveau. Un peu.

 

 

Et vous ne saurez ni l’heure ni le jour

Samedi 15h00
Nous avons terminé quelques achats pour le dîner avec ma grande fille. Un petit tourbillon de joie, déjà, dans les rues, avec elle et ses sourires. Après un matin et un midi à regarder le temps compté pour tout préparer, nous voilà presque prêts.
15h45
Nous sommes partis sous le grand soleil du jour, Jésus au profond de nos cœurs.
16h00
L’église se remplit, avec plein de douceur. Les amis sont là. Les enfants. Les fragiles aussi. Ceux pour qui il faut du temps.

 

19h15
Nanou a appelé pour me souhaiter un joyeux jour de résurrection. J’ai écouté ses mots qui eux aussi ont emmené le petit groupe d’adultes handicapés dont elle s’occupe, à l’église de sa paroisse, à 16h30.”C’est la première fois qu’ils pouvaient veiller, le soir ce n’est jamais possible.”
Huit grands garçons et filles qui demandent des heures avant d’être prêts et qui, passées 20 heures, sont déjà très fatigués.

Dimanche 15h00
Un petit tour sur les réseaux qui s’enthousiasment de la veillée de 6h30. J’aurais bien aimé la vivre.
Un vieil ami  prêtre m’envoie un “Joyeuses fêtes de Pâques”. Et me raconte un peu son matin.
C’est beau.
Je luis dis que finalement je suis un peu triste d’avoir manqué ça.

“Manqué quoi ? ”
Il éclate de rire.
“J’espère bien que tes réseaux se sont davantage réjouis de Sa Résurrection que de l’heure d’une veillée ! “

Et soudain, ça va mieux.

Oui 6h30, c’était bien. Et mon 16h30 aussi. Et ceux du dimanche 9 heures, 10 heures, 11 heures, tout autant.
Peu importe l’heure.
Il est ressuscité. Alleluia !

 

J’ai eu un instant comme l’impression que cette année l’heure avait compté bien davantage que Son Temps.
Mais non. Bien sûr que non.

Et de ces histoires d’heures, je garde Ses mots retrouvés – comme un clin Dieu – sur une vieille lettre.

“Tu peux L’attendre chaque jour, c’est-à-dire qu’Il soit dans ton cœur chaque jour, chaque instant, car pour ce qui est de l’heure ou du jour, nul ne sait. Mais Il est là, déjà là. Ne l’oublie jamais.

🙂

Uppercut au coeur

Il y a ces heures de caté qui me laissent K.O.
Non pas qu’elles me cassent, me lassent, me dépassent non. Non.
Mais elles sont comme un uppercut donné en plein cœur. 

 

Ça a commencé un peu drôlement ce vendredi d’abord parce qu’on s’est donné des nouvelles du garçon qui inscrit depuis le début de l’année ne peut pas participer au caté. Une leucémie l’empêche d’être un collégien de 5ème exactement comme les autres. Alors on s’est redonné de ses nouvelles oui et puis on a parlé de la maladie. 
La mort aussi.
Les souffrances. Les maux. Les douleurs.
Ils voulaient depuis longtemps que ce soit notre thème.

J’avoue, il y a un mois, puis encore il y a 15 jours, avoir repoussé ce temps-là en leur parlant d’autre chose. 
– Mais madame, on en parle quand de la mort et tout ?

 

Je ne pouvais pas repousser davantage.
Et tout, c’est cela. Ils voulaient parler de tout ce qu’ils ne comprennent pas.
 
Il y a ces heures de caté qui me me laissent K.O.
Voilà. Ils voulaient parler de “ça”. J’ai sorti Job hier soir. J’ai relu quelques pages. Chercher celles qu’ils pourraient comprendre, celles qui pourraient m’aider à leur donner, à eux, la parole.
Ça tombait plutôt bien qu’il soit là, dimanche prochain.

Alors, aujourd’hui, je leur ai dit son histoire. Je leur ai lu ses cris. 
Il y avait du silence. Vous savez, ou peut-être pas, oui peut-être que vous ne savez pas, mais il y a parfois leurs silences d’à peine 13 ans qui en disent long.

Et il y a eu leurs mots.
Sur un papy pas si vieux et ses trois cancers.
Sur une amie de maman.
Sur une jeune tante.
Et il y a eu ses yeux si présents à chercher les miens.
Sur sa maman disparue.
Et il y a eu mes mots.

J’ai, pour la première fois, dit merci à ce maudit masque qui bien remonté jusqu’au bord de nos yeux a su cacher l’indiscrétion de nos peines.

 

Notre petite prière s’est faite tout petite. La sonnerie qu’on avait même pas vu venir ne l’a pas dérangée. Ils sont restés là, un peu après l’heure. 
– Il faut désinfecter nos tables madame.
Ils sont restés là à nettoyer encore. 
Souvent le quotidien et ses gestes nous aident à retrouver la vie.

– C’est moche le virus madame mais les masques des fois, ça cache pas que nos sourires hein ! … et bon week-end madame ! Oui bon week-end !

Elle a fait marche arrière.

– C’était bien, vraiment bien.

Est repartie très vite.

 

Uppercut en plein cœur. Merci Seigneur.

On a commencé comme ça notre bout de chemin, sous un veux chêne…

P’tite prière en rêve

J’étais encore enfant et un jour, j’ai ouvert une Bible.
Une vraie, une épaisse, une “de grande personne”.

Je ne l’ai jamais vraiment refermée depuis.

Et même si j’aime la lire, la partager, la creuser, la traduire, toute petite chercheuse de ses sens,
elle reste le plus souvent dans les creux de mes silences.
Et si vous saviez combien elle remplit les espaces.


Et ce soir , en préparant ma séance de caté,  j’ose une petite prière pour que mes petits collégiens, demain, arrivent eux aussi à s’y plonger. 😉

 

 

Il y aura des mots cachés comme des trésors
des mots brisés comme des fêlures
des mots renoncés comme des oublis
de longues patiences et de frêles promesses
des hivers endormis et des réveils d’été
des heures étincelantes et des mémoires brûlantes
des fenêtres closes et des ciels enflammés
des collines familières et des rêves d’ailleurs
et il y aura Ton nom murmuré
Et Ta parole
Vivante.

 

Le temps décide

Il y avait un vieil homme quand j’étais petite, un bon vieil homme qui habitait sur le chemin de l’école et quand je revenais à pied, je m’arrêtais toujours pour le saluer. Je crois qu’il sortait sur le pas de sa porte simplement pour ce moment de la journée. Et inlassablement, peut-être parce que sa tête s’était perdue quelque part dans son enfance et y était restée, inlassablement, il répétait ce même bout de phrase. “Le temps décide… le temps décide…” Cela ne voulait rien dire mais curieusement, ce bout de phrase répondait assez bien à mes “à demain, p’tit Claude!”   – le temps décide, le temps décide… ou à mon “bonjour p’tit Claude, ça va aujourd’hui ?    – le temps décide, le temps décide…
Dialogues qui auraient pu paraître un brin absurdes mais qui finalement faisaient sourire à l’unisson le vieil homme et la gamine qu’il regardait passer.

C’est étrange les souvenirs parce que les mots du p’tit Claude, gardés avec lui dans un coin de mon cœur sont remontés à la surface aujourd’hui.

Le temps décide.

J’ai parfois un peu cette impression. Je l’ai encore eu ce matin. Une année ajoutée à mon réveil, à ma vie qui file sans s’arrêter.
54 ans. À l’écrire, je sens toutes les années ajoutées à ma vie en autant de joies, de peines, de douceurs et de difficile.
54 ans.  À l’écrire je mesure la chance d’être là.
54 ans. À l’écrire, je sais la joie de vieillir.
54 ans.
À l’écrire, je ne sais plus très bien quel âge j’ai. 

En vrai. Bien sûr, je sais les compter les années mais ce nombre n’est rien si je n’y ajoute chaque minute de ma vie et comment le faire, chaque minute file tellement vite. Tellement lente pourtant à certaines de nos heures.
Le temps décide de tout dépasser ou de ralentir le pas. Et je ne sais plus parfois quel âge compte vraiment.

Et puis, j’ai croisé au long de la journée des mots, des jolis souhaits, des sourires et aucun ne semblait regarder le temps de la même façon.
Petit élève de 11 ans qui me demande mon âge, s’arrête un peu sur ma réponse et me souriant dans un ” c’est bien…quand même !” me fait éclater de rire.
Mes enfants pour qui je ne serai jamais vieille parce que vieillir tutoie sans doute d’un peu trop près ma fin.
Jolie collègue de la juste quarantaine qui ne veut surtout pas regarder son âge et encore moins parler de celui des autres plus âgées.
Les amis pour qui on ne change pas.
Les vieux amis de plus de 80 ans pour qui on est “la p’tite jeune qui n’a pas encore la moindre ride”. 

Le temps décide, il décide d’être regardé de près ou de loin.
Etrange chassé croisé entre hier et demain, le temps décide.

Et je suis là, ce soir, avec mes 54 petits balais qui grisent mes cheveux, soulignent la fatigue des journées trop pleines, espèrent des demains de grand-mère à raconter des histoires à des petits-enfants que j’aime déjà, avant.

Et je suis là, ce soir, à relire un petit bout de mes 10 ans. P’tit Claude dit toujours la même phrase parce que peut-être que pour lui le temps a décidé de s’arrêter.

Le temps décide. De s’arrêter aussi ce soir sur un dernier bout de prière qui te regarde mon Dieu avec ta frimousse attendrie sur une petite que tu as vu grandir, une petite qui vieillit, une petite toujours.

Et la vie continue. Et le temps décide.

Prière oubliée

J’la traîne dans ma poche comme si de rien n’était. Ça fait des jours que j’la traîne dans ma poche comme si de rien n’était.
Je voudrais tant la poser, la déposer, pourtant.
Rien à faire, c’est au creux de ma poche, effleurée du bout de mes doigts, qu’elle reste, enfouie.
Elle n’arrive pas à sortir. Blottie, chiffonnée, peur du froid peut-être. Trouille du dehors, elle aussi.
Elle sert à rien alors.

Parfois, elle reste comme ça, des jours à traîner sans rien d’autre à faire, sans personne à qui parler.
Et puis, il suffit d’un interstice, minuscule espace, infime souffle, entre un cours et un autre cours, au fil d’une longue journée de collège compliquée.

Parce que lui, je l’ai gardé un peu pendant la récré. Pour s’expliquer, encore une fois.
Parfois il suffit d’un instant pour qu’elle soit là, vraiment.

Il m’a raconté à nouveau le difficile de ses heures, celles que j’aimerais mieux ne pas connaître. Je t’ai serrée au fond de ma poche. Le compliqué de ses 11 ans, l’injuste tellement, je voudrais ne pas savoir, je voudrais oublier. Mes doigts ont déplié le papier. Et sans rien pouvoir ajouter à ce qui est déjà fait pour lui, je l’ai écouté, longtemps, effleurant du bout de mes doigts des mots laissés là, griffonnés en p’tit morceaux de prière, tout au fond d’une poche oubliée.

J’la traîne dans ma poche comme si de rien n’était.
Mais elle est là. Pour lui aussi.
Comme Toi.

 

 

“C’est bien.”

Il était un peu triste ce dimanche. Et en même temps pas seulement.

Mon téléphone a vibré un peu tôt dans son matin. Ma pauvre petite mère. Je n’aime pas le téléphone qui affiche son numéro au trop tôt du matin. Le temps de décrocher et d’entendre sa voix. J’ai eu peur qu’il ne lui soit arrivé quelque chose.
Je veille sur elle maintenant.

Il lui était arrivé quelque chose oui. Sa sœur cadette, malade, très malade, emportée au plus tôt du matin encore.

Je suis restée un peu silencieuse à écouter ses larmes et ses questions. C’est difficile de répondre.
C’est difficile de donner des réponses, des mots de tendresse et de réconfort. 
C’est difficile pour nous deux. Alors j’ai simplement écouté.

La journée a défilé très doucement, lentement même. Tout m’a semblé plus lent. Comme si le temps me donnait du temps soudain. La messe même. Peut-être pour y déposer vraiment ma prière pour eux entre Tes mains.

Pour eux.

Cela ne saute pas vraiment aux yeux quand on me connait un peu mais, de cette petite mère et de sa famille, je garde quelques sourires de retrouvailles d’il n’y a pas si longtemps et une autre chose, l’absence de Dieu.
Il n’y a pas de prières, il n’y a pas d’église, il n’y a pas de croyants de ce côté-là de moi. Il n’y a rien qui me ressemble. Et c’est étrange parce que j’ai l’impression que ce n’est pas un côté de moi. Pourtant si.
Si. Pleinement.

J’ai laissé la journée filer. Le mari et les enfants n’ont rien dit de plus, comme ils savent oser le silence quand c’est ce dont j’ai besoin, quand quelque chose autour de moi, en moi aussi, se brise un peu.
J’ai laissé la journée filer, tentant de corriger quelques copies, la tête ailleurs à essayer de fouiller, de fouiller dans mes souvenirs. Mais non, je n’ai rien trouvé. Pas de Dieu. 

Pourtant j’ai retrouvé quelques sourires, gravées sur de vieilles photo jaunies, celui de cette tante, belle, les cheveux au vent d’un bord d’océan. 

La journée a continué. Je ne sais pas pourquoi j’ai cherché autant. Dans l’annonce de la mort de ma tante au matin, il n’y avait que des larmes, que la mort, que la fin, que la douleur aussi. Il n’y avait ni  mon Dieu ni mon Espérance.

Comment lui dire ? Comment ?

Au soir, je l’ai rappelée. J’ai écouté à nouveau sa petite voix fatiguée. J’ai entendu un peu de paix je crois.

C’est peut-être cela qui m’a donné ce courage, celui de lui dire.
Pauvre petite mère, allais-tu l’entendre ?

 

– Ce matin, à la messe, j’ai prié  pour tante Catherine. Et pour toute la famille.

 

Il n’y a pas eu de silence mais tout de suite, en un murmure, souffle presque éteint, un “c’est bien”

C’est bien.

Juste ça, c’est bien. Et tant, avec ces trois mots.

Et j’ai su, à cet instant-là, Seigneur, que Tu étais là, dans leur absence de Toi, depuis toujours, avec elle, avec eux.

 

De l’amour en somme, juste ça

C’est son anniversaire dans cinq jours et elle se marie l’année prochaine.
C’est drôle cette vie qui nous mène et nous emmène. Oh.. je sais que cela n’a rien d’extraordinaire ni rien d’étonnant. C’est même très ordinaire ce temps qui passe, qui fait grandir son enfant au point qu’un jour elle décide de sa vie sans vous, ou presque. C’est même plutôt joli, plutôt agréable, plutôt bon.
Mais c’est drôle quand même. 
Je ne sais pas si je vais réussir un jour à m’y faire au temps qui passe.

Celle qui a fait de moi une maman il y a bientôt 26 ans est une femme maintenant. Je ne sais pas si on sait vraiment quand le temps se dilate, se rétrécit, s’accélère ou se ralentit. Peut-être que c’était il y a très longtemps quand elle a commencé à ne plus avoir besoin de moi pour lire des histoires. Peut-être que c’est un peu après quand elle pouvait rentrer du collège à pied toute seule. Peut-être que c’est encore plus tard quand elle a quitté la maison pour ses études. Peut-être que c’est lorsqu’elle est devenue prof et qu’elle était heureuse. Peut-être que c’est lorsqu’il y a un an elle nous a dit qu’elle allait se marier.
Je ne sais pas si je vais réussir un jour à comprendre le temps qui passe.

À l’écrire ce soir comme une petite prière, on dirait presque que je suis triste ou du moins, nostalgique. Et non, pourtant non. Vraiment non. Ce temps qui passe, même si je ne le mesure pas vraiment, même si je ne comprends pas tout ce qu’il entraîne avec lui, je l’aime. Oui je l’aime. Et même s’il existe des moments perdus que j’aimerais retrouver, il est du temps comme de mon amour de la vie. Il emporte dans son sillage tout ce qui me grandit. Et cet amour pour mes enfants, immense.

Et parfois, je me demande si ce n’est pas simplement ça Dieu dans ma vie. Comme un temps auquel je ne comprends pas grand chose mais qui me grandit à mesure que j’avance.
De l’amour en somme, juste ça.

Défaire

“Rangeons le Petit Jésus de cire et marchons au grand Jésus de feu. Rangeons le rêve: le réel assure sa relève.”
F.Cassingena-Trévedy

 

J’attends toujours que janvier s’avance un peu. J’attends que tout recommence, l’année, les cours, les habitudes.
J’attends de ne pas en être lasse. J’attends qu’il ne soit pas trop tard.
Alors, je sais qu’il est l’heure de défaire Noël.

Enlever une à une les décorations, décrocher les boules et les guirlandes, les ranger précieusement dans leurs boîtes. Défaire les branches joliment agencées, celles qui cette année m’ont servi de sapin. Retirer le grand pot de terre qui les contenait. Et nettoyer un peu autour les paillettes qui se sont échappées.

Défaire Noël de la maison.

Il y a toujours un petit pincement au cœur à remiser pour une année entière cette atmosphère que j’aime tant. Ces dorés, ce brillant. Les étoiles, les lumières. Il y a, mêlées constamment l’une à l’autre, la joie d’un Noël revenu et la petite tristesse de le voir déjà repartir.

Défaire Noël de la maison.

Vient alors l’heure de ma crèche. Les Rois rentrent par leur autre chemin, les bergers les suivent puis un à un les santons. Enfin, j’enveloppe, bien serrée dans le papier de soie, la petite famille.

J’ai défait Noël et la maison a retrouvé son ordinaire.
Mais je crois que la maison aime retrouver l’ordinaire, elle le garde comme en secret ici, elle aussi.

Elle le garde dans les petites tablées animées des vendredis soirs, dans les prières des matins trop froids, dans les journées qui n’en finissent pas.
Elle le garde dans les inquiétudes qui traînent, dans les tristesses à consoler, dans les mains qu’on aimerait serrer.
Elle le garde comme un cadeau de Rois, comme un petit supplément d’amour à mes jours.

J’ai défait Noël de ma maison, j’ai rangé les rubans et les santons mais j’ai gardé quelques paillettes. Celles qui, Noël après Noël, se collent à ma peau pour tout le reste de mes jours ordinaires. Et ça tient chaud.  🙂

Pouce !

Cela a ressemblé à une parenthèse un peu hors du temps.

La semaine qui vient de s’écouler a fermé les écrans, ceux des des réseaux particulièrement. Temps un peu étrange et étrangement doux avec la chance de retrouver ma maison remplie de mes enfants et de leurs conjoints pour mes deux plus grands, presque tout le temps. J’oublie vite, pourtant cela ne fait pas des années qu’ils ont quitté  leur enfance, j’oublie vite tout l’espace qu’ils remplissent. Et 2020 s’en est allé avec son lot de gris sans doute un peu plus foncés que d’habitude, dans la douceur impertinente d’un cocon familial.

Et déjà on remplacerait bien son zéro final à l’allure d’une boule de virus par un grand 1 pointé comme un pouce qui demande du répit.
Pouce ! je n’ai pas oublié le code de la récré de mes 10 ans qui nous sauvait dans une course maladroite, dans un jeu fatigué ou simplement pour reprendre son souffle.
Pouce ! c’est exactement ce que j’aimerais écrire comme vœux pour cette année qui commence.
Pouce le virus, pouce la maladie, pouce la mort.
Pouce l’indifférence, pouce les heures incomprises, pouce les regards détournés.
Pouce la violence, pouce l’injustice, pouce les riens à y comprendre.
Pouce mes mots déplacés, pouce mes ratés, pouce mes oublis.

Pouce ! oui, c’est bien une pause que l’on écrit entre un 31 décembre au soir et une nouvelle année au matin. Une pause de joie non feinte, de douceur parfois, de projets encore. Une pause sans doute utopique mais qui a l’audace de croire, l’espace d’un instant, au bon, au mieux, au meilleur.
Et même si l’on sait bien que le vouloir, le désirer, le souhaiter ne dure souvent pas plus que le temps de le dire, ce pouce levé a le pouvoir de redonner le sourire, l’élan, l’espoir sans lesquels rien n’est vraiment possible.

Pouce ! c’est bien là tout ce que je peux vous souhaiter aussi, un répit, un temps qui s’arrête sur du joli, une parenthèse de douceur pour repartir de bon pied. 
Bonne année chers amis qui passez par ici !

Et à bientôt…  😉

Corine