Dernier jour
C’est vrai, il était long cet Avent mais quel bonheur d’avoir tenu la distance. Merci, merci à vous qui êtes passés me lire. Cheminer ensemble, et avec vos petits messages souvent, a vraiment été une source de joie.
Joyeux Noël. Depuis toujours, la formule questionne parce que notre monde n’est pas joyeux ou si peu. Mais je vais vous raconter quelque chose d’un peu douloureux qui aujourd’hui me fait dire Joyeux Noël sans cette espèce de fausse pudeur qui serait d’y ajouter oui je sais ce n’est pas vraiment joyeux et pas pour tous et bla bla bla.
C’était il y a 16 ou 17 ans, je ne suis plus certaine de l’année. L’église était pleine à craquer, toute la paroisse rassemblée pour la veillée de 18h30, celle où les familles et tous les enfants se retrouvaient. Au début de la messe, la femme de ce médecin que nous connaissions bien nous a confié que son mari n’était pas là, appelé d’urgence au chevet du bébé de N.
Il ne s’est pas passé un seul instant de cette messe où je n’ai prié pour eux.
Nous avons tous appris le lendemain que ce petit enfant de trois mois était mort la nuit de Noël, mort subite du nourrisson.
Je me souviens d’avoir cherché mes mots pour mes enfants qui allaient à l’école avec les aînés de cette famille. Je me souviens de tous les enfants quelques jours plus tard à la sépulture. Je me souviens qu’on s’était demandé comment on pourrait à nouveau se souhaiter un joyeux Noël.
Quelques années plus tard, j’ai croisé la grande sœur à une veillée de No¨ël, avec sa famille, avec des sourires. Je me souviens de nos gestes de Paix et de leur joyeux Noël.
Elle ne raconte rien mon histoire qui change le monde tout proche et très lointain. Elle me dit seulement que ce joyeux n’est pas dans nos petites joies ou pas seulement, qu’il ne tient pas du miracle, qu’il n’est pas magique. Ce joyeux n’est autre que la Joie que Dieu nous donne par son Fils, tout petit, fragile, immensément fragile, qui nous sauve. Cette Joie-là n’éclate pas dans les lumières des villes, ni sur les tablées heureuses et familiales. Cette Joie-là n’enlève ni les blessures, ni les souffrances.
Cette Joie, elle se niche au creux des cœurs. Même meurtris.
Et cette Joie, au-delà de tout, est le moteur de ma vie, d’autres vies je l’espère.
Alors, Joyeux Noël à tous !
PS: ce chemin d’Avent m’a redonné le goût des partages ici, alors, je reviendrai, sûrement, avant Carême 😉