Il y a toujours ce temps en suspension qui semble s’arrêter.
Enfin… Un temps qui murmure “on y est” et en même temps “ce bout de chemin a épuisé nos heures”.
40 jours à tenter de Lui faire un peu plus de place ou plus exactement à essayer d’agrandir son cœur pour qu’Il y trouve une vraie place.
Il y a toujours ce petit temps en pointillé qui semble s’étonner.
On n’y est plus ! Carême terminé, octave qui chante le Ressuscité.
8 jours à garder en Lui la joie de l’Espérance et agrandir mon cœur pour qu’il y trouve une raison ajoutée au verbe aimer.
Il y a toujours ce drôle temps en filigrane qui semble regarder.
On y est et pour toujours, le chemin ne fait que continuer.
Des Carêmes il y en aura d’autres et non pas parce que la liturgie l’inscrit à mon calendrier. Non. Pour me redire encore et encore que ce chemin est le chemin de vie. Peut-être bien de ma vie. Et agrandir mon cœur pour qu’il ose sourire encore.
Il y a toujours ce doux temps entre-deux.
Un espace de rencontre.
Une petite Lumière qui s’immisce.
Le temps d’un pas de deux avec Lui avant de recommencer.
Il y a toujours dans l’octave de Pâques les pas des témoins, une route d’Emmaüs, la pierre roulée qui roule encore et ne cesse de rouler sur cet ici et maintenant Il est là.
Et comme après une trop longue randonnée, la pause tant attendue, au sommet de la montagne, à regarder l’horizon avant de repartir et reprendre son Souffle, récupérer des forces, retrouver l’audace pour se préparer à marcher à nouveau.
Dieu a de l’humour.
Celui qui ne se moque pas, celui qui aime, qui sait aimer en vérité et me montrer le chemin.
J’ai posé le MP 4 sur mes oreilles, fermé les yeux.
Choix aléatoire.
La chanson que petite Zoé aimait écouter en boucle comme pour nous dire au revoir.
Et tout revient au cœur.
Les rires. La douleur. Les sourires enfin.
Savoir que je retrouverai tous ceux que j’aime, ceux que je n’ai pas bien aimé, qu’ils sont vivants en Lui.
Et sourire en vrai.
Je fais à nouveau ma valise. C’est un peu étrange. Quitter ma paroisse pour Pâques. C’est inhabituel aussi.
Vivre le triduum pascal ailleurs, un peu loin, au cœur d’une campagne galloise, anglicane et amie.
Je fais à nouveau ma valise.
J’emporte avec moi un cœur presque pardonné et mes filles adorées.
J’emporte avec moi les sourires reçus des plus fragiles et leurs mains dans la mienne.
J’emporte avec moi la force pour aimer encore. (Un tout petit peu comme Lui 😉 )
Je fais à nouveau ma valise.
J’emporte avec moi le récit de Ta passion.
Ta couronne d’épines.
Ta croix.
Ton tombeau.
Ta pierre roulée qui peut me faire vivre et aimer, aujourd’hui.
Beau chemin vers Pâques chers amis lectrices et lecteurs
C’était un cadeau. J’avais désormais deux chiffres à mon âge et une marraine parisienne qui n’attendait que ça. “Il est temps que vous l’emmeniez à la Capitale cette petite.” Un long voyage en train, un compartiment comme une maison de poupée avec une porte qui coulissait sur un minuscule couloir, les sandwichs enroulés dans des serviettes et les crêpes de Grand-mère pour la route, les histoires de Grand-père sur une Libération qu’il pouvait me raconter parce que maintenant j’avais 10 ans.
C’était un cadeau. Une semaine à découvrir tous les trésors de la Ville. Les musées, les monuments, les rues. Les églises.
Et Notre-Dame.
Je ne me souviens pas de tout mais j’ai gardé quelques sourires en photos qui rappellent ce premier voyage et un gros livre de poche.
Mon premier livre de poche. Le premier d’une longue collection.
C’était un cadeau. Nous étions entrés dans une librairie comme jamais je n’en avais vue. Des lignes de livres comme si tous les murs ne savaient qu’écrire.
Tu peux choisir un livre pour ton anniversaire.
J’aurais pu continuer ma série de Club des cinq, puiser dans une ligne de bibliothèque verte qui semblait ne jamais s’arrêter, choisir un album en couleurs sur les grands noms de la ville. Mais non. Il y avait là des lignes de dos blancs qui captaient mon regard, des dos tout simples, rangés trop sagement par ordre alphabétique, presque austères. Et ma tête légèrement inclinée pour lire une succession de titres écrits en noir et dont je ne mesurais pas encore la richesse.
Je découvrais les livres de poche.
J’ai passé doucement mes yeux comme une main qui cherche et je me suis arrêtée là.
Notre-Dame de Paris. Victor Hugo.
Je ne sais trop pourquoi ce fut celui-ci mais je sais que de là est née une passion pour Hugo qui, quelques années plus tard, m’a embarquée dans des études tant aimées, une passion pour chacun de ses personnages et un grand amour pour Notre-Dame. Le roman et le lieu, puisque jamais les deux ne se sont séparés.
C’était un cadeau. De retour au bord de mon océan puis dans ma campagne angevine, je n’ai jamais prié au cœur de la cathédrale. Jamais. Même plus tard lorsque j’y suis, à de multiples reprises, retournée.
Peut-être que les cathédrales, trop majestueuses ou trop immenses, taisent mes mots pour Lui parler et que mon silence qui déambulait dans les allées, se posait près de la Vierge de Claudel ou sur un bout de banc priait.
Mais souvent, bien loin de Paris, j’ai ouvert mon vieux roman et c’est au creux des mots d’Hugo que j’ai murmuré des bouts de petites prières.
Hier soir, encore.
Une petite prière pour qu’elle reste debout.
Souvenir de ton engagement. Invitation à suivre Jésus et Marie. à devenir Simon de Cyrène
11 avril 2019
p.Vianney
Un seul verset dans les évangiles, aucun chez Jean.
Il est si peu ce Simon.
Porter du bout de mes pauvres bras la fragilité, la souffrance.
Oser prendre dans mes bras le malade, le petit.
Dire, dire encore et redire qu’aimer, au-delà des blessures, est source de ma joie.
Entrer dans la Semaine Sainte remplie de Lourdes.
Remplie des sourires de Jean, d’ Alfred, de Dominique, de Jérôme, de Samuel, ceux qu’on nomme des “pauvres d’Esprit” qui m’ont aimée sans jamais se poser de questions.
Avancer dans la Semaine Sainte portée par les mains blessées de Catherine et de Marie pour qui le corps est devenu prison.
Vivre la semaine Sainte avec les mots de Claude, de Marie-Christine et de Sonia que la maladie et la vie si difficile jamais ne font taire.
Un seul verset dans les évangiles, rien chez Jean.
C’est ce presque rien Simon.
N’être rien que celui qui L’aide à porter sa croix.
Entrer dans la semaine Sainte remplie de l’amour des plus fragiles.
Savoir qu’Il est venu pour les aimer et porter leur souffrance, pour nous aimer et porter nos souffrances.
On a un peu traînés après la messe avec les amis du CCFD et puis, c’était une messe “accueillante”, celle où on se retrouve au centre pastoral juste en face à prendre un verre et parler un peu alors on a pris notre temps dis, tu seras là pour Pâques ?
Le déjeuner aussi s’est étiré autour de la table et puis, c’était un premier dimanche de vacances, celui où l’on savoure le temps à rester là un bon petit plat ne plus se presser on va débarrasser oui attends on a le temps d’un petit café avant ?
Je n’aime pas partir. Je n’aime pas quitter.
Le jardin, le printemps qui s’éclate à chaque recoin, un petit tour familier, il faudra replanter ici et là, on dirait que l’hortensia a encore grossi non et si on plantait des bulbes de dahlias à couper tiens c’est une bonne idée, et dis c’est trop tard pour les tulipes?
Mon étudiante qui repart elle n’est pas en vacances elle, mais plus qu’une semaine, on prend encore un peu le temps, la regarder, et plein de courage pour tes partiels mais tu n’emportes pas ce qu’il y a dans le frigo pour toi ?
Je n’aime pas partir.
Je n’aime pas quitter ceux que j’aime.
Même pour 1..2…je n’arrête pas de compter comme une gosse sur les doigts d’une main… 5, le sixième jour je serai là le soir il ne compte pas.
Il y a dans chaque départ vers Lourdes cette impression de les laisser. Peut-être qu’un jour je saurai partir, je saurai quitter, sans avoir toujours au cœur ce sentiment d’abandon.
Je tourne toujours les pages de mes évangiles pour relire Ses départs à Lui, pour comprendre le courage de quitter.
Je n’aime pas partir.
Pourtant Lourdes est déjà là.
Sur mon petit carnet où j’ai noté toutes les prières qu’on m’a confiées.
Sur mes mains qui ont plié mes blouses, rangé ma Bible et fermé ma valise.
Sur ses mots qui ce soir me disent mais tu sais bien que tu reviens de Lourdes avec une joie qui déborde et qui te fait dire à chaque fois, à peine arrivée…
“J’ai envie de repartir”.
Un non poli à des bonbons d’anniversaire hier, et le petit qui demande:
“C’est parce que vous faites le Carême m’dame ? ” et avant toute réponse, la petite et son autre question:
– Mais c’est quoi le Carême ?
C’est vrai qu’elle ne fait pas caté cette petite sixième.
C’est vrai que les mots de Car’aime qu’on affiche chaque jour sur la porte du collège, ça dit le partage, l’amitié, l’amour, la prière, le jeûne même, mais pas le Carême. 😉
Jour 27 et je me suis à nouveau rendue compte hier que le Carême, je le vivais à coté de plein de gens qui n’en savaient rien.
On était en classe, vie de classe c’est vrai, mais pas le lieu pour une longue explication alors je lui ai juste dit en deux mots après la sonnerie: c’est un temps pour que le Chrétien puisse retrouver Dieu, on essaie de faire attention au partage, à la prière, à l’autre…à Dieu dans nos vies, aux messages de Jésus…
– Et vous faites attention aux bonbons aussi ?
J’ai souri d’un oui, un peu, je fais attention à ma gourmandise parce que je suis vraiment gourmande.
– Et Dieu n’aime pas quand on est gourmande ?
Décidément, ses petites questions de rien me remuait doucement.
– Non, ce n’est pas ça…mais quand la gourmandise devient trop, quand elle empêche de partager sans doute oui. Le Carême c’est ça oui, être avec les autres et avec Dieu, davantage.
– D’accord, le Carême c’est un peu comme donner.
On s’est arrêtées là. La récré était bien entamée. J’avais besoin d’une vraie petite pause dans une journée qui devait s’éteindre très tard.
Fin des cours enchaînée sur une grande soirée solidaire avec les collégiens du doyenné. Chez moi, alors organisatrice, animatrice. Bref, pas de temps à perdre dans les préparatifs.
Et le verbe donner était dans tous les sourires, les fous rires, les grands élans de partage, les colères aussi de regarder un monde bancal.
Retour fatigué mais heureux, ça me rend heureuse le Carême, faudrait que je le dise ça aussi.
Vacances enfin.
Retrouver les miens. Joie toute douce comme un cocon à aimer encore et qui m’aime tant.
Au petit matin. Café. Bible.
Puis le casque sur ma p’tite playlist au hasard, pour écrire ici, un peu…
Mais quoi…?
Mode aléatoire.
Et ça, parmi 400 titres quand même.
S’il trébuche, il ne tombe pas car le Seigneur le soutient de sa main. Psaume 36, verset 24
16h07. Faux-départ. Non, non. Point du tout.
Je suis là trois minutes entre la fin de mes cours et un départ vers les amis d’Emmaüs. 😉
Ce matin, collège, cours, course parce qu’il faut toujours que j’aille plus vite que la musique.
Français, latin, franç…, oups. Une marche, deux et hop trois d’un seul saut.
Chute.
Il aurait pu y avoir une cheville en vrac.
Un bras cassé.
Une tête contre le mur.
Et tous les projets envolés.
Tous-les-projets-envolés.
D’un coup.
Mais non. Le pied a bien volé mais pas plus de deux secondes et s’est retrouvé amorti par un gros sac d’élève placé au mauvais endroit mais qui pour moi, ce matin, ressemblait à quelque chose comme la Providence.
Bref.
Même pas un bleu.
Rien.
J’ai enchaîné calmement les deux dernières heures.
Sans courir.
Je suis rentrée.
Tranquillement.
Et sans me presser, je prépare la rencontre qui vient et celle d’après aussi.
Et je prends même trois minutes ici. 😉
Vous savez quoi ?
Mon psaume 36 et son verset 24 aujourd’hui.
Juste en haut de ce billet.
Carême. C’est un peu fou comme ces versets remplissent …mon cœur et Dieu, ma vie.
16h21. Finalement j’ai pris mon temps.
Allez zou…Je file! euh…tranquillement!
bisous!
( J’ai écrit un 1 à côté de mon Clin Dieu parce partie comme je le suis, on ne sait jamais 😉 )
Je savais en commençant ces partages de billets journaliers que la seconde moitié serait plus difficile, je vous l’avais écrit.
Départ … pour une dernière semaine plus que remplie au collège avant les vacances, beaucoup de projets avec les élèves, du ciné-club à la célébration de Carême en passant par un grand temps solidaire et un défi théâtre, ces temps ne me laisseront pas de temps au bord de mon chemin, à moins d’y venir très tard et ce ne serait pas du tout une bonne idée. 😉
Départ… pour Lourdes dans une semaine exactement et des jours là-bas remplis de Dieu, de Marie et de tous ceux qui m’accompagnent et seront avec moi et vous vous en doutez un peu, bien loin de tout clavier. 😉
Départ… vers un petit voyage avec mes deux filles pendant la semaine pascale, un cadeau du temps à vivre avec elles. 😉
Mes départs ne peuvent donc plus vous promettre désormais d’être là chaque jour pour ce chemin de Carême, à la lumière de Sa Parole.
Beaucoup de joies et de petits éclats de vie, sans nul doute, mais impossibles à partager quotidiennement.
Peut-être aurais-je le temps de quelques jolis clins Dieu en quelques mots et quelques photos oui peut-être…, mais, promis, je reviendrai. Après. 🙂
Et c’est drôle parce que l’évangile de ce matin me redit que ce verbe “partir” va plutôt bien avec notre Carême.
Se mettre en route, faire notre chemin, prendre de nouveaux départs peut-être, aller, suivre Ses pas, quitter les bruits pour le silence… bref, je ne file pas davantage la métaphore, vous devinez.
Merci sincèrement de tous vos messages, vos partages et autres petits signes çà et là. Vos lectures fidèles me touchent toujours infiniment et m’encouragent à écrire encore, surtout lorsque c’est pour parler de Lui, dans tous les petits riens de nos vies.
Puissiez-vous continuer ce Carême dans la joie de Sa Présence parce que peu importe où nos pas nous mènent, Il est là. 🙂