De nos mains (7)

Pour ce Carême, je viens vous raconter des mains…les miennes, les nôtres, les vôtres, et, à venir cette semaine, de “belles” mains que j’ai rencontrées ou que je croise encore…

 

Jeux de mains

 

Depuis la reprise lundi matin, ils sont invités à les laver régulièrement, à ne pas les laisser traîner n’importe où, à ne pas se serrer la pogne en arrivant au collège le matin.
Il ne s’agit pas d’en faire trop pour leurs mains ni de leur faire peur, mais simplement de rappeler quelques mesures d’hygiène élémentaires pour éviter la propagation d’un virus.

Dans la classe, les plus jeunes ont exprimé leur peur devant cet inconnu qui déboussole leur habituelle certitude de vivre dans un endroit “sûr”, loin de tout ce qu’ils voient du monde “seulement sur les écrans”. Les plus grands, quant à eux, se sont interrogés sur les limites des hommes que soudain ils semblaient découvrir.
À chaque fois, j’ai écouté, rassuré souvent, ouvert de jolies discussions avec mes troisièmes. Au final, hier, après une journée de rentrée, la vigilance était de mise, une attention sereine à faire… un peu plus attention.

Après la récréation, le temps d’une heure creuse avec quelques collègues et notre surveillante de cour, il y eut un  bavardage autour d’un café.
– Je ne sais pas si ce sont les vacances mais c’est apaisé le climat de la cour depuis hier…
– Apaisé ?
– Oui, c’est tout calme… pas de bousculades, pas de bagarres, ni de jeux de mains comme avant les vacances.

 

Sur l’instant, personne n’y a prêté plus d’attention que cela, constatant en effet que les jeunes, en classe aussi, étaient calmes, comme après une belle pause de vacances. Nous étions heureux de nous dire que ça avait fait “du bien”. Il n’y avait rien d’autre à voir dans ce calme qui serait sans doute relatif.

 

Pourtant.

 

En rentrant, j’ai repensé à cette expression “jeux de mains” et surtout à tous ces endroits au collège où leurs mains trop souvent bousculent, frappent, agressent, tapent, se font mal et même quand ils ne se touchent pas, accompagnent les mots d’insultes. Bien sûr, oui, bien sûr, je les vois aussi leurs jeux d’enfants, les poignées de mains et d’amitié, les mains qui se soutiennent mais souvent, malgré tout, leurs gestes disent la difficulté d’être simplement ensemble. Il y avait du calme donc. Peut-être qu’il s’agissait de faire un peu plus attention aujourd’hui à leurs mains.
Faire attention bien plus à un méchant virus qu’aux relations avec l’autre, c’est peut-être dommage.

En rentrant, je me suis redit zut à nos projets de voyage à l’étranger annulés et à l’impossibilité de leur faire découvrir un bout d’ailleurs, zut à ces deux grandes journées où nous devions rencontrer des dizaines d’étudiants venus d’autres continents, zut à tout ce temps passé à préparer depuis longtemps et qui tombe à l’eau en un instant. Mais zut aussi à ces râleries dès que ça file de travers, dès que l’imprévu nous bouleverse, nous qui n’avons pas si souvent à nous préoccuper des imprévus.
Que ce soit un méchant virus qui me le redise, c’est peut-être dommage.

 

En lavant mes mains avant le dîner hier, j’ai déposé ma petite prière sous le filet d’eau du robinet, me rappelant qu’il n’était pas si facile de faire de nos mains des “vecteurs” de beau et de bon. Qu’un virus, bien malvenu, me le rappelait soudain. Il me rappelait aussi l’espace d’un instant que mes mains étaient précieuses.

 

Bon mercredi !  Je vous souhaite de croiser des mains qui, même si vous ne les touchez pas en poignées amicales, vous souhaitent du beau et du bon pendant ce Carême !

à demain

 

 

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