Xérès

Il y a dans mes souvenirs des repas de Noël un peu de magie en cuisine. Un peu de mystère aussi. J’ai quelques images des Noël où mon grand-père, c’était lui le cuisinier, s’affairait aux fourneaux. Oh pas trop de chichis, des choses simples et simplement délicieuses. Les huîtres traditionnelles régalaient les adultes, la dinde, les marrons bien sûr, deux ou trois bons fromages et la bûche.

Je me souviens qu’une année, une jeune tante avait voulu faire son effet en rapportant une bouteille de vinaigre de Xérès. Le nom, brutalement exotique au milieu de notre hiver, avait fait son succès surtout dans la petite vinaigrette pour les huîtres et même je crois mêlé à la salade qui accompagnait les fromages.

Je ne sais pas si c’est ce jour-là que j’ai compris la magie de la cuisine, le précieux d’un bon repas. Celui qu’on offre en cadeau, celui qui nous rassemble, celui qu’on prolonge par un café, tu en veux un autre, quelques chocolats, oh non, là, je ne peux vraiment plus rien avaler, c’était tellement bon !

C’est drôle. Je n’ai pas de vinaigre de Xérès dans mes placards. Il faudrait que je pense à  ajouter encore un peu de soleil dans ma cuisine.

Je regarde ma crèche au matin. Marie, le ventre tendu, le ventre brûlant, peut s’allonger enfin. Tout va être  bouleversé. Elle a peur mais elle s’accroche à sa confiance et à cette idée mais oui, c’est sûr, ils rentreront bien vite, avec le petit enfant, elle vivra sa vie de maman, elle retrouvera ses amies, elle embrassera sa cousine, elle partagera avec elles toutes ses joies, ses soucis, elle pourra cuisiner et préparer ses bons plats traditionnels pour les fêtes, comme sa mère lui a montré. Elle lui apprendra au tout-petit à goûter la vie. Vivement l’heure, vivement qu’il vienne.

Bons petits plats à préparer les amis,

à demain

Wagon

On y est. W. Le choix n’est pas très grand mais l’éternel wagon me parle de Noël alors allons-y.

Wagon. Avec eux, les quais de gare des arrivées, les familles débarquent avec les valises, les cadeaux, les embrassades. Le voyage était un peu long mais on le préfère à la voiture, on peut s’assoupir dans un train. Les enfants ont joué à un jeu de société. La grande a pu lire. C’est un âge où il n’y a pas encore trop de téléphones dans leurs mains. On sait que dans 3 ou 4 jours, ce sera voyage en sens inverse mais tant pis, là, sur le quai, avec les valises, les cadeaux et les embrassades, ça a un petit goût de long temps et ça fait du bien.

Wagon. Avec eux, une chanson que j’entendais petite sans vraiment comprendre le début “De bon matin, j’ai rencontré le train”… j’attendais les wagons à suivre et pourtant les rois de ma crèche allaient à pied escortés de deux pauvres chameaux. Mais quel train ? J’ai longtemps souri à cette incompréhension de petite fille qui n’avait pas saisi l’expression mais qui ne disait rien, écoutant ce train sans wagon le nez collé aux rois mages. Depuis, j’en ai vu un, un jour, au détour d’une exposition de crèches, petit train ajouté au paysage, qui faisait le tour des santons. La petite fille a bien ri.

Wagon. Avec eux, un dernier souvenir de classe et de voyage scolaire. En fin de primaire, et je ne sais trop pourquoi au coeur d’un hiver. Il faisait froid sur le quai et on a embarqué dans un train pour aller au bord de la mer un peu plus au sud, pas le sud quand même. Je ne  crois pas que c’était la première fois que je prenais le train mais le souvenir d’un wagon à compartiments m’est resté. Comme une petite maison qui roule, voyage feutré avec quelques camarades. Il faisait bon à l’intérieur et on regardait le froid au dehors que l’on distinguait au blanc argenté des arbres dénudés quand on ralentissait à l’approche d’une des multiples petites gares rencontrées sur le chemin.

 

Wagon. Il est de certains des images d’une violence inouïe que j’aimerais pouvoir oublier en ce temps de Noël mais il ne le faut pas. J’étudierai La plus précieuse des marchandises avec mes troisièmes à la rentrée. Je le relis en ce moment.

 

 

C’est drôle comme un seul mot peut recouvrir autant de réalités.

Je vais garder pour aujourd’hui celle des voyages que feront les uns et les autres en ce temps de Noël pour pouvoir se retrouver.

Je vous en souhaite de belles retrouvailles aussi, avec ou sans train,

à demain

 

Vent

Vent, grand vent oui, vent du large peut-être, vent de folie sûrement.

Mais pas celui du rush des derniers jours dans les rayons enguirlandés pour un cadeau, encore un, un autre.
Mais pas celui de la liste de course pour les recettes aux petits oignons et les petits plats dans les grands.
Mais pas celui des cartes joli Noël à souhaiter aux quatre coins des amitiés d’une petite vie.
Même pas celui des films guimauves à souhait qui s’enchaînent, des chocolats chauds, des pains d’épices, des étoiles à la cannelle.

Non.
C’est un vent de folie tout autre qui souffle aujourd’hui.
Celui d’un homme.
Un tourbillon bouleverse sa vie.
D’un amour tout simple, d’un foyer à construire comme le font tous les amis de son village depuis des générations, d’une vie ordinaire comme toute vie ordinaire, il est là, Joseph, sans rien avoir demandé, devant ce vent de folie qui l’emporte malgré lui.

C’est un vent de folie d’être venu dans sa vie, dans la vie de celle qu’il aime, choisie.
C’est un vent de folie Seigneur et Joseph se laisse emporter.
Par amour.

C’est un vent de folie d’amour.
C’est un vent de folie d’amour Noël.

Restez dans le vent les amis, celui de la joie tourbillonnante de l’attente, encore un peu

à demain

 

Uppercut

Uppercut. Ma vie ne se passe pas sur un ring et pourtant, les uppercuts en plein coeur, j’en reçois. Des mauvais coups, bien sûr, comme vous mais ce n’est ni l’endroit ni l’heure de s’épancher dessus. Non, j’aimerais plutôt vous parler de ces coups qui font bouger, qui remplissent le coeur d’émotions et le font déborder.

Depuis bien plus que 30 ans, j’en reçois régulièrement en classe. Ça n’a l’air de rien. Au détour d’une activité, au fil d’un texte, soudain, une de leurs phrases, quelques mots, une réflexion et ça me bouscule. J’en ai des tonnes d’exemples et je crois bien que ces uppercuts-là ont fait grossir ce coeur qui bat. Hier vendredi, dernier jour de classe avant des vacances de Noël très attendues. Avec mes grands, comme nous terminions notre chapitre sur l’autobiographie, ils avaient préparé des “je me souviens” à la manière de Georges Pérec. Classique activité mais toujours touchante. On a laissé filer la parole et les souvenirs des uns, des unes, et des autres se sont ajoutés en liste. Au long des lectures, des sourires, des rires parfois de souvenirs communs, et quelques larmes au bord des yeux, de celles qu’on ne laissera pas couler, de celles qui disent simplement ” touché”.

C’était beau, juste beau. Leurs mots et la simplicité de les dire, maladroitement parfois. De cette maladresse que j’aime et qui me dit qu’à cet instant-là, ils sont vrais.

Si j’aime encore et encore mes heures de classe avec eux, même parfois fatiguée, c’est simplement pour ça. Leur faire toucher du doigt leur possible écriture. Leur apprendre à dire, en prenant le temps, pas sous le feu des réseaux, sur une feuille ou un écran, peu importe, du moment qu’on prenne ce temps-là oui, ce temps  nécessaire pour poser le mieux pour le dire.

Et à les écouter se lire, je reçois des uppercuts en plein coeur à chaque fois, de ceux qui me font sentir bien vivante.

A quelques jours de Noël, je vous souhaite de sentir votre coeur battre les amis,

à demain

 

 

 

 

 

Table

Il y a sur les tables de Noël les assiettes les plus jolies, des grands verres ceux qu’on ne sort presque jamais, des argentés, des dorés qu’on se refuse en toute autre saison, là, on veut de la lumière, du brillant, des paillettes. C’est vrai qu’on a vu de jolies tables en couverture des magazines et ça nous a donné quelques idées. Mais on aime bien garder un peu de familier alors on a sorti les serviettes blanches de grand-mère, la nappe qui va avec. On a laissé les grands pichets d’eau fraîche et les vins qu’on aime bien. Il y a les fruits de mer qui traînent un peu, le foie gras et déjà on n’a plus faim. Mais on prendra notre temps et la volaille farcie viendra continuer un dîner qu’on veut très long pour rester ensemble très longtemps. On se demande s’il faut vraiment ajouter les châtaignes parce qu’il y a déjà les pommes cuites et les champignons. Mais oui, c’est Noël quand même. Et on prendra du fromage, le plateau vaut le détour. Elle dira qu’elle ne peut plus rien avaler, il soupirera en déserrant un peu sa ceinture mais personne ne laissera sa part de bûche. Il y a autour des tables de Noël la douceur du un peu trop de gourmandise..

Il y a autour des tables de Noël des sourires, des éclats de voix à qui veut raconter, des anecdotes à n’en plus finir. On a parfois un peu de mal à s’écouter, tout s’enflamme, tout s’emmêle. Surtout à l’heure des souvenirs. Les tables ont toujours ce chic pour nous raconter les mêmes histoires. Tant pis, on a tellement envie de les entendre encore. Il y a ce Noël-là, tu te souviens. Oui, on croit bien s’en rappeler mais on n’en est pas si sûr finalement. Peut-être qu’on a simplement le souvenir de la table où on l’entend chaque année. On s’essaie au monde parfois, jamais très longtemps. On gardera les sujets graves pour les repas sans conséquence. C’est Noël quand même, il ne s’agirait pas de se fâcher.  Il y a autour des tables de Noël la douceur de la paix.

Il y a après les tables de Noël le temps qui reste, suspendu à nos verres, les assiettes qu’on débarasse, on retire la nappe et juste là, on a sorti le jeu, celui qui nous rassemble. On a fait voler d’un revers de main les dernières miettes qui nous gênaient. On étale les cartes, on répète la règle encore une fois à celui qui l’a oubliée, pourtant on y joue chaque Noël, comment peut-il ne jamais s’en souvenir? On s’amuse, on taquine, on joue. On veillera aux tricheries, attention pas comme cette partie de l’an dernier. On s’en ficherait presque de perdre. Il y a après les tables de Noël la douceur des petits pardons.

Il y a sûrement, sur les canapés où on s’est installés pour terminer la soirée, comme une douce vérité qui pointe son nez. Un petit air de Dieu si on osait le dire. Il n’y a pas eu de messe de Noël ce soir, ce sera demain matin pour quelques-uns, assez peu finalement. La crèche, elle, n’a pas bougé. Il est minuit. On avait même mis une sonnerie pour ne pas oublier de déposer le petit Jésus. Il se lève, ouvre le tiroir du buffet, retire le papier de soie où il dormait depuis presque un mois, et il le dépose. Le silence murmure presque  une prière. Il suffit de très peu pour aimer la vie.

 

Beaux préparatifs de vos tables les amis,

à demain

Silence

Je ne suis pas certaine d’avoir toujours aimé ce mot.
Petite, il m’a longtemps collé à la peau. J’étais de celles qui parlaient peu, qui ne bavardaient jamais, qui buvaient les paroles de la maîtresse alors forcément, j’étais aussi de celles qui sont un peu à côté des autres.
J’aimais le silence pourtant parce que par-dessus tout, j’aimais écouter.
Je n’ai pas vraiment changé même si ça se voit moins: je peux parler beaucoup, je peux bavarder et mon métier fait que ma parole et celle de mes élèves est au centre.

C’est vrai que je n’aime pas le mot pour ce qu’il recouvre parfois aujourd’hui mais j’aime toujours, de manière assez instinctive je crois, le silence.
J’aimerais que les gens se taisent davantage. On “parle-écrit” beaucoup trop, n’importe comment, tellement vite.
J’aime le temps, celui qui pense et réfléchit, celui qui va avec le silence.

J’aime le silence.
Surtout…
Au bout des longues journées fatiguées de travail
Autour d’une table en suspens quand il laisse soudain les regards en dire davantage
Avec un tout petit-enfant qu’on surveille en souriant
Au creux d’un après-midi à n’en plus finir de lire
J’aime le silence d’une maison endormie
J’aime aussi celui des couloirs d’une abbaye
J’aime encore plus celui d’une plage hors-saison

J’aime le silence d’une crèche de Noël
et de la petite prière qui l’accompagne

Je vous souhaite de savourer de beaux silences

à demain

 

 

Regarder

 

Quitter le temps qui presse pour celui qui se laisse regarder.

Les vacances de Noël m’ouvrent leurs bras très bientôt et je n’ai jamais senti autant d’urgence à attraper – presque goulûment – ce temps qui s’offre.
Il me faudra encore répéter que c’est ma chance les vacances à périodes régulières et que j’aimerais bien que chacun puisse l’avoir : non pas seulement avoir du temps mais bien plus avoir le temps de s’arrêter pour regarder.
Il me faudra répéter que c’est ma chance et que d’autres ne l’ont pas comme pour m’excuser encore d’un privilège, celui d’avoir du temps parce que je sais que pour en prendre, il faut véritablement en disposer.

Alors ça y est, le temps, mon temps, va enfin se poser.
Au matin, il gardera un peu plus longtemps la tasse de café dans la main, traînera son regard sur le jardin qui se lève lentement, sur ma crèche qui s’allume.
Mon temps va enfin se reposer. Aux heures qui s’allongent à lire ces livres qui n’attendent que ça, à cuisiner les bons petits plats de fête, à profiter des enfants et des petites-filles, à écrire des mots qui le racontent ce temps qui passe, sans nul doute.
Mon temps va enfin faire une pause. S’accorder des balades même s’il fait un peu froid, retrouver les coins familiers, embrasser l’amitié, la famille et rester bien plus qu’il n’est permis à rire, refaire un peu le monde qui n’en peut plus d’être défait autour des promesses de nos tablées.
Il sait si bien faire le temps avec la vie quand elle sourit.

Au soir, il saura encore dire qu’il est là, qu’il y a encore le temps d’y penser, qu’il y a encore le temps d’espérer, qu’il y a encore le temps simplement.
Au soir, il redira ses peines et ses joies en croisant ses mains sur une petite prière au temps de son humanité, il murmurera des mercis aux heures, aux minutes, aux secondes qui le tiennent en vie.
Et le temps regardera encore par-dessus son épaule son oeuvre doucement accomplie.

Bonne journée à regarder les amis,

à demain

Question

 

S’il y a un truc dont je raffole, ce sont les questions. Tout autant que leurs réponses. Et les questions de Jésus dans les évangiles, ce sont des petits trésors.

“Avez-vous ici quelque chose à manger ?” 
De toutes les nombreuses questions que Jésus pose, c’est ma préférée. Et comme je parcourais St Luc hier soir, c’était un signe pour ma lettre du jour !

Je souris. Ce n’est pas très sérieux de lire ta Parole et de sourire.
Mais ce n’est pas un sourire moqueur. Oh non. Je souris parce que ce Dieu qui veut toujours se mettre à table me fait sourire. Et je laisse aux autres, habiles et érudits, les symboliques passionnantes des repas de Jésus.
Dieu, je l’aime dans le simple quotidien de nos vies, entre les murs de nos maisons, sur les trottoirs de nos rues, dans l’ordinaire de notre temps.
Je souris. Ce n’est pas très sérieux de lire ta Parole et de sourire.
Mais ta question qui demande à se mettre à table me rend joyeuse ce matin.

Tu me rappelles mes heures quotidiennes à leur préparer des petits plats pour que leurs heures soient un peu plus douces.
Tu me rappelles les goûters de leurs anniversaires qui rassemblaient leurs copains d’école pour souffler des bougies.
Tu me rappelles les pommes que Sandrine venait apporter et qui était tant malgré son je n’ai pas grand chose d’autres à offrir.
Tu me rappelles les réveillons avec celles et ceux qui sont loin et dont on essaye de se rapprocher, un peu.
Tu me rappelles les temps de repas à Lourdes, lorsqu’on devient si proches.
Tu me rappelles des soupes chaudes qui réchauffent des ventres et remettent parfois sur pieds.
Tu me rappelles les pique-niques d’élèves, les repas de fête et ceux qu’on prépare déjà !, les déjeuners d’été sous un vieux cerisier.
Tu me rappelles l’amitié autour des dîners du samedi soir.
Soudain, je sens le goût qui revient, les papilles qui se réveillent, les parfums qui chatouillent les narines.
On dirait que la vie veut vivre.

Le café, Ta Parole, mon sourire.
J’ai souri à ma petite prière du matin.
– Avez-vous ici quelque chose à manger ?
Prends une chaise Jésus, installe-toi à ma table, partage chaque heure de ma vie.

J’ai souri à ma petite prière du matin. J’ai regardé ma crèche. Tout questionne.
Il y a dans l’interrogation de Ta Parole encore une invitation à aimer.

Bonne journée !

à demain

 

Prière

Je ne sais pas très bien faire ma prière.
Ni celle du soir, ni celle du matin d’ailleurs. J’ai appris pourtant.
Le silence, les mercis, les pardons, les s’il te plaît.
Le chemin qui prend du temps pour aller jusqu’au fond de son cœur, les mains qu’on rapproche, les paupières qui se ferment. Mais je ne sais pas très bien cette petite prière-là. Je crois même que je fais un peu semblant quand j’essaie.
Peut-être que c’est à cause du verbe faire, peut-être qu’elle ne me ressemble pas. Parce que, pour vous dire la vérité, ma prière, je n’ai pas vraiment l’impression de la faire.

Je la touche des doigts lorsque je caresse les pages de mes livres.
Je la sens sur ma peau quand le vent trop fort fait frissonner mon matin.
Je l’entends dans les bonjours amis et les bons mots d’enfants.
J’y goûte même sur les crêpes dorées à la fin des journées, dans les pots de confiture où je laisse traîner la cuillère.
Je la vois dans les blessures et les sourires autour.

C’est pas de la poésie non. Ma petite prière, je ne la fais pas.
Peut-être bien parce que je Le sais là, tout à côté, très près, pas loin, à bien vouloir me donner la main. Tout le temps.
C’est ça oui et ma petite prière, elle est là quand moi aussi je veux bien attraper La sienne.

Bon lundi !

à demain

Ordinaire

C’est un mot qui ne paye pas de mine. Et je l’aime profondément.

C’est vrai que juste après, il y aura ce temps ordinaire.
Ce temps ordinaire que j’aime tant.
Je l’oublie presque à chaque fois tellement l’Avent et Noël accaparent mon cœur, ma vie, ma joie.

Juste après, Te retrouver Jésus au bord de ta “mer”, Toi qui enseignes, qui guéris, qui marches. Je l’oublie presque que je t’aime avec mon regard de petite fille qui, dans la lenteur de son enfance et de ses longs dimanches, tournait les pages de ta vie dans ses évangiles illustrés.

Juste après, retrouver le calme d’un dimanche sans presque rien. Vous savez, celui dont on a laissé la case vide sur le calendrier simplement pour se dire qu’on peut garder tout ce temps pour nous. Comme une page blanche à remplir de presque riens. Je l’oublie presque que j’aime ce temps donné à vivre.

Juste après, retrouver le plaid, la petite sieste qu’on n’a même pas prévue qui nous attrape au détour de quelques pages d’un bon livre pourtant. Je l’oublie presque que j’aime le feu qui crépite, m’endort et me laisse aller à mes rêves.

Juste après, retrouver la cuisine, celle qui a quitté les petits plats dans les grands pour préparer l’ordinaire d’une semaine à venir. Oser le froid glacé pour rapporter des choux verts coincés au fond du potager, éplucher, laver, couper, mijoter, goûter, ajouter un brin de sel. Je l’oublie presque ce doux des gestes du quotidien qui font du bien.

Juste après, retrouver la musique que j’aime. Glisser de la pochette le vieux vinyle, le poser délicatement, savoir que lui aussi crépitera un peu, fredonner avec lui les souvenirs jolis. Je l’oublie presque combien j’aime les chansons qui racontent ma vie.

C’est vrai que juste après, il y aura ce temps ordinaire.
Ce temps ordinaire que j’aime tant.

Je l’oublie presque ma petite prière qui ne ressemble à rien, surtout pas à une prière. Des mots au long d’un dimanche qui te redit au détour d’une Bible, d’un plaid ou d’un plat qui mijote que c’est dans l’ordinaire des jours que Tu es.

Bon troisième dimanche de l’Avent, que votre temps qui savoure les heures vers Noël n’oublie pas le précieux – et le joyeux ! de toutes vos heures ordinaires,

à demain