Manque

Je crois que ça me manque un peu ça.
J’aime beaucoup l’Avent parce qu’on attend Jésus avec tout ce qui va avec :  le sapin, la crèche, le doré, les lumières, des paillettes peut-être mais on s’en fiche, ça fait du beau et le chemin est vraiment doux. Et puis il y a le calendrier.

Je crois que ça me manque un peu ça dans ma maison pendant le Carême. J’aimerais un arbre, un jardin, du doré, des lumières, pas de paillettes non mais du beau sur le chemin. Un calendrier aussi.

Je tente souvent des petites choses, j’essaie les bougies, les branchages, puis les fleurs à Pâques. Un petit calendrier de mots oui. Mais c’est assez peu. Surtout, c’est peu partagé. Il n’y a rien dehors qui me dit cette attente. Pas la moindre guirlande, pas la plus petite étoile, rien. Noël garde tout ce que le Pâques n’a pas.

On m’explique, je sais bien. Et puis, il y a les amis paroissiens, ici, encore très nombreux. Je crois que ça me manque quand même. Finalement, j’aurais bien aimé une belle ardeur populaire autour de l’attente de Sa résurrection autant qu’autour de l’attente de Sa naissance.

En attendant, je grappille tout ce qui ne se voit pas: les sourires cachés, les mains qui se voudraient fraternelles, les instants qui pourraient être beaux. C’est sans doute ça aussi “faire Carême”,
belle journée,

à demain

 

à la moitié du chemin

Drôle de moitié de Carême.

J’avais prévu tout mon mercredi après-midi et l’imprévu s’est immiscé.
Grosse panne d’internet sur ma commune. 100 000 foyers touchés annoncés. Rien à faire, surtout ne pas râler.
Qu’à cela ne tienne, j’ai reporté à plus tard tout ce que l’ordinateur attendait de moi, j’ai pris la petite auto et j’ai filé vers la petite ville.

Là, un café m’attendait.

Et des souvenirs à continuer d’écrire.
On aurait dû se retrouver un jour plus lointain et c’était hier.

C’était encore un très joli moment. C’est comme ça depuis presque deux mois.

J’écoute, je recueille, j’écris les souvenirs d’enfance de ma maman.
Ses silences aussi.
C’est une drôlement chouette rencontre. Drôle de Carême qui toujours convertit et bouleverse. Ou l’inverse.

Puisse cette mi-carême vous être drôlement douce comme la mienne.

à demain

Optimisme

On est un peu dans le dur.

Je crois qu’il y a toujours ce moment du Carême, pas loin de son milieu d’ailleurs, où je me dis ça: ça y est, on est dans le dur.
La joie de me réjouir des petits riens prend volontairement le dessus au commencement et puis la vie me rattrape. Cette année, c’est le collège oh et puis l’école partout, en général, qui me rattrapent avec son lot de mille difficultés.
On est un peu dans le dur. Dans ces moments-là, j’ai comme une envie de faire l’autruche, de rentrer la tête dans ma petite prière et basta, le reste marchera bien sans moi.

C’était sans compter sur Lui.

Parce qu’en ce moment, s’il y a plein de trucs qui vont de travers au collège et dans toute l’École, il y a eu tous ces petits moments qui filaient droit… au cœur !
En classe, en traversant la cour de récré, à la cantine, dans les couloirs. Je ne vous raconte pas, c’était des minuscules riens du tout mais suffisamment grands pourtant pour se dire qu’il y a des pépites d’espoir.

Faut être un peu optimiste en vrai pour les voir.
Finalement, je ne sais pas si je suis optimiste ou bien si c’est Lui qui pose des clins Dieu sur mon chemin pour voir encore, pour voir toujours l’Espérance.

Je vous souhaite une belle journée et des clins Dieu

à demain

Prière douillette

Il y a dans certains jours un peu de rhume, une petite trachéite, un mal de tête lancinant qui n’empêchent pas vraiment de travailler mais qui ne me rendent pas très disponible, sans doute moins patiente.

C’était mon cas ce lundi. J’ai enchaîné, un peu comme un robot, mes deux classes de 6è, mes grands 3è et une réunion d’équipe au collège. Au final, j’ai tenu le coup et au soir, en rentrant, mon lit n’a pas tardé à me tendre les bras.

Dans ces moments-là, c’est sous ma couette que je relis ma journée en petits bouts de prière. Je souris toujours à cette prière douillette, très confortable dans le moelleux des draps malgré l’état fébrile. Juste avant de fermer les yeux.

Dans ces moments-là, c’est toujours vers les malades, les très malades, que ma petite prière s’envole, moi qu’un rhume et un mal de gorge assaillent, je pense à celles et ceux que je connais ou que je ne connais pas qui souffrent terriblement, que la maladie épuise et décourage et qui ne voient jamais le bout de leur peine.

Puisse ce temps de Carême être empli de petites prières pour eux.

à demain

Jour après jour

Je crois quand même qu’il existe le trop-plein des dimanches, emplis de douceur, de lectures et de Dieu. Il y a tout son silence après un samedi plein de jolis bruits. Il y a sûrement la petite tristesse de le quitter aussi.

Le lundi recommence, les semaines après les semaines. Elle est drôlement faite notre vie d’une succession de jours et de dimanches, comme les pleins et les déliés sur un cahier d’autrefois, là où l’écriture se tend puis se détend, là où les joies succèdent aux peines et vice versa.

Il y a un peu de tout cela dans le trop-plein des dimanches, un peu du doux de la vie mêlée au rude, un peu de l’existence dans son entier.

Et je sais pourquoi Dieu est dedans.

 

Petit bout de prière

Il suffit d’ouvrir la porte peut-être un peu plus que d’habitude,
poser un pied au dehors,
se rappeler les parfums de la terre
et avancer sur le chemin.

Il suffit de regarder au loin peut-être un peu plus loin qu’hier,
puis s’agenouiller au plus près,
salir ses mains posées sur la terre
mais on s’en fiche on est drôlement bien.

Se rappeler un petit garçon qui disait qu’avec les lettres du mot aimer, on écrit merci rien qu’en ouvrant les bras de son petit “a” qui devient “c”…

 

Bon 3è dimanche de Carême

 

Croire

– Tu sais Corine, c’est bien plus facile de croire en Dieu quand tout va bien.

 

La séance de caté avait commencé par raconter la mort et la résurrection de Jésus. Il m’a fallu leur expliquer le tombeau, les coutumes d’ensevelissement. On pourrait croire cela ardu pour des petits. En vrai, les mots sont simples. Leurs questions sans détour. Cela rend les choses vraies. Pourtant j’étais prévenante et je leur disais que ce n’était pas facile de croire en la résurrection de Jésus. Avec l’audace de leur 8 ans, certains m’ont répondu:
– Tu sais ce n’est pas si compliqué, Il est mort et Il est vivant.
Et ils ont parlé des gens autour d’eux qui disent ne pas croire à “tout ça”.

 

– Tu sais Corine, c’est bien plus facile de croire en Dieu quand tout va bien.

 

Il me surprend toujours ce petit bonhomme de CE1 par sa justesse. C’est plus facile.
Ou plus facile de laisser Dieu là, juste à côté. Bien sûr, on peut lui murmurer des petits mercis mais au fond, on est bien capable de savourer nos petits bonheurs sans Lui. Je ne critique pas, ça m’arrive souvent. Merci mon Dieu et basta.

Dans mes peines au contraire, mes souffrances parfois, c’est bien là que je creuse au fond de moi et que je Le sais là. Pas magicien, Mon Dieu, Il ne résout rien sans moi, parfois même Il ne peut rien résoudre. C’est bien dans ces moments-là pourtant que je Le sais là.

-Tu sais Amaël, peut-être bien mais quand tout va moins bien, croire que Dieu est là, juste à côté de moi, ça aide beaucoup.

– Oui, je crois.

 

Instants capturés au caté hier.

à demain

 

Du temps donné

Je crois que ça fait longtemps que je n’avais pas pris le chemin du Carême sans compter les jours. J’avais vraiment l’habitude de les égrainer jusqu’à 40.

C’est assez reposant, assez doux, presque léger même de laisser filer les jours sans savoir où j’en suis. J’aime bien.

Je crois que ma petite prière a fini par enfin comprendre un truc : Dieu ne m’attend pas dans une épreuve de force, encore moins dans une course d’endurance, et surtout pas dans des défis chaque jour. Non. Je crois bien qu’Il ne m’attend pas, ça se saurait sinon. Il ne m’attend nulle part.
Il me rejoint simplement là où je suis.

Et je suis là, en chemin, presque comme d’habitude.

Le carême a cela de bon et de beau: il nous redit que se préparer, avancer sur ses pas, n’est pas une simple question de jours, encore moins de “quantité” mais peut-être seulement d’un peu de temps, de temps donné.

Bon temps en sa Présence,

à demain

Espérer

 

Le cercueil entouré de fleurs faisait face à l’Espérance affichée en toutes lettres au bord de l’autel.
L’arrière petite-fille babillait ses questions.
Le soleil filtrait à travers les vitraux.
Sa famille, ses amis, ses voisins étaient là.

On a dit au-revoir à la grand-mère de notre gendre hier.
Chaque départ est une tristesse. Une maman, une mamie, une amie qui nous quitte emporte nos larmes.
Si le vieil âge rend la mort souvent un peu plus douce, rien n’adoucit la peine de ce qui ne sera plus.

La vie continue d’espérer la Vie. C’est, chaque jour, ma petite prière de Carême.

 

Que ce Carême qui continue soit pour vous aussi source d’Espérance.

à demain

Dans les murs

Il a fallu vider les trois chambres des enfants, enfin plus exactement il a fallu trier les objets. Ils avaient déjà, plus ou moins selon chacun, emporté un peu de leur enfance au fil des ans, puis de leur adolescence et de leurs week-end étudiants. Il restait encore des livres, des photos, des bricoles, beaucoup de bricoles oui, tous ces petits trucs qu’on garde dans les tiroirs et qui ne servent à rien seulement qu’à se souvenir.

Et puis, on a refait les sols, les peintures, un peu de tapisserie, c’est joli. Enfin, Caroline surtout. C’était doux de voir cette formidable artisane s’emparer de l’espace avec beaucoup de talent et de joie. Elle m’a laissé le temps de raconter des bouts d’histoire. C’était bien. On va changer les rideaux, se réapproprier les lieux. Mais cette chambre sera pour eux quand ils viendront, celle-ci pour les petites-filles et celle-là, oui, bien sûr ils l’utiliseront aussi s’ils restent tous pendant des vacances, un samedi soir. Cela aussi a fait sourire Caroline quand je continuais à lui indiquer la chambre de notre grande, celle de notre fils et celle de notre plus jeune. “Vous avez gardé leurs prénoms comme accrochés à leurs portes.”

Il a fallu vider les trois chambres de leur enfance mais j’ai tout gardé oui. En moi, au cœur. Je crois que ça me fait du bien aussi pour vieillir de laisser aller un peu le temps qui passe, de le laisser partir. Je me réapproprie l’espace sans eux tout le temps, avec eux autrement, avec eux tellement.

Je raconterai aux petites-filles comment c’était, pas si différent en somme.

Je leur dirai surtout qu’il reste dans les murs de notre maison tout ce que j’ai aimé, tout ce que j’aime, tout ce que j’aimerai de mes enfants.

 

Et plus le temps passe, plus je me rends compte, chaque année, qu’il y a aussi dans mes Carêmes l’empreinte de ceux du passé, avec eux. C’est comme si c’était écrit quelque part. Dans les murs de ma maison sûrement.

 

Que le meilleur de ce jour s’écrive aussi pour vous, quelque part.

à demain