Poisson

“En vrai, j’aimerais mieux porter un p’tit poisson autour du cou plutôt qu’une croix. Quand même, la croix, c’est rude non ?”

Je me souviens de ce grand jeune, il y a longtemps. Je leur avais raconté le poisson parce que c’était le 1er avril. Le poisson chrétien, l’ichthus, l’acronyme dessiné sur les murs, parce qu’on était en temps de pastorale, avec des grands de lycée qui préparaient leur confirmation. J’étais à la fin de mes études. C’est si loin mais c’est resté bien présent au cœur.

Et on avait parlé de la rudesse de la croix. Celle de porter une croix, même petite, même jolie autour du cou.

Porter le supplice.

“On porte une croix vide, regarde ! Il n’y a pas son corps, c’est une croix de ressuscité !” 

Elle avait tendu sa petite croix colombe de Taizé.

Bien sûr, ils avaient tous parlé des croix d’église, des croix de calvaire où le corps du Christ est bien là encore. Cloué. Supplicié. Mort. Mais on avait gardé l’idée de la croix vide, la croix de Vie, symbole du passage de la vie à la mort puis à la Vie.

 

Je me souviens de chacun d’eux.
Dans ce Carême, je pense parfois à tous les jeunes, grands puis petits, avec qui j’ai parlé de poisson, de croix, de Dieu.

Je crois que je ne mesure pas toujours la dose d’amour qu’ils m’ont donné et combien leurs questions ont fait avancer mes pas.

Bon mardi,

je vous souhaite de parler de poisson aujourd’hui, de croix, de Dieu, d’amour en somme. 😉

à demain

 

Un samedi soir

C’est assez rare mais parfois c’est mon samedi soir qui devient mon dimanche matin.

C’est moi qui devais lire la lettre de saint Paul et c’était ce samedi soir que mon équipe avait préparé la messe anticipée du quatrième dimanche de Carême.

L’église s’est remplie doucement jusqu’à sa moitié. C’est drôle le samedi soir. Il y a ceux qui s’excusent on vient ce soir car demain on part tôt chez les enfants. Il y a celle qui de toute façon préfère le samedi soir même quand la messe est dans une autre commune de la paroisse. Il y a celui qui s’est dit pourquoi pas ce soir puisqu’on a encore la chance du samedi soir.

Et on a écouté comme un dimanche, prié avec le fils prodigue, parlé de notre espérance.

Il y avait un peu plus de rose autour de l’autel, comme un dimanche de la joie. Ça m’a fait sourire d’entendre râler ma voisine qui trouve ça vraiment moche cette couleur d’aube. Elle l’aurait sans doute trouvée pareillement moche ce dimanche.

Oui, c’était pareil, enfin presque. C’est juste le retour à la maison qui était différent. On a marché à pied parce qu’il faisait beau mais le soir était déjà là quand on est arrivés sur le seuil. On est entrés dans la nuit avec l’évangile du jour.

Oui, c’était presque pareil. Mon dimanche matin s’est rempli de balade, de cuisine et de temps malgré une heure en moins.
Je crois que mon dimanche matin m’a un peu manqué.
J’aime bien ressentir ce manque, je crois, à nouveau.

Bon lundi

à demain

Au fond

Au fond de mon cartable
il y a toujours cette petite prière
cette petite prière de rien du tout
qui ose Te demander
un peu de courage
un peu d’audace
un peu d’amour
un peu plus que d’habitude peut-être

Pour qu’en le posant sur le bureau
j’ouvre mon cartable devant eux
avec un peu plus de courage
un peu plus d’audace
un peu plus d’amour encore
un peu plus que d’habitude peut-être.

 

Encore une petite semaine de classe pour moi avant de savourer la fin du Carême en vacances, une chance. En ce Carême, une petite prière pour celles et ceux qui essaient de faire grandir des enfants, des jeunes dans le monde d’aujourd’hui.

Bon dimanche de la Joie !

à  lundi

Manque

Je crois que ça me manque un peu ça.
J’aime beaucoup l’Avent parce qu’on attend Jésus avec tout ce qui va avec :  le sapin, la crèche, le doré, les lumières, des paillettes peut-être mais on s’en fiche, ça fait du beau et le chemin est vraiment doux. Et puis il y a le calendrier.

Je crois que ça me manque un peu ça dans ma maison pendant le Carême. J’aimerais un arbre, un jardin, du doré, des lumières, pas de paillettes non mais du beau sur le chemin. Un calendrier aussi.

Je tente souvent des petites choses, j’essaie les bougies, les branchages, puis les fleurs à Pâques. Un petit calendrier de mots oui. Mais c’est assez peu. Surtout, c’est peu partagé. Il n’y a rien dehors qui me dit cette attente. Pas la moindre guirlande, pas la plus petite étoile, rien. Noël garde tout ce que Pâques n’a pas.

On m’explique, je sais bien. Et puis, il y a les amis paroissiens, ici, encore très nombreux. Je crois que ça me manque quand même. Finalement, j’aurais bien aimé une belle ardeur populaire autour de l’attente de Sa résurrection autant qu’autour de l’attente de Sa naissance.

En attendant, je grappille tout ce qui ne se voit pas: les sourires cachés, les mains qui se voudraient fraternelles, les instants qui pourraient être beaux. C’est sans doute ça aussi “faire Carême”,
belle journée,

à demain

 

à la moitié du chemin

Drôle de moitié de Carême.

J’avais prévu tout mon mercredi après-midi et l’imprévu s’est immiscé.
Grosse panne d’internet sur ma commune. 100 000 foyers touchés annoncés. Rien à faire, surtout ne pas râler.
Qu’à cela ne tienne, j’ai reporté à plus tard tout ce que l’ordinateur attendait de moi, j’ai pris la petite auto et j’ai filé vers la petite ville.

Là, un café m’attendait.

Et des souvenirs à continuer d’écrire.
On aurait dû se retrouver un jour plus lointain et c’était hier.

C’était encore un très joli moment. C’est comme ça depuis presque deux mois.

J’écoute, je recueille, j’écris les souvenirs d’enfance de ma maman.
Ses silences aussi.
C’est une drôlement chouette rencontre. Drôle de Carême qui toujours convertit et bouleverse. Ou l’inverse.

Puisse cette mi-carême vous être drôlement douce comme la mienne.

à demain

Optimisme

On est un peu dans le dur.

Je crois qu’il y a toujours ce moment du Carême, pas loin de son milieu d’ailleurs, où je me dis ça: ça y est, on est dans le dur.
La joie de me réjouir des petits riens prend volontairement le dessus au commencement et puis la vie me rattrape. Cette année, c’est le collège oh et puis l’école partout, en général, qui me rattrapent avec son lot de mille difficultés.
On est un peu dans le dur. Dans ces moments-là, j’ai comme une envie de faire l’autruche, de rentrer la tête dans ma petite prière et basta, le reste marchera bien sans moi.

C’était sans compter sur Lui.

Parce qu’en ce moment, s’il y a plein de trucs qui vont de travers au collège et dans toute l’École, il y a eu tous ces petits moments qui filaient droit… au cœur !
En classe, en traversant la cour de récré, à la cantine, dans les couloirs. Je ne vous raconte pas, c’était des minuscules riens du tout mais suffisamment grands pourtant pour se dire qu’il y a des pépites d’espoir.

Faut être un peu optimiste en vrai pour les voir.
Finalement, je ne sais pas si je suis optimiste ou bien si c’est Lui qui pose des clins Dieu sur mon chemin pour voir encore, pour voir toujours l’Espérance.

Je vous souhaite une belle journée et des clins Dieu

à demain

Prière douillette

Il y a dans certains jours un peu de rhume, une petite trachéite, un mal de tête lancinant qui n’empêchent pas vraiment de travailler mais qui ne me rendent pas très disponible, sans doute moins patiente.

C’était mon cas ce lundi. J’ai enchaîné, un peu comme un robot, mes deux classes de 6è, mes grands 3è et une réunion d’équipe au collège. Au final, j’ai tenu le coup et au soir, en rentrant, mon lit n’a pas tardé à me tendre les bras.

Dans ces moments-là, c’est sous ma couette que je relis ma journée en petits bouts de prière. Je souris toujours à cette prière douillette, très confortable dans le moelleux des draps malgré l’état fébrile. Juste avant de fermer les yeux.

Dans ces moments-là, c’est toujours vers les malades, les très malades, que ma petite prière s’envole, moi qu’un rhume et un mal de gorge assaillent, je pense à celles et ceux que je connais ou que je ne connais pas qui souffrent terriblement, que la maladie épuise et décourage et qui ne voient jamais le bout de leur peine.

Puisse ce temps de Carême être empli de petites prières pour eux.

à demain

Jour après jour

Je crois quand même qu’il existe le trop-plein des dimanches, emplis de douceur, de lectures et de Dieu. Il y a tout son silence après un samedi plein de jolis bruits. Il y a sûrement la petite tristesse de le quitter aussi.

Le lundi recommence, les semaines après les semaines. Elle est drôlement faite notre vie d’une succession de jours et de dimanches, comme les pleins et les déliés sur un cahier d’autrefois, là où l’écriture se tend puis se détend, là où les joies succèdent aux peines et vice versa.

Il y a un peu de tout cela dans le trop-plein des dimanches, un peu du doux de la vie mêlée au rude, un peu de l’existence dans son entier.

Et je sais pourquoi Dieu est dedans.

 

Petit bout de prière

Il suffit d’ouvrir la porte peut-être un peu plus que d’habitude,
poser un pied au dehors,
se rappeler les parfums de la terre
et avancer sur le chemin.

Il suffit de regarder au loin peut-être un peu plus loin qu’hier,
puis s’agenouiller au plus près,
salir ses mains posées sur la terre
mais on s’en fiche on est drôlement bien.

Se rappeler un petit garçon qui disait qu’avec les lettres du mot aimer, on écrit merci rien qu’en ouvrant les bras de son petit “a” qui devient “c”…

 

Bon 3è dimanche de Carême

 

Croire

– Tu sais Corine, c’est bien plus facile de croire en Dieu quand tout va bien.

 

La séance de caté avait commencé par raconter la mort et la résurrection de Jésus. Il m’a fallu leur expliquer le tombeau, les coutumes d’ensevelissement. On pourrait croire cela ardu pour des petits. En vrai, les mots sont simples. Leurs questions sans détour. Cela rend les choses vraies. Pourtant j’étais prévenante et je leur disais que ce n’était pas facile de croire en la résurrection de Jésus. Avec l’audace de leur 8 ans, certains m’ont répondu:
– Tu sais ce n’est pas si compliqué, Il est mort et Il est vivant.
Et ils ont parlé des gens autour d’eux qui disent ne pas croire à “tout ça”.

 

– Tu sais Corine, c’est bien plus facile de croire en Dieu quand tout va bien.

 

Il me surprend toujours ce petit bonhomme de CE1 par sa justesse. C’est plus facile.
Ou plus facile de laisser Dieu là, juste à côté. Bien sûr, on peut lui murmurer des petits mercis mais au fond, on est bien capable de savourer nos petits bonheurs sans Lui. Je ne critique pas, ça m’arrive souvent. Merci mon Dieu et basta.

Dans mes peines au contraire, mes souffrances parfois, c’est bien là que je creuse au fond de moi et que je Le sais là. Pas magicien, Mon Dieu, Il ne résout rien sans moi, parfois même Il ne peut rien résoudre. C’est bien dans ces moments-là pourtant que je Le sais là.

-Tu sais Amaël, peut-être bien mais quand tout va moins bien, croire que Dieu est là, juste à côté de moi, ça aide beaucoup.

– Oui, je crois.

 

Instants capturés au caté hier.

à demain