La maison s’est vidée doucement

Dimanche. La maison s’est vidée doucement. Je retrouve mon bureau. Ils sont partis les uns après les autres rejoignant leur maison, un autre repas d’une autre famille, leurs études. Je retrouve ma semaine à organiser, les appréciations de mes élèves à déjà compléter, les derniers cours à ajuster. L’esprit n’est pas tout à fait là encore, le café brûle un peu, le cœur est ailleurs. J’entends leurs sourires, les mots doux, les éclats de rire, leurs voix qui chantent. Les temps ensemble sont toujours fait d’inévitables séparations. Je ne suis pas triste. C’est même plutôt l’inverse. Je suis à nouveau remplie d’eux. Mes enfants.

Je me souviens d’il y a quelques années, les années de leur enfance, de leur adolescence, les années pleines d’eux où, parfois, aux soirs des week-end trop remplis, j’ai rêvé d’un peu de solitude pour lire, écrire, travailler, souffler aussi. Et combien aujourd’hui je sais qu’il est bien plus facile pour mon quotidien de les savoir grands mais que rien ne change au fond: ils tiennent toute la place. Je suis toujours remplie d’eux, de leurs joies, de leurs peines. Mes enfants.

Dimanche. La maison s’est vidée doucement. Le petit mari est parti lui aussi reconduire Marie. Et à l’heure où j’écris ces mots, je suis seule. Même les chats m’ont quittée, plongés dans leurs rêves où je suis certaine que les enfants ont une belle place. Je souris. J’aimerais qu’à l’instant ce qui remplit ma vie puisse aller au-delà répandre la joie. On aime tous croire que le bonheur ne tient qu’à ça, à pouvoir le partager. Je rêve encore. J’ai ouvert le journal tout à l’heure. Je sais bien le monde. Il ne m’empêche pas d’être heureuse, il me pousse juste à croire encore, avec plus d’entêtement que de naïveté, que dire la joie c’est comme teinter les jours d’un peu de joli, et que ça ne s’efface pas.

Dimanche. La maison aime le silence. On dirait qu’elle prie. Le vent, seul, fait vibrer l’espace. La vigne vierge danse à ma fenêtre. Le clavier s’arrête. Qu’est ce que cela veut dire parler à Dieu ?
Peut-être que dans un petit merci je peux oser sourire aux demains. Et être remplie d’amour.
La vigne vierge caresse le ciel.
Je crois qu’Il m’entendra.

 

2 réflexions au sujet de « La maison s’est vidée doucement »

  1. Super de te retrouver ! Chez nous le week-end à été calme, enfants et petits enfants partis en balade…on se retrouve 50 ans en arrière, seuls à la maison, on a le temps de visiter les amis…et de prier !

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